Prologue

FAMILY PORTRAIT — Alix aurait voulu naître dans une famille à peu près fonctionnelle mais il faut croire que c’était trop demandé. Fils unique (et heureusement), il comprend très vite qu’il est plus une plaie qu’autre chose pour son géniteur déjà bien enfoncé dans ses propres démons. Toujours garder ses chaussures dans la maison chez les Yung, faudrait pas se faire mal avec un morceau de verre qui traîne par-là. Sa mère finit par prendre sa main et se tirer, sans se retourner en arrière. C’est chez le futur mari de cette dernière qu’ils trouveront refuge. Et aujourd’hui, tout va bien. Enfin, presque.

DRUGS — Sa mère et son beau-père ont beau s’être battus pour lui offrir une vie meilleure, le mal a déjà été fait pour Alix. Il a longtemps essayé de renouer avec son géniteur, et chaque échec cuisant l’a enfoncé dans ce besoin d’oublier et de s’évader. Si l’échappatoire de son géniteur était l’alcool, le sien a été la drogue. Il a commencé doucement, Alix. Pour faire comme les autres, suivre le mouvement. Puis les autres n’allaient pas assez loin pour lui. Il voulait oublier, ne plus craquer dès que le prénom de son géniteur apparaissait sur l’écran de son portable. Il voulait être meilleur que lui, et il a fini par devenir la pire version de lui-même.

AWAY — Il a promis à sa mère qu’il pouvait aller mieux, qu’il n’avait pas besoin d’aide. Puis il a dû se rendre à l’évidence. Ce sont son beau-père et sa mère qui l’ont incité à aller dans un centre spécialisé pour faire une cure de désintoxication. Il en est ressorti il y a quatre mois et depuis, il se rend dans un groupe de soutien toutes les semaines plus pour leur faire plaisir que pour son propre bien. Il se contente de rester assis comme un con, dans le silence le plus complet. Mais si c’est le prix à payer pour avoir déçu sa mère, alors il accepte. Mais bordel, qu’est-ce qu’il s’en fout d’entendre Pedro pleurer parce qu’il a perdu sa femme et ses enfants à cause de son comportement de merde. Faut assumer. Même si Alix, lui, a préféré faire le mort plutôt que de donner des nouvelles lorsqu’il s’est barré en cure du jour au lendemain. Personne n’a à le savoir de toute façon.

DRAWING — C'est dans le dessin qu'il a trouvé un échappatoire, Alix. Un trop plein d'imagination qu'il met sur papier, pour s'évader et rêver le temps d'un instant. A force de persévérance, il peut aujourd'hui tatouer ses propres dessins sur la peau des personnes qui lui accordent leur confiance. Et les seuls moment où les traits de son visage paraissent sereins, c'est lorsqu'il est penché sur le corps d'une personne, son aiguille en main.

EN VRAC

ne supporte pas qu’on lui touche le visage ; dit toujours non aux sorties entre collègues après le boulot ; dit toujours non aux sorties tout court sauf s’il a eu le temps de s’y préparer des jours en avance ; est sujet aux crises d’angoisse depuis des années ; touche à tout, de la peinture à la sculpture ; préfère les chats aux humains ; est bénévole dans un refuge animalier de la ville ; préfère manger sucré que salé ; se braque dès qu’une personne hausse le ton ou a un geste un peu trop brusque envers lui ; grumpy cat ; a une passion pour les vidéos de raton-laveurs qui mangent ; a une formation en cuisine ; accro aux casquettes.