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 Coups et Blessures (Ryan)

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Sujet: Coups et Blessures (Ryan)Sam 30 Sep - 18:03
Coups et Blessures
feat. @Ryan Lowell


Coups et Blessures (Ryan) 1f4c5 Février 2013
Coups et Blessures (Ryan) Round-pushpin_1f4cd Staten Island, N-Y
Coups et Blessures (Ryan) 1f3e5 Richmond Medical Center

Dans les couloirs glacés du second sous-sol de l’hôpital, une sonnerie, aussi stridente que désagréable à l’oreille, retentit et se réverbère sur les murs en béton dépouillé. Allongé sur un vieux brancard brinquebalant, Søren émerge péniblement d’un sommeil qui fut bien loin d’être des plus réparateurs. Privilège de l’âge et de l’ancienneté oblige, la salle de garde était une fois encore prise d’assaut par des résidents, des titulaires et autres virtuoses du bistouri trônant au sommet de la chaîne alimentaire. Faute de mieux, le modeste interne à l’accent du Midwest encore très marqué, s’était rabattu sur cette zone oubliée et reculée du bâtiment, pour tenter de profiter d’une illusion de repos.

Encore somnolant, il grommelle et retourne d’une main molle le contenu de la poche de sa blouse. L’engeance du démon – répondant plus communément au nom de bipeur – attrapée, la bleusaille ouvre difficilement les yeux et prend connaissance du message affiché sur l’écran. Service des Urgences. C’est tout, rien de plus, rien de moins. Gadget rengainé, l’appelé redresse sa carcasse en grimaçant. Quelques râles geignards accompagnent la levée du corps pour la forme. Assis, il réalise alors de petits mouvements circulaires de la nuque et des épaules, pour désengourdir ses muscles des raideurs indésirables. Tant bien que mal réveillé et opérationnel, il se lève et abandonne sans grand regret le confort spartiate de sa couche.

Et encore, le mot est faible. Après avoir passé ne serait-ce que quelques heures sur cette vieille civière bousillée, même un fakir pleurerait misère pour retrouver sa planche de clous. Baillant haut et fort comme un hippopotame, le danois allonge le pas et progresse dans un dédale de couloirs, jusqu’à atteindre une bordée d’ascenseurs. Pressé et somme toute plutôt content à l’idée d’œuvrer à la mine. Attitude qui mérite d’être soulignée, puisque plutôt atypique chez un interne. Eux qui d’ordinaire sont aussi impulsifs que de jeunes chiots turbulents, et qui seraient prêts à tuer père et mère pour aller opérer au bloc. Ou tout du moins assister un chirurgien sur une opération. Dans la cabine de l’élévateur, le néophyte achève de dissiper les dernières brumes léthargiques qui emmitouflent son esprit, en gesticulant de la tête et en administrant une petite série de tapes sur ses joues.

A la différence de ses confrères et potes de promo, les Urgences étaient loin d’être une corvée harassante pour lui. Mieux encore, plus sa formation progressait, et plus il appréciait cet endroit. A ses yeux, c’était une malle au trésor géante. Comme à loterie, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Des traumas multiples et sévères palpitants, des accidents domestiques dus à de fâcheuses inattentions … ou un Hallux valgus douloureux. Caméléon, le visage de la jeune recrue passe par tout un kaléidoscope d’expressions, à mesure qu’il dresse mentalement une liste non-exhaustive des possibles cas qui l’attendent. Un sourire d’excitation par-ci, un acquiescement satisfait de la tête par là, très vite chassé par un rictus de dégoût.

Arrivé au rez-de-chaussée, la relative quiétude régnant aux Urgences exclue d’office les hypothèses catastrophes – pourtant passionnantes d’un point de vue médical - du type carambolage sur l’autoroute. Rassuré, et pourtant légèrement déçu, Søren se dirige vers le bureau des admissions, où une infirmière dans la fleur de l’âge pianote frénétiquement le clavier de son ordinateur. "Vous m’avez bipé ?", s’enquiert-il, la voix encore un peu couverte et endormie. Absorbée par son travail, la quinqua zélée dépose distraitement un dossier sur le dessus du comptoir. "Rideau numéro deux. Bagarre avec possible fracture du bras.", énonce-t-elle un rien blasée, sans prendre la peine de lever les yeux de son écran pour lui accorder un regard, fut-il bref et furtif.

Le verdict tombe et assassine le suspens : bagarre, cela sera. Moins "fun" pour un jeune prospect avide de pratiquer la médecine qu’un accident de deltaplane … mais quoi qu’il en soit, plus "cool" qu’une banale et vulgaire bronchite. Moindre mal, et pas malchanceux au tirage donc. "Merci.", déclare-t-il aimablement, en récupérant le classeur bordeaux. Un témoignage de politesse que l’infirmière en chef, toujours très accaparée, accueille en baragouinant un laconique "Hmm.". Alors qu’il se dirige vers ledit rideau numéro deux et parcourt le dossier, le Docteur Eriksen s’immobilise soudainement, à la manière d’un cheval refusant le franchissement d’un obstacle.

Depuis les limbes de sa mémoire, le nom du patient ressuscite des souvenirs erratiques du passé. Ryan Lowell. LE Ryan Lowell ? Celui qui du collège au lycée se plaisait à l’appeler Krisprolls, alors que le seul vague lien qu’il n’ait jamais eu avec la Suède, se résume à un goût prononcé pour le répertoire de Roxette et la filmographie d’Ingmar Bergman ? Non, impossible. Il doit forcément s’agir d’une coïncidence fortuite. Après tout - et rien qu’à New-York - des Ryan Lowell, il doit bien y en avoir des pages et des pages dans l’annuaire. Oui, certes … seulement, combien d’entre-eux sont assez sanguins et belliqueux, pour atterrir aux urgences d’un l’hôpital ? Une question qui en amène très vite une autre dans l’esprit de l’aspirant chirurgien.

Qu’est-il advenu de Ryan depuis la fin du lycée ? Sauf erreur de sa part, Søren se souvient qu’il souhaitait étudier la vente ou le commerce. A moins que ce n'eût été l'économie. Tammy lui avait d’ailleurs donné un coup de main pour rédiger son essay, lorsqu’il constitua son dossier d’inscription pour l’université. Mais avait-il pour autant choisi d’étudier ici à New-York ? Perplexe, le poloïste esquisse une moue dubitative et remet le cap vers sa destination. Alors, homonyme facétieux ou (ré)incarnation d’hier dans le terreau d’aujourd’hui ? Main agrippée au tissu bariolé, le kid de l’Ohio tire le rideau d’un geste ample. Théâtralité de l’instant, quand tu nous tiens.

L’homme sur le brancard présente un visage tuméfié et boursouflé. Ecchymoses, bleus et coupures ont établis leurs quartiers au coin de ses lèvres, sur ses pommettes et sur les hauteurs de ses arcades sourcilières. Bien que difficilement appréciable ainsi installé, sa taille semble avoisiner – voire dépasser – le mètre quatre-vingt dix. Gaillarde et bien dessinée, sa carrure ferait rougir celle d’un basketteur ou d’un joueur de hockey. Un peu ébouriffée, sa coiffure semble néanmoins plus structurée et stylisée que dans le souvenir du scandinave. Intenses, l’éclat de ses prunelles pers luit comme le fil aiguisé d’une épée et transperce quiconque s’aventure – ou a le malheur – à les croiser. L’expression crayonnée sur son faciès meurtri est aussi avenante et charmante, que celle d’un pitbull prêt à mordre. Pas de doute possible : c’est bien lui !

"Bonjour, Ryan.", lui dit-il, en se risquant à réaliser un sourire timide et pincé. Pusillanime, le ton employé a des accents timorés, presque craintifs. Redoute-t-il de s’en ramasser une ? Ou d’encaisser une remarque fielleuse qui cingle là où ça fait mal ? Bien sûr. Le passé n’est jamais loin. Et en ce moment précis, il n’a même jamais été aussi proche. Soucieux de dissimuler au mieux son trouble, Søren feuillette le dossier entre ses mains. C’est stupide. Pourquoi continuer à avoir peur ? L’un comme l’autre ne sont plus des gamins. C’est de l’histoire ancienne tout cela, pas vrai ? Et puis, qu’est-ce que la terreur des bacs à sable autoproclamée pourrait bien lui faire dans cet état ? Ragaillardi, le petit viking à sa môman relève le nez pour affronter le regard furibard de son patient. "J’aurais préféré te recroiser dans de meilleures circonstances.", ajoute-t-il, un peu plus confiant, en arborant une moue de douleur compatissante. Le recroiser, vraiment ? Certes, le plus tard aurait été le mieux … mais quel genre de médecin serait-il s’il se réjouissait du malheur d’autrui ou lui souhait du mal ?

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Ryan Lowell
Ryan Lowell

Warnings :
homophobie, mec toxique en rédemption.
Résumé :
Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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Résumé : Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Dim 1 Oct - 20:44
Coups et Blessures
feat. @Søren Eriksen

Le coup qui avait fusé après l'insulte était allé si vite, que même Ryan s'étonnait de ses propres réflexe. Il regarda sa main, haussa les épaules et se remit à frapper. Sans aucune méthode autre que la rage trop longtemps contenue. Pourtant, Ryan n'était pas du genre à contrer ses émotions - surtout les plus négatives - et à les enfouir au plus profond de lui. Non, dès son plus jeune âge, le jeune brun avait fait jouer ses poings.

"Ryan, Ryan, du calme !"

Un main s'abattit sur le dos du colérique, mais Ryan ne fit qu'un mouvement d'épaule pour se dégager. En commençant à casser le nez du connard, Ryan s'était mis à voir rouge et maintenant il lui était impossible de se calmer vu l'état dans lequel il venait de se mettre tout seul. Il était prêt à mettre le monde à sang pour une connerie. Enfin non, ça n'avait rien d'une connerie de base, il avait presque eu raison de s'énerver, mais là, ça partait bien trop loin.

"DU PUTAIN DE CALME ? TU ME DEMANDES DE ME CALMER MOI ALORS QUE CE PUTAIN DE MEC N'EST QU'UN PUTAIN D'HOMOPHOBE DANS SA PETITE VIE DE MERDE LA."

Les postillons s'écrasaient là où ils le pouvaient et les curieux venus voir ce qu'il se passait dans la rue commençaient à reculer. Un mec, de presque deux mètres de haut, les muscles bandés et le visage fou, ça fait peur. Et à cet instant-là, Ryan faisait drôlement peur. Seulement l'homophobe n'était pas seul et, dans ce genre de clique de merde, quand l'un commençait à se pisser dessus, soit tout le monde fuyait la queue entre les jambes, soit un autre mâle alpha de mes deux venait prendre la place. Et c'est ce qui se passa. Ryan se retrouva confronté à plus fort que lui.

Les deux mecs ne firent qu'une bouchée d'un Ryan déjà épuisé et bien vite, il hurla de douleur. Personne ne fit un geste pour l'aider, sûrement parce que tous avaient remarqué le couteau que le premier portait sur lui. Ou alors c'était leurs dangereux sourires de psychopathes. Si Ryan semblait fou de rage, ça n'avait rien à voir avec la terreur que les deux monstres inspiraient.

Quand Ryan rouvrit les yeux, il était seul, dans une ambulance. Enfin, pas vraiment seul, il y avait un gars qui lui broyait le bras avec son fichu brassard pour mesurer sa tension. Le brun tourna de l'oeil une fois de plus.

"Bonjour, Ryan." Cette voix le fit ouvrir les yeux en grand. Et, sans le moindre rapport, il se demanda si le goût de vomi dans sa bouche était imaginé ou s'il s'était réellement gerbé dessus. Il se dégoûtait lui-même. Incapable de répondre parce que son cerveau n'avait pas encore fait de mise au poing, Ryan resta silencieux à démêler les noeuds que ses connexions synaptiques venaient de faire. Pourquoi diable venait-il de tomber sur Søren Eriksen ?

La couleur des murs, la blouse que l'autre portait et puis son ton, Ryan savait qu'il était à l'hôpital, mais tout de même. "J’aurais préféré te recroiser dans de meilleures circonstances." Cette fois-ci, c'était certain, Ryan allait gerber. "Docteur Eriksen, de tous les médecins de New York, il fallait que je tombe sur toi." Il tenta de rire, mais à part s'étouffer, il ne put rien faire.

Allongé sur le dos, le corps douloureux et les yeux à moitiés fermés à cause des coquards, Ryan n'était pas en bonne position. Il n'était rien d'autre qu'un p'tit con, qui ne méritait même pas d'être sauvé. Il avait mal partout, mais il tenta de garder son sang froid, Søren devait déjà suffisamment bien le juger comme ça, pas besoin qu'il en rajoute une couche. Il soupira et ferma les yeux un instant. "Arrête le bullshit, t'aurais pas voulu me revoir, dans n'importe quelle circonstance." Et le pire, c'est qu'il savait combien c'était vrai, parce qu'une fois de plus, c'était Ryan qui avait tout gâché.

Quand le quatuor avait décidé de partir à New York, Tammy l'avait aidé, lui, à faire ses lettres de motivations pour les universités, ils étaient, une fois de plus, prêt à lui tendre la main, mais Ryan détestait leur façon de faire, parce qu'elle puait la pitié. Ce putain de quatuor qui ne voulait pas l'intégrer mais qui ne pouvait s'empêcher de le regarder comme un chien battu, seul et sans ami et ils lui offraient leur bonté. Ryan avait foutu le feu aux lettres de Tammy, et au passage, sans vraiment faire exprès, il lui avait cramé les cheveux. Elle lui avait hurlé dessus ses quatre vérités et, pour la première fois de la semaine, il avait eu l'impression que Tammy était sincère. Il ne savait pas si elle avait parlé de cet incident aux autres - mais Ryan ne voyait pas pourquoi elle l'aurait tu - et depuis, ils ne s'étaient plus recroisés. Pourtant, si Ryan avait fini par débarquer à New York, c'était grâce à Tammy, il avait suivi chacun des conseils de la blonde et refait de mémoire tout ce qu'ils avaient écrit ensemble. "Fais ce que t'as à faire, mais me baratine pas, on a passé l'âge pour ça." grogna-t-il alors que la douleur lui remontait dans le bras.

Bon sang, qu'est-ce qu'il avait mal ! Il se sentait proche de la ligne, celle qui appelle au vide, il avait envie de fermer les yeux et de s'endormir. Il fit un effort plus grand que lui pour les garder ouvert. Il voulait tout voir de Søren.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Lun 2 Oct - 21:15
Coups et Blessures
feat. @Ryan Lowell


Deux ans. Deux ans qu’il faisait partie du programme de chirurgie du Richmond Medical Center, et jamais Søren n’avait encore eu la chance – si toutefois c’en était une – de tomber sur Ryan, dans le maelstrom de bruit et de fureur qui anime les Urgences. Ce qui, lorsque l’on connaît le caractère ô combien épidermique et le tempérament éruptif du gaillard aux poings baroudeurs, tient de l’exploit. Non, correction : cela relève carrément du miracle. Même si elle ne sera au bout du compte guère surprise, jamais Erin ne devinera qui son modèle de nu artistique favori a soigné aujourd’hui. De quoi lui offrir un parfait sujet de conversation, lorsqu’il retrouvera sa bien-aimée Artemisia Gentileschi dans son studio – ou plutôt, son laboratoire, comme elle aime à le qualifier.

Sans doute ne l’abordera-t-il pas immédiatement à son retour, puisqu’elle ne résistera pas au plaisir de l’accueillir de bon cœur, en s’empressant de lui retirer son sweat et de déboutonner à la hâte son jeans, pour le désormais traditionnel coït de dix-neuf heures trente. Un peu après, peut-être. Lorsque ruisselants et haletants, les amants encore enlacés entreprendront leur lente résurrection. A condition bien sûr qu’elle ne le fasse pas taire en repartant à l’abordage de ses lèvres, avant d’exiger qu’il lui donne sans plus attendre un second assaut. Cela étant dit, le jeune toubib en devenir trouve rassurant de constater qu’en dépit du temps qui coule, certaines choses demeurent imperméables au changement. Aussi inamovibles et immuables que le rocher de Gibraltar.

Quoi qu’il puisse arriver, le soleil continuera de briller, les vents de beugler, les océans de tanguer ... et sauf rebondissement inattendu et tonitruent, Ryan de s’attirer – quand il ne les cherche pas – des ennuis, aussi facilement que la fesse appelle la main baladeuse d’un pervers dans la rame bondée du métro. Assiégés par les gonflements consécutifs aux gnons encaissés, les yeux du patient D-5539 s’ouvrent difficilement, tel des stores rongés par la rouille. Encore un peu déphasé – ce qui est bien normal quand on vient de se prendre une rouste carabinée – ses iris s’agitent de tous côtés et sa tête balaye sommairement les alentours. La connaissance de son environnement prise, non sans lui arracher quelques mimiques dolentes, le blessé se fend d’une de ses emblématiques salutations plus aigres que douces.

Docteur Eriksen ? Ah, Krisprolls n’est donc plus de rigueur, ni d’actualité. Y aurait-il du mieux ? Non, évidemment. La suite vient aussitôt éteindre la maigre et brève lueur d’espoir, qui vacille dans l’esprit du danois. "Je … peux appeler un autre médecin, si tu préfères que quelqu’un d’autre s’occupe de toi.", propose-t-il le verbe flottant, en noyant ses malepeurs résiduelles d’autrefois, dans la série de chiffres et de constantes compilés dans le dossier entre ses mains. Les dents serrés, les restes de salive déglutis tant bien que mal. Ne souhaitant absolument pas tendre au bout de la perche le bâton pour se faire battre, Søren se ravise et se garde bien de dire un médecin plus expérimenté.

Inutile de fournir au caïd de la cour de récréation des munitions, avec lesquelles il prendrait un malin plaisir à le canarder et le descendre en flammes. Son arsenal en la matière n’a jamais connu la pénurie, et au vu de la tournure que commence à prendre cette consultation, l’interne à la tête de déterrée devine que ce n’est pas demain la veille que son stock fera faillite. Est-il capable de s’acquitter comme il se doit de son travail ? Ou est-il trop impliqué et concerné, pour rester objectif et faire tout cela ? Bien sûr qu’il peut. C’est triste à dire, mais ce n’est que l’aîné de la fratrie Lowell qui est étendu sur ce brancard. Le son de cloche aurait été radicalement différent, si c’eût été Ragnhild qui s’y trouvait en lieu et place. Même dans un cas aussi "simple" et "peu préoccupant" que celui-ci.

En bon petit luthérien élevé dans un souci presque obsessionnel de la courtoise, l’ancien gardien de but des Lions croit bon d’ajouter un petit mot aimable. Une attention qui s’accompagne également du désir d’inviter son patient à se détendre encore davantage, afin de ne pas stresser son organisme qui a déjà tourné en sur-régime et été mis à rude épreuve. Seulement, et à en juger par la réaction corrosive du colosse brun, le ton employé doit quelque peu laisser à désirer en terme de conviction. "N-non, pas du tout. Je … .", proteste-il timoré, en logeant le dossier dans le compartiment prévu à cet effet, sur les barrières amovibles entourant la civière montée sur roulettes.

Incapable de savoir comment poursuivre et terminer cette amorce de phrase, Søren baisse les yeux d’un air penaud et se broie la lèvre inférieure à l’aide des incisives. Difficile de lui donner tort. Avec le souvenir qu’il garde de cette douzaine d’années passée à le côtoyer sous les cieux de l’Ohio, le bien-nommé – mais à son sens très surcoté – Joli Koeur n’était pas particulièrement pressé et enthousiaste à l’idée que sa route, puisse un jour de nouveau se tresser à celle de son véhément camarade de classe. Peut-être aurait-ce été tout autre, si à l’image du bon vin, l’enfant terrible s’était bonifié, adoucit et assagit avec le temps. Toutefois, et à la lumière de ce que Ryan lui a laissé entrevoir au cours de ces cinq dernières minutes, il semble évident que l’embellie caractérielle n’a pas fait son œuvre.

Aussi docile, obéissant et craintif, qu’à l’époque où il lui sommait de faire ses devoirs sous peine d’écoper d’un gratin de phalanges, l’homme aux ascendances nordiques acquiesce du chef. Il a probablement raison. Faire ce qu’il a à faire, pour que tout deux puissent rapidement retourner vaquer à leurs occupations respectives. C’est sûrement ce qu’il y avait de mieux. "Très bien. Je vais d’abord t’examiner pour m’assurer que tu n’as aucune lésion interne. Puis je suturerai les plaies sur ton arcade et sur ta joue. Et enfin, je te ferai passer une radio pour avoir un meilleur aperçu de la fracture que tu présentes à l’avant-bras.", énonce-t-il calmement, d’une voix affirmée et confiante, quant à la marche à suivre pour traiter son am… sa connaissance ?

La perception de la réalité paraît bonne. Aucune confusion. L’élocution semble intacte. Le discours est clair, cohérent – bien qu’un poil hargneux sur les bords. Le processus de la pensée ne présente aucun dysfonctionnement apparent. Autant de signaux positifs, qui tendent à exclure l’hypothèse d’un éventuel trauma crânien. Par acquit de conscience, le Doc’ s’arme d’un stylet lumineux épinglé à la poche pectorale de sa blouse. Soulevant délicatement les paupières de l’éclopé, il balade alors le petit faisceau devant les mirettes cernées d’hématomes violacés. Pupilles réactives. Fort de cette vérification, l’interne en passe d’en terminer avec sa garde opine du bonnet et remballe son instrument, en adressant au castagneur un sourire des plus menus. Histoire de le rasséréner silencieusement, sur l’étendue de la gravité de son état.

Aucune atteinte cérébrale. Un soulagement et un bon point pour le patient ; un soupçon de déception pour le médecin, qui n’aurait pas dit non à un cas neuro’, étant donné le trop-peu d’heures de pratique qu’il détient dans cette spécialité. "Est-ce que tu peux … relever ton t-shirt pour que je puisse t’ausculter, s’il te plaît ?", le prie-t-il poliment, le geste joint à la parole grâce à un petit mouvement de la main vers le haut. Connaissant l’orgueil démesuré et la fierté exacerbée de l’énergumène, Søren préfère le laisser honorer cette demande par lui-même, et s’abstient donc de lui proposer de l’aide. Pas besoin de se faire rembarrer et envoyer une énième fois sur les roses. Comme pour tout, les souvenirs du bon vieux temps ont leurs limites.

Percluse de stigmates, la peau qui se dévoile à lui ressemble à s’y méprendre à celle d’un léopard. Leur nombre est tel que le praticien en herbe arque les sourcils, et écarquille des yeux ronds comme des billes. Les mains apposées sur l’abdomen joliment découplé, il procède sans plus d’atermoiement à l’examen de la zone. Les palpations glissent des abdominaux aux obliques. Puis remontent progressivement en direction de la cage thoracique et du muscle pectoral. "Combien étaient-ils ?", demande-t-il pour faire la conversation, en reportant son attention sur la trogne amochée de son interlocuteur. Aux aguets, le Docteur Eriksen poursuit sa tâche tout en surveillant les réactions de Ryan. Des réactions qui seraient susceptibles de lui indiquer la présence de maux bien plus sérieux que des contusions bénignes.

Un grognement plus appuyé qui mettrait en évidence une lésion sur un organe ; ou une grimace davantage marquée due à une vilaine fracture des cotes, par exemple. "Tu es grand, costaud et c’est peu dire que tu sais te défendre. J’ai du mal à imaginer qu’un seul mec ait pu t’infliger tout cela.", ajoute-t-il, un peu inquiet et désappointé, alors que ses paumes rebroussent lentement chemin. L’observation s’achève par un effleurement de la région sub-ombilicale et du bassin. Rien à signaler. C’est en substance – et avec un vocabulaire plus approprié – ce que le cœur tendre consigne dans le dossier, au sortir de ses premières constatations. Stéthoscope armé dans les écoutilles, il place l’embout de l’appareil sur la poitrine meurtrie - et tapissée d’une très fine pilosité – de l’incorrigible pugiliste. "Vas-y, respire à fond, s’il te plaît.", dit-il très concentré, en fixant l’extrémité circulaire de l’instrument entre ses doigts. Prêt à écouter et sonder les murmures d’un cœur claquemuré dans sa carapace en acier trempé.


Dernière édition par Søren Eriksen le Mar 3 Oct - 11:40, édité 1 fois
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Ryan Lowell
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Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Mar 3 Oct - 10:19
Coups et Blessures
feat. @Søren Eriksen

Le pire dans toute cette situation, c'est que Søren est sympa. Si Ryan avait pu le détester parce que c'était un connard, ça aurait été plus simple, mais non, depuis le tout début, depuis leur première année de maternelle, Ryan désirait avoir un ami comme lui. Un mec du genre gentil, aimable, beau comme un viking et toujours là pour lui. Or, Søren ne voulait pas être son ami. La première fois, ça l'avait vexé, la deuxième fois il s'était mis en colère, la troisième fois il avait décidé qu'il en ferait son ennemi, seulement même en temps qu'ennemi, Søren était meilleur que lui et ça le rendait fou. Il faut dire que Ryan est quelqu'un de naturellement jaloux et mauvais perdant.

Quand les mots du médecin traversent les couches nuageuses de son esprit, Ryan se contente de rester silencieux. Il ne veut pas d'un autre médecin, il a toujours eu cette attirance vers ce quatuor, ce groupe si magnifique dont il ne pouvait pas faire partie, mais son éducation et sa façon d'être, l'empêchaient de le dire clairement. Aujourd'hui, on entend partout "arrêtez de dire que c'est parce que les petits garçons aiment les petites filles qu'ils les embêtent, c'est pas ça l'amour" sauf que cette phrase, correspond trop à Ryan. Il a toujours embêté tout le monde, c'était sa manière - terriblement maladroite et nulle - de montrer qu'il les estimait assez, il n'a jamais été doué pour les gestes d'affections et les mots tendres. Et pire encore, il n'a jamais voulu apprendre.

Il avale sa salive et crache une nouvelle phrase maladroite. Pauvre Søren qui reste malgré tout. Pourtant, quand le médecin laisse entendre parler d'une fracture - ce qui expliquerait la douleur de son avant-bras - Ryan tire une nouvelle grimace. S'il ne va pas bosser demain, son patron va le tuer et il a clairement besoin de ce boulot. La semaine s'annonce compliquée et il espère que seul le bras soit bloqué, pas la main. Il en a besoin pour taper sur le clavier et faire correctement son boulot. "Ok, c'toi l'chef ici." Il n'a même plus assez d'énergie pour être vache, c'est dire de son état.

"Est-ce que tu peux … relever ton t-shirt pour que je puisse t’ausculter, s’il te plaît ?" Si son visage n'était pas si douloureux, il aurait haussé les sourcils pour regarder Søren d'un air lubrique. Mais il n'en fait rien, il soulève juste son tee-shirt, comme demandé, mais pas sans souffrance. Bordel, pourquoi est-il si fier et refuse de demander de l'aide ? Evidemment, Søren ne lui a pas proposé la sienne... "Tu vois les bosses là, au milieu du ventre ?" demande-t-il d'une voix faible "c'est ce qu'on appelle des abdos." Il ne rit même pas, tachant d'être sérieux devant sa connerie. Pourtant, un mince sourire s'étire tout de même sur ses lèvres, il est fier de son corps, le brun, fier de ses tatouages, fiers de sa vie en règle générale. Mais là, il a mal partout et Søren est bien trop professionnel. Il ne va certainement pas le mater, mais faire son travail avec perfection comme tout ce qu'il entreprend toujours.

Il souffre un peu quand les doigts frais du médecins passent sur les bleus, il serre les dents quand le regard de Søren - qu'il n'arrive pas à lâcher - parcourent l'intégralité des blessures. Le médecin est concentré, il est efficace et fait ce qu'il faut. Ryan lui n'a rien à faire et il s'interdit de se plaindre. Il est déjà dans une situation suffisamment embarrassante comme ça, puis ça ne servirait à rien, il ne marquerait aucun point à paraître faible, ici comme partout, c'est la loi du plus fort et Ryan s'y est entraîné toute sa vie.

Seulement, la question du docteur le fait grimacer à nouveau et pas de douleur cette fois-ci. Il ne peut pas mentir, il n'en a pas l'énergie. "Deux connards" grogne-t-il. "Mais c'était pas eux que j'attaquais à la base, c'était un putain d'homophobe de merde qui est parti la queue entre les jambes une fois que son nez saignait." Son visage redevient rouge de colère quand il songe à cet engeance du démon, un mec tout propre sur lui, bien certain de ses idées nauséabondes et... il soupire. "Il s'est barré et j'étais pas redescendu, mes potes ont tenté de m'arrêter, mais tout le monde s'est décalé quand les deux armoires à glaces sont arrivées, franchement, je parie sur des amateurs de combats clandestins." Le souvenir le hante, ces deux mecs étaient des putains de psychopathes. "J'ai rien pu faire sinon m'écrouler." Enfin il leur a rendu des coups, les premiers du moins, et un bon droit dans les couilles qui a fait beaucoup sourire Ryan. Evidemment, le sourire a rapidement été ravalé quand c'est son corps à lui qui a souffert.

Doucement, le brun détourne le regard et se met à respirer plus fort. Le bout froid du stéthoscope lui fait du bien pour une fois, son corps est encore trop chaud et douloureux. Il rêve d'un bain frais et d'un matelas plus confortable. "C'est bon, mon coeur va bien ?" Ne peut-il s'empêcher de demander avec un léger rictus. Est-ce que Søren, comme tous les autres, s'est toujours demandé s'il en avait un en état de marche ? Il a beau être caché tout au fond et ne pas savoir s'en servir, Ryan a sincèrement aimé plusieurs personnes. Ses soeurs tout d'abord, même si elles ont du mal à le croire.

"Et toi, toujours avec Erin ?" demande-t-il l'air de rien, alors que cette question lui brûle les entrailles quand il se rend compte que la réponse importe vraiment. Il a toujours jalousé ce couple parfait. L'art d'Erin sied si bien à la beauté Søren, ils sont capables de tout ensemble, du meilleur plus que du pire, mais jamais Ryan n'arrivera à atteindre ça dans aucune de ses relations. Enfin, pour l'instant, il ne relationne pas beaucoup sur du long terme, il ne croit pas vraiment à l'amour et son boulot lui prend tout son temps pour s'occuper d'autre chose que de lui-même.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Mer 4 Oct - 21:21
Coups et Blessures
feat. @Ryan Lowell


Comme tout un chacun ici-bas, le patient immatriculé D-5539 était bien loin de n’être pourvu que de bons côtés. Sur ce point - et pour en avoir eu un vaste aperçu dans les grandes largeurs, tout au long de leur prime jeunesse et de leur adolescence – la graine de chirurgien pouvait très facilement en attester. Même si les défauts et les travers avaient naturellement la fâcheuse tendance de s’exprimer chez lui de manière assez manifeste ; l’assermenté sait, admet et reconnaît volontiers que Ryan possède également son lot de qualités. Ici aussi, pour en avoir été très épisodiquement le bienheureux témoin en diverses circonstances, il pouvait l’affirmer en toute connaissance de cause.

De toutes les douleurs auxquelles le corps humain peut être sujet, celles à caractère osseux sont de loin les pires qui puissent exister. Pourtant, le tête à claques se tient là, presque impassible et marmoréen. Il fait fi des élancements lancinants, cuisants et incessants. Jamais il ne bronche ou ne cille. Inexorablement, il encaisse. Sans geindre, ni émettre ne serait-ce que le prélude d’une plainte, alors qu’il aurait tout lieu de le faire. Rendons à César ce qui est à César. Faire montre d’une telle résilience physique, est une prouesse qui invite à l’admiration. Doublée d’un exploit qui force le respect. Exception faite de la poignée de personnes atteintes d’insensibilité congénitale à la douleur, rares sont celles et ceux qui seraient capables d’endurer cette situation, en affichant un flegme aussi ahurissant.

Pour Søren, qui peut se targuer de passablement bien connaître le phénomène alité en face lui, le plus épatant dans tout cela, c’est qu’en dépit des maux qui l’assaillent – et alors qu’il doit selon toute vraisemblance être entrain de déguster en ce bien sale quart d’heure – il reste à même de conserver tout … son charme bien à lui. Force est de constater que les volées de coups et l’ignominieux passage à tabac dont il a pâtis, n’ont en rien entamé sa gouaille piquante. Itou pour son intarissable et horripilant bagout. Ses agresseurs n’y sont pourtant pas allés de main morte. De quoi conforter encore un peu plus le chouchou de ces dames – comme l’ont malicieusement surnommé une bonne partie des infirmières – dans l’idée que clouer le bec et rabattre le caquet du Sieur Lowell, est une gageure que nul ne peut relever.        

Aussi harassante soit-elle pour le médecin, l’humeur urticante et épineuse de la force de la nature est en l’espèce une bonne chose. Si son esprit garde tout son mordant, la gravité de son état n’est donc sûrement pas alarmante au point, et laisse présager un prompt rétablissement. Toutefois, il apparaît flagrant pour le toubib que Ryan roule un tantinet moins des mécaniques qu’à l’accoutumée, et joue sensiblement moins le kéké que dans ses souvenirs. Il faut dire aussi que se la raconter façon loubard à la testostérone en furie n’est pas franchement commode, lorsqu’on se retrouve battu comme plâtre et cloué sur un brocard. En témoigne la déroutante facilité avec laquelle le bougre obtempère. Le chef ? Comble de l’inattendu.

Aussi loin qu’il puisse s’en rappeler, le Doc’ n’a pas souvenir d’un précédent de cet acabit. Jamais le plus grand de la classe ne l’a considéré comme son égal. Et sauf projection dans un univers parallèle, jamais il n’aurait cru possible qu’il puisse le voir sous le jour d’un chef. Ici, les rôles semblent en effet permutés et les rapports de force inversés. Conscient que ces mots doivent faire l’effet d’un véritable bain de bouche au vitriol pour leur émetteur, cette grande première remplit Søren d’une sensation jouissive et jubilatoire, qui n’est pas pour lui déplaire. Confiant et nettement plus serein, il procède alors à l’auscultation. Interloqué par les propos qui lui sont tenus, il fronce les sourcils et cherche naïvement des bosses suspectes sur la solide ceinture abdominale qui s’étale sous ses doigts.        

J’t’ai eu ducon !, croit-il soudain entendre depuis les brumes du passé. Exaspéré - et se maudissant d’avoir une énième fois eu la bêtise de tomber à pied joints, et les yeux fermés, dans le panneau – il fulmine, se mord l’intérieur des joues et inspire profondément. "Oui, moi aussi j’ai étudié le corps humain et son anatomie, en première année de fac de médecine. Je connais, merci.", grince-t-il, une larme d’acrimonie dans la voix et le sourire acide. Après bientôt trente-six heures de garde où manger, dormir et uriner relèvent presque du luxe pour un interne ; il est clair que le capital patience et sympathie du pseudo-viking se résume à peau de chagrin. Et même s’il est loin de l’être foncièrement, il peut lui aussi se révéler revêche et désobligeant, pour peu que les conditions soient réunies.

Le recours au sarcasme est d’ailleurs à lui seul un excellent indicateur, quant à son état de fatigue et d’épuisement général. Amplement mérité pour l’ensemble de son œuvre d’hier à aujourd’hui, Søren regrette cependant presque aussitôt l’expression de ce furtif mouvement d’humeur. Aussi piteux qu’un gamin recevant quelques remontrances parentales, il détourne le regard et se focalise de nouveau sur sa tâche. Faire preuve de caractère n’est en soi pas une mauvaise chose. Seulement, encore faut-il que le contexte s’y prête. C’était – au minimum – déplacé et inconvenant de sa part. Un médecin n’a pas à déverser ses états d’âme sur un patient. Et c’est bien ce que Ryan est en ce moment : un patient.

Tentant de rectifier au mieux ce faux-pas, il part à la pêche aux infos et cherche à savoir comment le corps du gaillard est passé d’une statue de Michael Ange à un tableau de Pablo Picasso. Contre toute attente, l’interrogé consent à se départir de sa désinvolture et se risque à fendiller l’armure. A mesure qu’il parle, l’interne entrevoit chez l’agent immobilier une facette déconcertante. Plus authentique, plus sincère, presque sensible et à fleur de peau. Une facette dont il n’a pu que brièvement distinguer les contours en diverses occasions par le passé. Pourtant, c’était là ce qui lui avait le plus plu. C’était ce garçon, cet homme, qu’il aurait aimé connaître davantage. Les yeux imbriqués dans les siens, il l’écoute alors religieusement et de toutes ses oreilles.

Au point d’en interrompre son examen. Sans remarquer que ses mains s’immobilisent sur le myocarde qui hurle tout contre ses paumes. Ce n’est pas un besoin d’extérioriser un trop-plein d’énergie, de manière musclée et primitive, qui a amené Ryan jusque ici. Non, il s’agit en définitive de la réponse à des paroles, des comportements et des attitudes intolérables, qui l’ont profondément blessés. Quelque chose qui le concerne et le touche de très près. Jusqu’à le meurtrir au plus profond de sa chair. Furieuse, sa voix se pare néanmoins d’accents étranglés. Comme si elle menaçait à tout instant de se briser. La hargne qui flamboie dans ses yeux pers se teinte de reflets attristés. Entre les lignes et à demi-mots : Søren comprend. Et même s’il ne passerait pas ses vacances avec l’homme dont il tutoie en ce moment même le cœur endêvé … il souffre pour et avec lui.

"Je suis désolé que tu aies été confronté à ce genre d’individus. Vraiment. Je comprends … et j’aurais réagi exactement de la même façon, si j’avais été à ta place.", confesse-t-il, la gorge nouée, une main réconfortante délicatement posée sur son trapèze et le sourire faiblard – mais non moins sincère. En à peine deux minutes, il vient d’en découvrir plus sur la terreur des bacs à sable qu’en dix-sept ans d’existence commune dans leur province de l’Ohio. Tant et si bien, qu’il ose à son tour se confier en filigrane. Pourquoi ? Aller savoir. Peut-être parce qu’il apprécie le visage et les vrais couleurs qui s’esquissent devant lui. Ou qu’inconsciemment, il souhaite l’encourager à poursuivre dans cette voie. Plutôt que de s’obstiner à se dissimuler derrière un masque, qui inspire plus la révulsion que l’attrait.

"Même si je me serais probablement écroulé bien avant toi.", s’empresse-t-il d’ajouter, en riant très succinctement. S’il veut avoir la chance de profiter encore de cette version de Ryan ... mieux vaut couper court et tuer l’atmosphère qui tend à s’enraciner. Quoi de mieux pour cela que d’ironiser en se tournant lui-même en ridicule. La séquence émotion refermée, le danois reprend son ouvrage et se munit de son stéthoscope. Sans doute encore un peu troublé d’avoir eu voix au chapitre – ce à quoi il ne devait pas être habitué – le cœur continue de pulser haut et fort. Cependant, le docteur ne décèle aucune anomalie de la fréquence ou du rythme cardiaque. Poursuivant sur sa lancée, il continue de promener l’appareil autour des ventricules et l’amène jusqu’au côté droit de la poitrine. Aucun bruit ou souffle symptomatique d’une perforation du poumon.

"Oui. Bien en place, bavard et solide comme son propriétaire.", déclare-t-il dans un sourire complice, en retirant l’instrument de ses oreilles pour le passer autour de son cou. Alors qu’il rassemble sur une desserte mobile le matériel nécessaire aux travaux de couture qui l’attendent, la brute – qui ne l’est plus tant désormais – déplace le curseur de la conversation, sur un sujet qui n’est pas sans mettre Søren dans l’embarras. Le rouge du Danemark envahit ses joues et colonise bientôt toute sa trombine. "Oh euh, o… oui, oui. Enfin, je ne sais pas si on peut vraiment dire que l’on est ensemble, mais … oui ça va, on est pas mal.", bafouille-t-il, aussi nerveux qu’une vierge postée sur le seuil de sa nuit de noces et en passe de voir le loup.

Son trouble est tel qu’il laisse tomber par inadvertance au sol un sachet de compresses, qu’il se hâte de ramasser. Le partage de l’intimité. Un sujet hautement sensible pour le poloïste. C’est en effet peu dire qu’il n’est pas franchement porté sur le déduit. Si Erin ne s’était pas montrée aussi patiente, persévérante et entreprenante, il y a fort à parier qu’il garderait encore aujourd’hui toute sa vertu. Depuis le temps qu’ils se tournent autour, fricotent et caressent ensemble le septième ciel ; le Joli Koeur se demande s’il ne devrait pas faire évoluer leur relation. A ceci près qu’il connaît suffisamment sa belle artiste, pour savoir que cette perspective ne l’enchantera guère. En bonne esthète avide de liberté, la diplômée des Beaux Arts exècre le patriarcat, le conformisme et les vieux schémas.

A ce titre, le bleu en blouse blanche sait qu’enfermer sa chère et tendre dans une vie de couple au cadre traditionnel, la ferait immédiatement fuir. Finalement, tous deux semblent se satisfaire de cette espèce d’entre-deux et de zone grise, dans laquelle ils naviguent à vue. Quid de la fidélité et de l’exclusivité ? Conclues de manière tacite. Y a-t-il eu de part et d’autre des petits coups de canifs dans le contrat ? Oui. Avec Andrew pour l’un ; en compagnie de Tammy pour l’autre. Les seuls et uniques personnes avec lesquelles ce drôle de couple, accepte et tolère les incartades charnelles. Ses fils et gazes imbibés d’alcool fin prêts, Søren s’approche du grand con avec à sa suite la pièce de mobilier roulante. "Et de ton côté ? Est-ce que le loup solitaire se laisse aller à un peu de bonne compagnie ?", demande-t-il en retournant la question à l’envoyer, dans l’espoir de ne plus être sur les feux du grill.

Les lèvres étirées en un sourire chaleureux, presque taquin. Disons le franchement, Ryan est plutôt bel homme. Très bel homme même. Y compris dans son état actuel. Hématomes, boursouflures et autres égratignure échouent à l’enlaidir. Nul doute qu’un simple regard de braise ou un sourire ravageur lui suffit sûrement, pour s'attirer les faveurs et les bonnes grâces de quiconque attise en lui la concupiscence et le désir. Seulement, est-ce que quelqu’un consent à rester au petit jour, lorsque la lumière se fait et met en exergue son caractère bien trempé ? Telle est LA question qui lui brûle les lèvres et pique sa curiosité. Une question dont la réponse se révélera, pour sûr, des plus instructives.


Dernière édition par Søren Eriksen le Lun 9 Oct - 15:26, édité 1 fois
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Ryan Lowell
Ryan Lowell

Warnings :
homophobie, mec toxique en rédemption.
Résumé :
Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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matthew daddario (one thousand lonely stars)
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elojs, héloïse
Age du perso :
26 (2014) 31 (2019) 36 (2024)
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274
Nationalité & origines :
américain (origines italiennes)
Statut du personnage :
célibataire (2013) marié (2019) en instance de divorce (2024)
Jobs :
agent immobilier (2013-2022) au chômage (2023)

communautés :
Park Avenue Plaza
Quartier de résidence :
Bronx, The Schuyler Towers.
Warnings : homophobie, mec toxique en rédemption.
Résumé : Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Jeu 5 Oct - 12:10
Coups et Blessures
feat. @Søren Eriksen

Ryan n'en croit pas ses yeux et ses oreilles, ça a marché. Le beau docteur est tombé dans le panneau, plongeant à pied-joint dans son humour douteux et pire encore, il en a été vexé. Ah, c'est le bon temps qui redémarre.

Malheureusement, le brun alité ne peut pas jubiler comme il le voudrait. S'il reste aussi immobile et tente même d'éviter les moues sur son visage, c'est parce que chaque mouvement fait naître une nouvelle douleur dans son corps. Immobile, il arrive à les tenir à distance, à les ignorer et il refuse de se laisser aller à la plainte. Déjà que sa voix n'est rien de son ton rauque habituel, qu'il la trouve trop aiguë et plaintive, mais que peut-il faire de plus ? Se taire ? Et manquer de voir disparaître cette rougeur sur le visage de Søren ? Jamais.

Malgré ses yeux à moitiés clos, Ryan remarque pourtant qu'il fait des bourdes. Il est trop épuisé pour revêtir son masque habituel, pour contrer ce vers quoi son coeur tant depuis toutes ces années. Il lâche des mots qu'il n'aurait jamais dit dans un état conscient. Peut être que Søren les prendra pour ce qu'ils ne sont pas, pour du délire de mec à moitié défoncé. Après tout, avant de taper, Ryan avait bu une bonne quantité d'alcool, tout l'émerveillement est descendu rapidement quand les insultes ont fusées, mais si on lui fait une prise de sang, ça devrait être affolant.

"Tu n'as étudié les corps qu'à partir de la première année de médecine ?" demande-t-il moqueur et surpris à la fois. Essaie-t-il de se justifier ou sa candeur est réelle ? Ryan ne sait y répondre alors il ferme les yeux, pour tenter de se souvenir du gamin lycéen. Il avait toujours pensé qu'il n'était pas prude, mais peut être que le brun rejetait ses fantasmes sur lui. Il ne sait pas répondre.

Bien vite, pourtant, son état change et, incapable de rester calme, il se remet en colère. Cette mauvaise énergie n'est en rien dirigée vers le docteur qui n'a rien fait sinon lui tendre - une fois de plus la main - mais les évènements de la soirée lui tourneront en tête encore longtemps, il ne peut s'empêcher de les ressasser. C'est pourquoi les paroles du danois le coupe dans son élan. Il aurait fait pareil. Evidemment, Søren a toujours défendu la veuve et l'orphelin, évidemment, il a toujours pris à coeur les intérêts de tout le monde, sinon il n'aurait pas continué à accueillir Ryan dans son quatuor, il l'aurait mis à la porte depuis longtemps. Pourtant, l'américain ressent comme un aveu différent, comme s'il voulait lui offrir quelque chose de plus, comme si, finalement, tous ses fantasmes se rapprochaient de la réalité. Ou est-ce encore le gamin qui continue d'espérer en vain ?

La bouche close, Ryan décide de ne pas répondre tout de suite. Le sentimental n'est pas son genre préféré. "Me fait pas rire, j'ai mal." Il ne peut s'empêcher de grogner, parce qu'il voit tous les efforts que le médecin fait pour lui. Merde, il le connait vraiment bien. Son coeur se met à battre plus vite, et les doigts du médecin sont toujours appuyés dessus, ressent-il la différence ? Cette peur nouvelle d'être dévoilée ? Ryan n'a jamais caché qu'il était gay, mais il est tout de même sorti avec beaucoup de femme, pour contenter son paternel qui n'était prêt à fermer les yeux que s'il se conduisait honorablement. Jamais dans sa vie, Ryan ne s'est conduit avec honneur pourtant, mais la définition devait varier suivant l'époque.

Alors, le patient change de discussion, il savoure sa curiosité mal placée en mettant le médecin au centre. Il ne veut plus parler de lui-même, mais tout savoir sur le viking en chair et en os face à lui. La lumière du spot d'observation derrière le médecin lui donne un aura magique. S'il avait été en mesure de faire une nouvelle vanne, il aurait blagué sur le potentiel ange qu'il pourrait être. Mais à la place, Søren se met à bafouiller. Et le coeur de Ryan se remet à battre plus vite, quelle est la nature de leur relation ? Il n'y a pas d'explication claire, mais la jalousie du brun ne s'envole pas. Ils sont tous les deux dans le déni, Erin comme Søren, quels idiots. Enfin, Ryan ne les a jamais vraiment bien compris, ni l'un ni l'autre.

"Ah, détourner la conversation quand on est gêné, chapitre 3 du manuel du parfait connard anti-sentimental, je connais ça." Combien de fois l'a-t-on vanné dessus ? Ryan est incapable d'ouvrir son coeur, il a été fermé à quadruple tour quand ils ont enterré son grand-frère et toutes les larmes de son corps d'enfant se sont échappées à ce moment-là, depuis il n'a plus jamais pleuré. C'était trop douloureux, ça faisait trop mal. Ryan pense de moins en moins à lui, parce qu'aujourd'hui il a conscience que ce frère aîné ne serait pas fier de l'épave que Ryan est devenu, mais lui aussi se cache dans le déni. C'est plus facile de faire semblant que de se dévoiler. "Et pour apaiser ta curiosité" commence-t-il en songeant à toutes les personnes qui ne cherchent rien de ce qu'il cherche : un corps pour épancher sa peine et non une âme pour toucher la sienne. "Rien, je suis toujours solitaire, sans envie ni besoin d'attache. Marié à mon job." En temps normal, il aurait haussé les épaules, mais vous ne lui en voulez pas de rester immobile.

La vie qu'il dépeint est bien triste, mais en réalité, à part quelques soirées avec des connaissances, voire de potes, Ryan n'a pas de temps. Il finit parfois à onze heures passées. Dans cette agence, le renvoi est facile et Ryan donne tout ce qu'il a pour grimper les échelons. Rien ne l'intéresse plus que s'en mettre plein les poches. "D'ailleurs si je pouvais avoir des médocs pour abrutir la douleur mais pas l'esprit" existe-t-ils réellement ceux-là ? "Je dois être de retour sur site demain matin." Et ce n'est même pas envisageable de négocier. Ryan y sera, quoi qu'en dise les médecins ou infirmiers.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Ven 6 Oct - 16:55
Coups et Blessures
feat. @Ryan Lowell


Le corps s’est savamment étoffé, le timbre de la voix a acquis des tonalités à la fois rauques et suaves, le visage s’est rempli au niveau des joues et la définition de la mâchoire s’est joliment accentuée. Bien que difficilement appréciable et perceptible en l’état actuel des choses, les affres du temps qui court n’ont en rien flétris les largesses, que Dame Nature a conféré dans sa grande mansuétude au rital – loin sans faut. Oui, Ryan a agréablement changé sur certains plans. A côté de cela, et dans le même temps, il continue d’afficher sur d’autres aspects, une mentalité de grand adolescent benêt. L’usage préférentiel des poings à la parole, pour régler et solutionner les conflits, est un bon exemple – significatif et qui crève les yeux.

Moins ostensibles, l’irrévérence et l’impertinence semblent cependant toujours être de mise chez lui. Au même titre que l’hyper-activité des hormones mâles, et d’une propension de l’esprit à être très porté sur la chose – ce qui, lorsqu’on y réfléchit, va plutôt de paire avec le tempérament sanguin et le goût de la rixe susmentionnés. En témoigne cette question aux accents lubriques, concernant la connaissance de l’anatomie humaine tardive du médecin – en particulier celle du sexe opposé. Longtemps tabou cardinal, Søren ne se sent plus autant menacé et attaqué que jadis, lorsque le volet de la sexualité est désormais abordé. Même s’il est clair que cela reste un sujet, qu’il préfère éviter autant que faire se peut.

En bien des occasions, bon nombre de ses camarades de la mâle engeance au collège et au lycée, se sont gaussés de son désintérêt – et surtout de sa gêne rougeoyante – vis-à-vis de la chair et de ses plaisirs. Chaque fois que les adolescents qui ne pensaient qu’à cela – à l’image de bien des hommes adultes, d’ailleurs – versaient dans le graveleux et le lourdingue ; lui s’arrangeait pour se soustraire à la discussion et s’éclipser discrètement, afin de se réfugier à la bibliothèque. Que n’a-t-il pas entendu à cette époque … . Prude, pudibond, vieux jeu. Coincé, cul cousu et petite chose, ont également eu pas mal de succès. Sans oublier pléthore d’autres adjectifs, nettement moins respectueux et bien plus insultants, qu’il préfère taire et ne pas se remémorer.

Officiellement, et alors qu’il n’est absolument pas tenu de le faire, le Docteur Eriksen justifie à qui veut bien l’entendre cette pudeur prononcée, en la mettant sur le compte d’une éducation puritaine très imprégnée par la culture protestante d’Europe du nord. Parfaitement crédible, mais faux. Certes, ses parents sont peut-être un tantinet plus attachés aux traditions que la moyenne. Néanmoins, ils sont bien loin d’être totalement réactionnaires et complètement réfractaires au progrès. Entant qu’ingénieurs, ils s’avèrent même très en phase avec leur temps et leur époque. La vérité est ailleurs. Les raisons toutes autres. Aussi insoupçonnables qu’abominables. Agacé et sur la défensive, le danois arbore un sourire marqué d’une pointe d’hypocrisie, et se contente d’opiner du chef pour répondre à cette question – qui n’en est pas vraiment une.

Oui, c’est bien en première année de fac de médecine, qu’il a pour la première fois pu saisir toute la beauté et la complexité de l’anatomie du genre humain. A l’âge de dix huit ans, en compagnie d’Erin. Lorsqu’il lui offrit sa virginité à la faveur d’une communion des corps en accord. Les quelques visites en loucedé sur les sites pornos, et les furtives œillades en direction des magazines - qui ne se lisent que d’une seule main - perchés au sommet des kiosques à journaux, ne comptant bien évidemment pas. Aujourd’hui encore, l’artiste à la nature aventureuse ne cache pas son agacement – voire sa frustration – lorsque son viking émet des réserves, devant les suggestions qu’elle lui propose pour épicer leur vie sexuelle.

Sans transition, ou presque, Ryan prend son monde de court en donnant dans un registre, qui n’est pas franchement celui qu’il affectionne le plus. Le voilà qui s’éloigne de sa zone de confort. Incertain, un peu gauche et emprunté … mais tellement plus beau et vrai. Souffler le chaud puis le froid. L’une des grandes spécialités de l’olibrius. C’est toujours comme ça. Alors que Søren en arrive à croire qu’il n’a définitivement rien en commun avec l’intrépide Lowell, celui-ci le surprend en adoptant des attitudes et en lâchant ici et là des propos, qui trouvent une profonde résonance en lui. Incapable de savoir sur quel pied danser, celui qui se verrait bien chirurgien pédiatre dans quelques années tente comme il peut d’amadouer et mettre en confiance, l’homme dont il s’emploie à panser les blessures – tant physiques qu’émotionnelles.

Cet homme là. Celui qui s’est momentanément délesté de son épaisse cuirasse. Celui qu’il souhaiterait ardemment connaître et découvrir, tant il lui plaît. Beaucoup. Un vœu qu’il est, à l’heure actuelle, encore trop tôt pour entreprendre la réalisation. Bien conscient de cela, le Doc’ rit légèrement, lève les mains et fait mine de se zipper la bouche. Promettant ainsi de ne rien dire à son patient qui donnerait matière à le faire rire – et à le faire souffrir, par lien de cause à effet. Malheureusement pour lui, le thème de l’intime rejaillit et revient sur le tapis. Sauf que la posture passive-agressive d’un peu plus tôt, laisse cette fois-ci place à la gêne et l’embarras. Après s’être acquitté d’une réponse transpirant le malaise, l’interne tente désemparement d’éluder la question et de se sortir du marasme, dans lequel il s’enfonce – tout seul et comme un grand - chaque fois un peu plus, à mesure qu’il fait usage de la parole.

Une stratégie de la fuite et de l’évitement, qui n’échappe en rien à l’œil avisé du tough guy – lui-même très coutumier du fait. "Je suis allé à bonne école !", rétorque-t-il, en le regardant d’un œil taquin, les sourcils arqués avec malice et le sourire … goguenard ? Au lieu de prendre un malin plaisir à attiser son mal-être – comme il l’aurait sûrement fait dix ans auparavant – Ryan consent à mettre fin à son supplice, en levant le voile sur la sacro-sainte question des amours. Aussi à l’affût qu’une sentinelle, Søren contemple le m’as-tu-vu et écoute avec la plus grande attention ses paroles. Pas d’attaches, un dévouement zélé envers son travail. Une vie, en apparence, somme toute agréable d’un point de vue matériel et financier … mais dont il transparaît une solitude béante et abyssale.

Un constat doux-amer qui chagrine quelque peu le toubib. Pas du genre à donner son avis ou à critiquer – et peut-être aussi parce qu’il se reconnaît un petit peu dans le tableau qui lui est dépeint – le scandinave s’adonne à un art dans lequel il est depuis longtemps passé maître : jouer la neutralité helvétique. "Tant que tu es heureux et que tu y trouves ton compte : c’est tout ce qui importe. Avoir des attaches n’est ni une obligation, ni une fin en soi. Et ne pas en vouloir n’a rien d’un défaut ou d’une hérésie. Cela va peut-être piquer légèrement.", observe-t-il, sans la moindre once de jugement, en apposant une compresse imbibée d’alcool à désinfecter sur l’entaille au coin de son sourcil.

Procédant au nettoyage des blessures, le disciple d’Hippocrate place une main sous le menton du badass et lui fait relever la tête, afin d’avoir un meilleur accès aux coupures sur ses pommettes. Idem pour les égratignures au coin des lèvres. L’auriculaire et l’annulaire posés tout contre la carotide, l’alumni de Columbia sent le pouls se calmer et ralentir pianissimo. La manœuvre accomplie, il se munit alors d’un tampon au bout duquel se trouve une petite éponge badigeonnée d’une substance anesthésiante. Tandis qu’il s’affaire à endormir les parties du visage qui feront la connaissance du fil et de l’aiguille, Ryan l’interpelle sur un recours pour museler la douleur. "Je vais te faire une ordonnance, mais avant cela il faut que j’en sache davantage sur la nature de ta fracture au bras, afin de pouvoir te prescrire les médicaments qui seront les plus adaptés et efficaces. Je vais aussi t’ajouter une pommade pour aider à la cicatrisation et faire en sorte que les hématomes se résorbent plus rapidement. Tiens bon, il ne devrait plus y en avoir pour très longtemps maintenant.", réplique-t-il, le timbre onctueux, un sourire subtil piqué au coin des commissures, et une petite tape donnée sur une partie du biceps épargnée par les bleus en signe de camaraderie.

L’anesthésie effectuée, et soucieux de ne pas laisser plus longtemps son ancien camarade de classe aux prises avec le mal, Søren s’empresse d’attraper son kit de sutures. Avant d’entrevoir le bout des peines, il faudra encore faire après cela un petit crochet en radiologie, et dieu seul sait combien de temps cela prendra. En son for intérieur, le Joli Koeur espère qu’il n’y aura pas la queue, comme devant chez Barneys avant le coup d’envoi des soldes. "J’ai insensibilisé la zone, donc tu ne devrais rien sentir, mais si jamais ce n’est pas le cas, dis-le et je réajusterai l’anesthésie. D’accord ?", explique-t-il calmement, le ton un poil doucereux. Un ton censé le rassurer et le détendre – si ce n’était pas déjà fait – mais que le colosse brun ne manquera sûrement pas de railler.

Sans plus de tergiversation, le Docteur Eriksen plante l’aiguille dans l’une des extrémités de la plaie courant le long de l’arcade, et amorce la réalisation des sutures. Le silence descend et s’enracine. Le temps d’un point. Puis d’un deuxième. Les bords se rapprochent, les fils s’entrelacent et se serrent. "Ne t’inquiète pas, en plus de pouvoir rapidement reprendre le travail, tu n’auras aucune marque, ni cicatrice.", lui promet-il, très concentré et sérieux, en s’attelant à la finition d’un troisième point. Si comme il le suppose Ryan exerce une activité professionnelle dans le monde de la com’, de la vente ou du commerce, son visage doit sûrement être l’un de ses outils de travail les plus précieux. Par chance pour ses ambitions et sa carrière, il ne devrait en rien être altéré. En outre, c’eût été pêché qu’une si belle gueule vienne à souffrir d’un stigmate, aussi importun qu’indélébile.
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Ryan Lowell
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Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Mar 10 Oct - 15:43
Coups et Blessures
feat. @Søren Eriksen

La lumière cru de l'hôpital ne se prête pas vraiment à la scène qu'ils sont en train de vivre pour la première fois. Ryan n'aurait jamais cru possible que leur relation évolue de la sorte, même si la grande gueule du brun s'est un peu calmée, même si le gamin du lycée est maintenant un jeune professionnel qui sait ce qu'il veut, il n'en reste pas moins intimidé par l'espèce de Viking qu'il a sous les yeux. Comprenez ce que vous voulez, mais toutes les actions - débiles, immatures et méchantes - que l'américain a commises contre le quatuor, n'étaient qu'une manière d'attirer l'attention car oui, Ryan veut désespérement compter Søren dans ses amis. Enfin, il y a ce petit quelque chose de plus, bien sûr, qu'il a mis longtemps à comprendre, mais qui, une fois mis en lumière empêche tout retour en arrière, mais Ryan n'est pas encore prêt à le dire à voix haute.

Alors, quand Søren ne répond pas à sa question sur la pudeur, Ryan, pour la première fois de sa vie, se dit qu'il est allé trop loin et que cette blague était nulle. Il est même gêné d'avoir mis ça sur le tapis. Pourtant, lui-même n'avaient pas de bonnes expériences avant la fac, toutes ses relations étaient fausses ou toxiques, il le sait maintenant, c'est pour ça qu'il déteste tellement les mecs qui s'approchent de ses soeurs, parce qu'il est certain que tout le monde partage son amour pour la méchanceté, personne ne peut vouloir être vraiment bienveillant. Et d'un autre côté, il est persuadé que Søren est parfait des orteils aux oreilles. Cette dualité lui fait peur.

Doucement, il suit du regard le médecin. Concentré, consciencieux, il ne laisse rien au hasard, il n'abuse pas de son pouvoir, il ne fait d'autre que soigner. A sa place, Ryan aurait sûrement fait une bêtise, juste pour se faire remarquer, il aurait endormi son patient pour lui dessiner une bite sur le nez. Ce ne serait qu'un juste retour des choses après toutes ces années d'embêtement scolaire, non ? Ryan jalouse une fois de plus le calme du danois.

La question sur les amours ne le prend pas au dépourvus, après tout, il a attaqué le premier, non, ce qui le surprend, c'est son honnêteté. Ryan dit la vérité, sans honte, sans doute. Il parle, plus librement qu'il ne l'a jamais fait, est-ce la douleur qui l'abruti ? Ryan aimerait bien lui faire reposer la faute dessus, mais la réalité c'est la patience et la douceur du médecin. Depuis toujours, le brun s'est senti en confiance entre ses mains, son métier lui va comme un gant. Il est fait pour prendre soin des autres et il le fait avec une infinie patience. "Je sais" finit-il par grogner avec mauvaise humeur. Bien sûr, elle a beau être dirigé contre lui-même, Ryan espère que le médecin la prendra pour lui. Il ne veut pas de conseil, il ne veut pas que Søren ait raison, ni qu'il le comprenne. Le pire ? Il ne sait pas ce qu'il veut et il est blessé d'être si prévisible.

L'anesthésie locale le pique, mais il prend garde à ne pas bouger. Pire encore, quand le souffle du médecin n'est plus qu'à quelques centimètres du sien, il manque de cesser de respirer. Ryan ne lui répond qu'avec le regard, montrant qu'il restera sage, qu'il ne dira rien, ne se plaindra pas, au fond de lui, il espère que l'anesthésie locale est parfaitement ajustée, car jamais il n'osera en redemander. Søren s'attaque à son visage, délicatement, il désinfecte, soigne, recoud, nettoie. Ryan se force à rester calme et impassible, mais il a peur que son rythme cardiaque ne le trahisse et  que ses soubresauts soient trop bruyants. Les yeux concentrés sur médecin sur sa peau lui procurent une étrange douleur ; celle de l'inaccessibilité. Søren est juste là, à portée de mains, et pourtant si loin, dans un monde différent. Ils n'ont rien à faire ensemble.

"Merci" souffle-t-il. Et ce mot porte toute la reconnaissance du brun allongé. Pour une fois, il n'a pas répondu avec sarcasme, il n'a pas critiqué la façon de faire. Il ne s'est même pas moqué du ton si doux de l'interne qui aurait pu endormir un chaton.

La seule chose que Ryan souhaite, c'est s'éloigner.
Partir.
Se retrouver seul.

Être proche de Søren à cet instant précis est trop douloureux, parce qu'il lui rappelle tout ce qu'il cherchait sans parvenir à l'atteindre. Ça lui montre que, malgré tout ce qu'il pourrait faire, il ne sera jamais à la hauteur de cet être parfait. Et c'est trop douloureux. Il est bien mieux au milieu de ces clients aussi cons que riche, au milieu de ses chiffres infinissables et de ses arnaques - pas qu'il magouille quoique ce soit, mais un appartement ne devrait jamais coûté aussi cher que ce qu'il vend.

Maintenant qu'il s'est remis tout ça en tête, maintenant qu'il ne sent plus la douleur de son visage, maintenant que le Paracétamol fait effet il se sent mieux. Il peut redevenir lui-même. Alors, voyant que le médecin hésite, il crache.

"C'est bon, tu peux y aller, j'suis pas un pauv' choses à protéger comme t'as toujours aimé le penser."

C'est faux. Il ne fait que mentir ce Ryan-là. Celui qui est mal à l'aise, celui qui veut en finir, celui qui ne veut pas que Søren l'apprécie, parce qu'alors il découvrirait l'être qu'il est vraiment : un Ryan brisé dont la vie ne tient que grâce à sa force mentale.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Mer 11 Oct - 0:05
Coups et Blessures
feat. @Ryan Lowell


Le changement et ses mille-et-une réjouissances, ponctuées de vicissitudes. Qu’elles soient heureuses ou malheureuses ; anodines ou conséquentes ; dans l’ordre des choses ou impromptues ; les métamorphoses et leur lot de nouveautés, n’ont jamais été quelque chose que Søren aborde sereinement, la fleur au fusil. Depuis toujours, ou presque, évolution a toujours rimé pour lui avec appréhensions et frissons. Avec agitation et préoccupations, aussi. Sans en être foncièrement friand ou avoir une quelconque affinité pour elle, le doux cocon de la routine l’apaise, le sécurise et le tranquillise. C’est un fait - et un constat flagrant pour quiconque le connaît en substance. Il en a besoin. L’installation à New-York, les premières heures passées sur les bancs de Columbia, l’intégration au sein de l’équipe de Water-polo, les prémisses de son internat entre les murs du Richmond Medical Center.

Autant de gageures qui furent loin d’être des sinécures. En effet, toutes ces transitions et ces highlights de la vie, ne se sont pas faits sans mal pour le petit provincial. Chacune a nécessité bien du temps, avant qu’il ne parvienne à s’acclimater et les apprivoiser. Plus que la moyenne ? Difficile à dire. Ce qui est cependant certain, c’est qu’à l’image de la construction de Rome, l’isolement, la solitude et le repli sur lui-même adoptés en réponse à ces chambardements, n’ont pas disparu en un jour – bien loin de là. Oui, le mid twenties est quelqu’un d’ennuyeux. De taciturne, de sérieux et qui a bien souvent du mal à se dérider. Un homme de nature anxieuse qui devient vite très mal à l’aise, lorsqu’il s’éloigne trop longtemps de sa zone de confort. Un bonnet de nuit qui chérit le son harmonieux des habitudes, régissant une vie réglée comme du papier à musique.

Ses trois autres fragments d’âme ne manquent d’ailleurs pas de gentiment – et brièvement - le taquiner à ce sujet, de temps en temps. Toutefois, depuis ces dernières années, il y aurait peut-être une légère et imperceptible embellie en la matière. La vie de couple – ou tout du moins ce qui s’en approche – avec Erin, qui pour sa part abhorre la rengaine et l'immobilisme, n’y est peut-être pas complètement étrangère. Même si, à son grand désarroi et malgré tous les efforts déployés, la restauratrice d’art du Metropolitan Museum n’est pas encore parvenue à arracher son galant de ses bouquins, pour le convaincre de s’adonner en son compagnie à une initiation à l’urbex. A en juger par ses multiples retours à la charge, les nombreuses et tendres déclinations de la proposition ne semblent pas pour autant la décourager.

Elle sait qu’elle finira par avoir gain de cause à l’usure, tout comme il sait qu’il pliera et acceptera d’aller crapahuter dans des endroits à l’abandon – chose qu’il pense bien être le comble de l’incongruité. Ce que Erin veut, Dieu le veut, et Erin l’obtient. Cela a toujours été comme ça entre eux, ça l’est toujours et ce n’est pas prêt de changer. Rendons-nous à l’évidence, le Docteur Eriksen n’est pas vraiment un gai luron, un boute-en-train ou un joyeux drille. En bon gentleman aux manières princières, il semble qu’il ait préféré laisser les gênes de la coolitude à sa petite sœur Ragnhild. Pourquoi cette peur irraisonnée du changement ? Est-il nécessairement mauvais ou néfaste ? Vaste question métaphysique, à laquelle Søren est pour l’instant un tantinet trop occupé pour y répondre – même si, selon lui, elle mériterait qu’il se penche deux minutes dessus à l’occasion.

Plus les minutes s’écoulent en compagnie de son patient, plus le danois en vient à penser que l’être humain peut s’abonnir. Que changer s’avère également possible pour l’Homme, et que cela ne relève pas d’une vue de l’esprit. Tant et si bien que ses craintes concernant la mutabilité, lui paraissent presque absurdes et grotesques. Certes, et au vu de son passif avec l’énergumène, la teneur et le ton inédit que prennent leurs échanges, ne sont pas sans le surprendre et le déconcerter. Toutefois, l’instant est agréable. Du moins pour sa part – pas sûr que dans son état, le blessé soit particulièrement de cet avis. Oui, le nouveau Ryan – si tant est que l’on puisse le qualifier ainsi – et tout ce qu’il dégage depuis quelques instants, gagnent décidément à être connus. Bien sûr, il y a toujours ici et là quelques "bugs" symptomatiques de la version antérieure, mais … l’homme qui lui fait face lui plaît. Le tente et l’attire.

L’attire, vraiment ? Oui. Sinon, comment expliquer l’emballement de sa mécanique cardiaque ? Là, maintenant, tandis qu’il en termine avec la suture de l’arcade, en donnant au fil à l’extrémité de la plaie recousue un coup de ciseaux. Il y a une sensibilité ténue, un fragilité ensevelie. Un supplément d’âme qui trouble les sens du médecin. Redoutant que la relative magie de l’instant s’évanouisse tel un mirage, Søren préfère ne pas toucher au silence, de peur de tout faire voler en éclats par inadvertance. Alors, il embraye et s’attelle à la réalisation d’une seconde et dernière série de sutures. Mâchoire du gaillard délicatement saisie, il lui fait légèrement tourner la tête pour avoir un meilleur angle de travail. Dix minutes de couture appliquée plus tard, la première phase de l’opération il faut rafistoler le soldat Ryan touche à sa fin.

Croyant sûrement en avoir terminé, le carriériste fait subitement volt-face et renoue avec son essence d’antan. Finalement, le toubib n’aura pas eu besoin de dire quoi que ce soit, pour que le moment singulier qui régnait jusque là trépasse. Non pas la peine, le bagarreur se charge de lui asséner l’hallali. La chute est haute, l’atterrissage brutal. Le retour à la réalité dur et cruel. "Je suis désolé, mais il faut encore que tu passes des radios et que je m’occupe de ton bras. C’est faux. Je ne t’ai jamais perçu comme cela, et tu le sais très bien.", rétorque-t-il, en se débarrassant du matériel médical usagé, le geste et le timbre plombés par l’amertume. Chassez le naturel, il revient au galop. Pourtant depuis le temps, et fort des nombreuses déceptions essuyées : le scandinave devrait savoir que l’Homme ne change jamais vraiment.

Non … . Non, il n’y a pas plus de nouveau Ryan que d’oranges maltaises bleues. Au final, rien de bien surprenant … mais il n’empêche que ça fait mal. Cela fait mal d’avoir une fois de plus eu la bêtise et la naïveté, de croire que l’être humain est foncièrement bon et gentil. Belle connerie ! L’interne s’est rarement senti aussi stupide et idiot qu’en cet instant. En cet instant où il se déteste de toutes les fibres de son être. Les choses seraient parfois tellement plus simples, si chez lui le cynisme l’emportait sur l’humanisme. "Personne ne t’a jamais vu comme cela. Et tout le monde est allé vers toi, à plusieurs reprises, mais … .", lui rappelle-t-il, les trapèzes tendus, le dos raide et le ton fébrile, bien que toujours contenu. Les émotions bouillonnent et grondent à l’intérieur.

N’ayant pas la moindre envie de se donner en spectacle sur son lieu de travail, l’apprenti chirurgien veille à ce que sa voix conserve un volume placide. Une tâche qui met les nerfs – déjà bien attaqués par la fatigue – au supplice. Au fond de lui, Søren veut hurler. Demander dans la fureur et les cris ce qu’il a un jour bien pu avoir le malheur de dire ou faire, pour s’attirer en permanence la colère – noire ou froide – du géant aux origines transalpines. Comprendre ce qui lui a valu durant toutes ces années autant d’animosité. Autant de ressentiment. Comprendre ce qu’encore aujourd’hui il vit comme une injustice. Et qu’il refuse toujours obstinément, envers et contre tout, de mettre sur le compte de la méchanceté gratuite. Incapable de s’y résigner. Mais, quoi ? Qu’est-ce que l’adulte d’aujourd’hui peut bien dire ? Sans redevenir l’enfant d’autrefois, qu’un rien suffisait à faire chavirer.

"… mais un ami ne passe pas son temps à t’envoyer des vacheries dans la gueule pour le plaisir. Ni à te crier dessus, t’insulter, te traiter tous les noms ou te frapper, simplement parce que tu n’es pas d’accord avec lui.", poursuit-il, le souffle court, le verbe bas et les poings serrés. Afin de ne pas se faire remarquer, le Docteur prend grand soin de garder ses bras le long du corps. Quand bien même l’emportement est bridé, un geste d'humeur ample est toujours si vite arrivé. Les souvenirs amers du passé défilent à vive allure dans sa tête, tel les flashs d’un stroboscope poussé à pleine puissance. Combinées à l’épuisement des trente-six heures de garde, ainsi qu’à la force puisée pour conserver son selfcontrol et son flegme ; ces réminiscences humidifient et font luire les yeux du novice médical.

"Je t’emmène en radiologie.", enchérit-il, la pomme-d’Adam sautillant, la voix brisée par un fielleux mélange d’harassement et de désillusion. Ne tenant pas à offrir à Ryan le plaisir de s’arroger, une fois de plus, la paternité d’éventuelles larmes qui viendraient à rouler sur ses joues ; Søren s’éloigne un bref instant du brancard. Ses émotions ravalées et sa consistance recouvrée, il revient avec une chaise roulante sous le bras. "Oui, je sais : t’es pas une "pauv’ chose à protéger", c’est inutile et cette chaise est pour toi le pire des affronts qui soit. Seulement c’est comme ça, le règlement de l’hôpital est ainsi fait et je n’y peux rien.", explique-t-il, en dépliant le moyen de locomotion médicalisé, l’intonation passablement sèche. Le regard fixé sur "le bolide" qui se défroisse, et prend petit à petit sa forme originelle. Pas pressé de recroiser de si tôt les iris orageuses de l’éclopé.

Ci-gît toute l’hypocrisie de l’administration hospitalière. Qui sous couvert de bien-être et de sécurité du patient, cherche surtout à se protéger de dommages et intérêts sonnants et trébuchants, si d’aventure un infortuné venait à attenter un procès suite à une malencontreuse chute. Une chute … serait-ce vraiment immérité ? L’enfant de Stow renifle et culpabilise presque aussitôt, pour avoir laissé à cette pensée le luxe de lui effleurer l’esprit. Il est médecin. En aucun cas il ne doit nuire ou faire quoi que ce soit qui porterait atteinte à l’intégrité physique d’un malade. Et aussi innocent cela soit-il, c’est pourtant ce qu’il vient de faire tout bas. Brisant ainsi par le songe, un serment qu’il a prêté deux ans auparavant.
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Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Mar 17 Oct - 19:07
Coups et Blessures
feat. @Søren Eriksen

C'était doux. C'était beau. Et puis la réalité a frappé de nouveau à la porte et s'est invitée dans la conversation. Ryan n'est pas un être bon, doux, doué de compassion et agréable. Ryan est têtu, facilement vexable, incapable de répondre autrement qu'avec ses poings. Ryan est brisé et s'est construit une muraille trop épaisse pour que même la gentillesse de Søren l'a traverse.

Alors, malgré l'accalmie de leur discussion, malgré la douceur du docteur, malgré la main tendue, Ryan reprend les rênes de sa vie avec acharnement. Il repousse la bonté, il repousse les compliments, parce qu'il sait bien que personne ne les pense. Il l'a compris bien trop tôt, il n'est pas assez intéressant, pas assez intelligent, pas assez fun, pas assez bon pote. En soit, il n'est juste pas  assez tout court. Et il préfère s'éloigner avant de souffrir davantage.

Son propre esprit s'est enfermé dans cette prison mentale. Malgré la lumière de la porte ouverte, Ryan reste dans un coin sombre, par peur de se déchirer. Par peur de vivre enfin aussi. Alors, se refermant aussi brusquement qu'il s'est ouvert, Ryan se remet à cracher. Pauvre Docteur Eriksen qui ne fait que son boulot avec toute sa patience exemplaire.

"Une radio ?" La voix du brun s'est étranglée sur ses mots, parce qu'il croyait que c'était terminé, il pensait qu'il était liberté de la bienveillance déchirante de Søren, il se pensait libre de retourner dans son minuscule bureau où il doit bosser quatre fois plus que tout le monde pour tenter de justifier sa place dans cette entreprise intraitable. "Ouais ouais" Il grogne, il râle, il aurait levé le bras s'il avait pu appuyer ses propos de la sorte. Mais il est toujours le plus docile possible, même si l'anesthésie lui a coupé les douleurs du visages et que le paracétamol inhibe certaines douleurs.

Sauf que les mots de Søren sont maintenant des poignards aiguisés. Ils attaquent au bon endroit, ils blessent bien comme il faut et Ryan ne sait pas répondre autrement que par des piques. "mais quoi ? vas-y continue" Et il n'est pas déçu du voyage, parce qu'ils sont de retour dans la cour de récré, ils ont à nouveau quinze ans et la colère les dévore. Enfin, elle dévore Ryan et il leur crache des insultes à la gueule parce que les mots qu'il rêve de pouvoir dire sont bien trop gros pour franchir ses lèvres. Alors il trouve des parades. Et le danois se tait, il n'accepte pas, mais il n'en pense pas moins. Aujourd'hui, le médecin ose parler et Ryan n'a rien pour sa défense. Alors Ryan fait la seule chose qu'il peut faire, le meilleur moyen de sceller une fois de plus cette amitié qui n'existe que dans ses rêves alors qu'il passe son temps à la détruire. "C'est bien pour ça qu'on est pas amis." Sa voix est froide, dure, sèche. "Mes amis je ne les traite pas de cette manière." Et il insiste, il appuie ses propos l'air si sûr de lui. Cependant, la fureur dans son regard est transparente. Peut être que Søren sait lire dans ses yeux, peut être qu'il peut comprendre combien il ment, pire, combien il se ment.

Des amis ? Il n'en a pas d'autres Ryan.
Et Søren, face à lui, qui est si droit dans sa posture de médecin, qui est si fier, qui fait ce qu'il faut faire. Søren qui n'a pas l'air de souffrir alors que Ryan est au supplice. Søren qui est si beau. Toujours aussi incroyable. Søren qui lui a encore une fois tendu la main. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que la situation bascule une fois de plus dans l'horreur ? Ryan est vraiment incapable de ne pas tout gâcher. Mais ce serait trop se surestimer de penser que Søren va payer les pots cassés.

Alors, quand Ryan voit le fauteuil roulant, quand il entend les mots, toujours d'une justesse parfaite, sans émotions mais avec la douceur caractéristique du personnel soignant, alors il se contente de le fusiller du regard, mais Søren le connait trop bien pour son propre malheur, il fait mine d'être extrêmement occupé avec une paperasse médicale fictive. C'est rien, c'est juste normal d'éviter la rage du brun incapable de se contrôler, mais pourtant, ça le touche. Et pas d'une manière qui le rend encore plus en colère, non, ça le touche parce qu'il se rend compte qu'il sait se protéger de lui, mais qu'il n'arrête pas de lui tendre la main. Cette dualité le perturbe, il ne sait plus sur quel pied danser. Quel est cet ange envoyé sur terre pour le narguer ? Alors qu'il est incapable de lui en vouloir ? Bougon, mais un peu moins humilié, Ryan se laisse aller à soupirer et lâcher. "Franchement, j't'en voudrai même pas si tu jubiles." Lui aussi évite son regard maintenant.

Cette chaise n'est vraiment pas utile. Son bras le lance toujours extrêmement, mais ça n'a rien à voir avec sa capacité à marcher. Ses jambes sont tout à fait fonctionnelles, mais se faire balader dans l'hôpital d'une main de maître par Søren a quelque chose d'inédit, mais finalement c'est loin de l'humiliation prévue. Si Ryan arrivait à mettre de côté ses propres peurs, il comprendrait qu'il a besoin d'un soutien comme seul Søren peut lui apporter, une épaule sur laquelle pleurer, une oreille attentive et un bras fort pour le relever. Quelqu'un qui est toujours là, malgré tout, quelqu'un qui n'a pas peur de se salir les mains et qui se tient à la même hauteur que toi. Ryan pourtant n'arrive pas à voir tout ça, ni à démêler les sentiments contradictoires. Il ne voit rien d'autre que les murs blancs de l'hôpital, il ne sent rien d'autre que l'odeur du désinfectant. Pire, il n'a même plus le danois dans son champ de vision. Søren est derrière toi, il pourrait être en train de se marrer silencieusement. Faut que tu le fasses parler, de tout, de rien, de n'importe quoi, mais qu'il éloigne de son esprit cette scène à tout jamais. "Alors, quelle spécialité t'as choisi ? Je te vois bien urologue." C'est faux, c'est juste pour le charrier, mais quand est-ce que tu comprendras Ryan, qu'il n'y a rien de mal à s'occuper de la santé de tous ?
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Mer 18 Oct - 15:31
Coups et Blessures
feat. @Ryan Lowell


L’orgueil. Pêché capital et pire ennemi qui puisse exister pour un chirurgien. La tentation de se prendre pour dieu - lorsqu’en plus d’une lame de dix c’est aussi la vie d’un Homme que l’on tient dans ses mains - est plus que grande. Elle est là, constamment. Du bloc opératoire aseptisé aux Urgences saturées. Incessante, envoûtante, attrayante. Plus intense est l’ivresse de la vanité, plus sévère sera la gueule de bois, le jour où un patient décédera des suites d’un excès de présomption. Si bon nombre de ses confrères affichent avec aisance un complexe de supériorité, parfois mal placé, le Docteur Eriksen présente pour sa part un tout autre syndrome. Celui du Saint-Bernard. Aider, secourir, porter assistance. Voilà la force qui l’anime et le guide depuis … depuis ce jour où personne n’est venu à sa rescousse.

Aider, secourir, porter assistance. Encore et toujours. Autant, tant qu’il le peut. Pour que plus jamais quiconque ne connaisse … plus jamais ça. Ici réside sa plus grande qualité, son atout majeur entant que médecin. Mais aussi sa plus grande faiblesse, lorsqu’il ressort vaincu d’une bataille contre la mort. Pourtant il le sait bien. Ses professeurs en fac de médecine, le résident dont il est sous les ordres et bien d’autres encore, le lui rabâchent plus que de raison toutes les fois où il s’autoflagelle : "On ne peut pas tous les sauver.". Une phrase déchirante de vérité. Le rôle de bienfaiteur universel est l’apanage de dieu. Certainement pas le sien. Ni maintenant, ni jamais. En plus de cet aveu de faiblesse latent, Ryan appuie sur un autre point sensible.

Là où ça fait le plus mal chez Søren, pour qui l’estime de soi ne peut exister sans l’assurance de se savoir au minimum apprécier d’autrui. Seulement, il ne peut pas non plus faire l’unanimité. La terreur des bacs à sable le lui rappelle. Cela a toujours été ainsi. Jamais il n’a inspiré de la sympathie au patient qui bénéficie de toute son attention. Est-ce que sa tête ne lui revient pas ? Est-ce que sa personnalité l’insupporte ? Est-ce viscéral ? Un peu de tout ça à la fois ? Aller savoir … . Le fait est que le dénommé Lowell n’éprouve que révulsion et répulsion à son égard. Il n’a jamais voulu, ne veux pas et ne voudra jamais le côtoyer. De près ou de loin. Une première banderille lui perfore les tripes. "On est pas amis". Il n’a même pas le temps de déglutir sa salive qu’une seconde hallebarde vient le transpercer. Cette fois-ci en plein cœur.

Touché, coulé. Tête basse, le scandinave acquiesce silencieusement. Ce qui vaut entre les murs de cet hôpital, vaut donc aussi en dehors : pas d’attaches, pas d’implication personnelle. Alors, l’interne reprend le fil de son travail. Prêt à conduire le gaillard à l’âme belligérante, là où se déroulera la suite du programme. "Il n’y a vraiment pas de quoi jubiler. Personne ne devrait se retrouver dans cette chaise. Pas même toi.", rétorque-t-il le ton sobre, en embrayant et passant la première. Pas même toi. Trois mots qui tendent à penser que le soufflet de la colère est déjà retombé, pour le très surcoté chouchou de ces Dames. Et qu’il retourne une fois de plus recevoir sa peine. Le cœur léger et la joue tendue, alors que la marque écarlate laissée par la gifle qu’il vient de se ramasser, est encore chaude.

Le voyage se fait dans un silence de cathédrale. Aussi bien dans l’ascenseur menant au premier étage, que dans l’enchevêtrement de couloirs arpentés. Ici et là, le danois adresse quelques signes de tête agrémentés de sourires maigrelets, aux infirmières, aides soignantes et autres médecins qu’il n’a pas encore eu le plaisir de croiser aujourd’hui. A quelques mètres seulement de la destination, Ryan rouvre les guillemets du dialogue. Faisant fi de la pique envoyée au passage, Søren consent à lui donner la réplique. "Pas encore. Cela va peut-être te surprendre, mais tu n’es pas le premier à me dire cela. J’envisage plutôt de me tourner vers la pédiatrie.", lui apprend-il, tout en ouvrant la porte et franchissant le seuil d’une salle plongée dans la pénombre.

La pédiatrie. Un choix qui sonne comme une évidence. Sauver des enfants, à défaut d’avoir pu sauver celui qu’il a un jour été. Et qui sait peut-être un peu se réparer lui aussi, quand la joie des petits se mêlera au soulagement et aux remerciements des grands. Délicatement, le toubib installe le membre mal en point sur un support rectangulaire, lui-même posé sur une espèce de table en métal. Fixé à un bras amovible, il positionne l’appareil en alignement avec le centre du radius et cubitus. "Essaye de bouger le moins possible afin que l’on puisse avoir une image nette.", le prie-t-il d’une voix un peu distraite, alors qu’il en termine avec les réglages et la mise au point de l’engin. Fin prêt, Joli Koeur s’éclipse dans une pièce adjacente où l’attend le radiologue derrière son ordinateur. Les vrombissements caractéristiques de la machine à imagerie résonnent et se succèdent.

Puis le calme redescend. Quelques minutes plus tard, l’ex gardien de but aquatique récupère les clichés développés. De retour dans la salle de prise de vue, il cale les radios sur un tableau d’interprétation. Les os s’esquisse à la lumière. C’est ici. Sur le cubitus. Une fêlure longue, mais superficielle et peu profonde. Moindre mal. Si Ryan n’avait pas eu une charpente osseuse aussi solide, les dégâts auraient pu être bien pires. Loués soient donc son narcissisme physique et sa quête du corps parfait ! "Bonne nouvelle : ta fracture ne nécessite pas d’opération. Je vais donc simplement la réduire. Ca … va faire mal sur le coup, mais après cela, tu pourras partir et reprendre le travail dès demain.", déclare-t-il, en détachant une à une les images noires, avant d’éteindre le panneau. Une chance que le néophyte ait été affecté au service du Docteur Ngai, alias le dieu de l’ortho, la semaine passée.

Ce qu’il a appris au contact du spécialiste est encore bien frais dans sa mémoire. "Beau travail, Eriksen. Pas la peine que tu me bipes la prochaine fois que tu te retrouves face à un cas comme celui-ci. Tu sais ce qu’il faut faire et tu le fais bien. Alors je te fais confiance pour gérer seul désormais.". Telles furent les paroles du titulaire. Toutefois, Søren ne se serait jamais douté que la prochaine fois arriverait si tôt. Et encore moins qu’elle se ferait en compagnie du fantôme du passé. Mains posées sur le bras meurtri, il se récite alors mentalement la marche à suivre. Poser les mains à chacune des extrémités de la fracture. Appliquer une légère pression. Détourner l’attention du patient. Puis tirer d’un coup sec pour résorber. Pendant un temps, Doc’ songe à prendre des nouvelles des jumelles Lowell.

Excellente idée … s’il veut réveiller et tâter de la fureur du grand frère surprotecteur. Réflexion faite, il décide de se raviser et opte pour une sujet beaucoup plus consensuel. "D’ailleurs, si c’est pas trop indiscret, tu travailles dans quoi ?", s’enquit-il d’un air innocent, presque désinvolte, le regard incrusté sur l’encre du tatouage situé au-dessus de la blessure. Tandis que l’interrogé fait usage de la parole, et alors qu’il n’écoute pas un traître mot, la bleusaille serre les dents. Un, deux … et trois ! Grimace d’effort plaquée sur la trogne, il tire comme un forcené sur l’os meurtri afin de le replacer. Une manœuvre qui, cela va s’en dire, s’accompagne d’un concert de beuglantes. Sorry, not sorry ? Un peu, oui. Paupières fermées, le chirurgien en devenir sourit de manière niaise et crispée, pendant que grande l’orage de jurons, de vulgarités et autres noms d’oiseaux fleuris. "Je t’en prie !", rétorque-t-il, sitôt que le vacarme ordurier s’estompe, le phrasé un tantinet comique. Stylo en main, il récupère le dossier et remplit la fiche de sortie, synonyme de délivrance pour le lascar encore hors d’haleine. Voilà, là c’est fini. Une écharpe pour reposer le bras, une ordonnance et à lui la clef des champs !
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Ryan Lowell
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Ryan est un homme blanc con, voilà c'est dit. Il est toujours trop sûr de lui, très chiant avec ses soeurs qu'il surprotège parce qu'il est persuadé que c'est son devoir. Il est agent immobilier parce que c'était un secteur qui marchait, et qu'il voulait de la tune, mais il n'a jamais pris le temps de se poser pour réfléchir à ce qu'il aime.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Jeu 19 Oct - 18:36
Coups et Blessures
feat. @Søren Eriksen

Son attaque était déloyale et totalement mensongère et pourtant, Ryan ne ressent aucune culpabilité. Enfin si, elle lui dévore l'estomac, mais pas parce qu'il a menti, de ce fait, il est certain fait opter pour le bon choix. Non, ce qui lui fait mal, c'est la réaction de Søren. Ou plutôt, la non-réaction. Si l'écorché du jour n'a pas osé relever les yeux pour confronter le regard du médecin, il a tout de mêm été déçu de ne pas sentir de réponse. Pas de contre attaque, pas de demandes d'explications, pas de cri de souffrance d'un coeur qui se brise ... oui. Il rêve. Il part trop loin dans ses souhaits, ses fantasmes, ses rêves brisés. Ils ne seront jamais amis, parce que, malgré les mains tendues de Søren, Ryan ne fait que les repousser.

Si pour certain, cela peut sembler contradictoire, mais Ryan est certain de lui, certain que Søren n'apprécie chez lui que l'idée de le sauver, de le protéger, de prendre soin de lui comme d'un animal blessé. Ryan est méchant, alors il faut le rendre gentil, Ryan est une tête brûlée alors il faut le calmer. Mais si Ryan n'est plus le même qu'il a toujours été... serait-il toujours aussi intéressant aux yeux du danois et son quatuor ? Ryan est persuadé que non. Voilà pourquoi il les repousse sans cesse, pour leur donner la réplique et garder intacte cette pièce de théâtre qu'ils jouent depuis leur rencontre.

Pendant que ses pensées tourbillonnent, que son coeur se serre, que ses muscles tremblent et que son estomac menace de rendre son contenu, le silence est plus pesant que jamais. Ryan va dépérir si la bouche de Søren ne s'ouvre pas une nouvelle fois pour y déverser son miel. Alors il tente et, une fois de plus, dit n'importe quoi. La moquerie c'est la seule de ses armes disponibles et Søren, fidèle à lui-même lui répond avec douceur. Les dents du brun se mettent à grincer. Il déteste quand on est meilleur que lui, quand ses piques sont esquivées avec justesse et facilité. Pourtant, il n'est pas en position de force. Alors, bêtement, il répond. "Ah." N'y a-t-il vraiment rien de mieux à dire ? "Des enfants malades ? Drôles de passe-temps." Ryan a toujours du mal à comprendre pourquoi certains aiment s'occuper d'enfants et encore plus d'enfant qui ont des problèmes de santé ou besoin de vaccin, mais chacun ses délires après tout. Il peut comprendre qu'on ne comprenne pas ce qu'il ressent dans son métier. Pour ceux qui se demanderaient, ce qu'il ressent ? C'est l'appât de l'argent, ni plus ni moins.

Seul dans la pièce, Ryan se concentre pour ne pas bouger. C'est ce qu'il fait depuis qu'il est arrivé et, même si Søren n'a fait que réciter la marche à suivre, ça le blesse que le médecin s'imagine que Ryan va faire exprès de bouger pour cacher l'image. Certes, son caractère explosif n'a habitué personne à son immobilité, mais tout de même, Ryan sait s'arrêter. Parfois. Rarement, ok. Il soupire puis respire le plus doucement possible.

L'attente est longue, pesante. Le silence est lourd. Ryan n'avait pas compris combien la présence de Søren le soulageait, elle lui permet de se détacher de la réalité de sa morne vie. Jamais il ne pourrait lui avouer pourtant, alors il se tait et il attend encore. Toujours immobile, au cas où, même si les bips de la machine se sont tus depuis de longues secondes déjà. Fermant les yeux, le blessé s'imagine ailleurs, il se revoit plus jeune, il se revoit entouré de ses soeurs, des éclats de rire familiaux. Il n'a aucune idée de la raison de ce souvenir précis, mais il l'émeut et Ryan déteste ça. A cet instant, il ne veut pas être autre chose qu'une machine, dure, froide et sans émotions.

"Je travaille chez Burr & King, l'agence immobilière au  Park Avenue Plaza dans Manhattan. C'est un honneur d'avoir été recruté si jeune et" alors qu'il allait continuer à parler de son parcours avec un ton pompeux, Søren comment l'impensable. Il lui tord le bras, les os ou lui enfonce un nouveau couteau dans le corps. Bon, ce n'est certainement pas ce qu'il fait réellement, mais c'est tout comme. Le souffle de Ryan s'arrête avant de jaillir en une volée de mot injurieux et d'insultes envers le jeune médecin. La douleur lui fait perdre les pédales et... soudain, c'est terminé. "Ça t'amuse de ne pas prévenir ?" gronde-t-il une fois sa vision redevenue claire et son souffle retrouvé. La distraction n'est certainement pas une mauvaise chose pourtant, mais il est encore trop secoué.

Et là, en récupérant l'ordonnance, il comprend ; c'est fini. "Oh" dit-il, tout bête et sans voix d'un coup. Il se redresse. Il marche vers la sortie. Il s'arrête soudainement. "Eh bien, à la prochaine fois, maintenant que je sais que tu n'es pas trop mauvais comme médecin..." Il ne peut pas s'en empêcher le p'tit con. "On sait toi, comme moi, que le destin ne nous laissera jamais tranquille et que je suis trop sanguin pour ne pas réagir de la même manière la prochaine fois..." Il soupire et se passe une main sur le visage. Tant de mobilité ça le surprend presque. "Transmets mon bonjour à Erin" ils savent, l'un comme l'autre, qu'il vaut mieux éviter de le faire, mais Ryan est finalement trop lâche pour mettre fin lui-même à la conversation. "Et à la belle Tammy aussi." Il fait exprès de ne pas parler d'Andrew, laissant à Søren la possibilité de le faire, de continuer cette conversation, de faire durer la trêve encore un instant.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Ven 20 Oct - 17:57
Coups et Blessures
feat. @Ryan Lowell


Un passe-temps. La pédiatrie résumée et rabaissée au rang de passe-temps. Considération ô combien dédaigneuse et dévalorisante. Pourtant, et aussi condescendante soit-elle, l’opinion de l’éternel p’tit con n’a rien d’un point de vue isolé, bien au contraire. A son grand désarroi, le chirurgien en herbe irait même jusqu’à dire, qu’elle est, hélas, plutôt rependue. Y compris au sein du personnel soignant et du corps médical. Il n’y a qu’à voir rien que dans les rangs de ses collègues internes, obsédés par la vue du sang et des organes. Leur désappointement et l’âcreté de leurs commentaires, lorsque leur référent les affecte dans ce service, en disent long. Baby-sitting, chirurgie miniature – pour ne citer que les plus habituels, et les moins méprisants.

Tels sont les tristes égards portés à une spécialité moins glorieuse que la neuro’ et moins éblouissante que la cardio’. Car c’est bien connu, les gamins ça ne sert à rien quand on veut faire carrière. Ce n’est pas avec eux que l’on gagne gagne des prix prestigieux, ou que l’on décroche des publications dans des revues médicales cotées. Ni grâce à eux qu’un hôpital parvient à lever des fonds auprès de généreux donateurs, pour acheter des équipements dernier cri, ou financer des programmes de recherche et autres essais cliniques. Partant de là, pourquoi diable s’embêterait-on a s’occuper d’eux, dans un système capitaliste toujours plus avide de profits, et où même la santé des gens est un business qui doit rapporter gros ?

Un état d’esprit empestant le cynisme, et dont la simple pensée suffit pour excéder Søren. Voyant rouge et à l’orée de l’implosion, ses phalanges se resserrent un peu plus autour des poignées de la chaise roulante. A elle seule, la veine en exergue sur sa tempe indique combien la conservation de son calme – et de facto son professionnalisme – s’avère en cet instant une tâche colossale. Penser avant tout à sa petite gloriole personnelle et avoir des billets de dollars à la place des yeux, lorsque la vie d’un enfant, qui par essence est l’innocence même, est en jeu. Quel genre de monstre faut-il être pour raisonner ainsi ? Sûrement un de ceux qui ont un immense bloc de tungstène en lieu et place du cœur. Un de ceux qui n’ont d’estime que pour eux-même et que l’empathie a oublié.

Ryan est-il vraiment un des leurs ? Dans les tréfonds et les méandres de son for intérieur, le Docteur Eriksen continue d’aimer à penser que ce n’est pas le cas. Malheureusement, les propos et l’attitude qu’il reçoit ébranlent passablement ses certitudes. "Oui … je suis quelqu’un de bizarre.", rétorque-t-il, dans une placidité qui l’étonne au premier chef, en entrant dans la salle de radiologie. Quelque part c’est peut-être vrai. Dans un monde où le désintérêt, l’altruisme et le don de soi agonisent à petit feu, et dans lequel tout n’est qu’image, ostentation et succès ; le danois fait à n’en pas douter figure d’extraterrestre. Un humaniste doublé d’un incorrigible philanthrope en voie d’extinction. Ce qui n’a en revanche rien de saugrenu, c’est bien la tournure que prend l’examen.

Classique, standardisée, dépassionnée. Le bourreau de travail peut se réjouir : son séjour entre les murs du Richmond Medical Center ne devrait pas être amené à s’éterniser. Mieux encore, il s’achemine gentiment vers son terme. Une petite manip’ d’ortho’, et finito ! L’emphase et la fatuité avec lesquelles l’agent immobilier parle de son travail, en deviendrait presque inconvenant – voire indécent. Au point que la fatuité en viendrait quasiment à suppurer par tous les pores de sa peau. Nul doute qu’il trouve son activité très gratifiante et lucrative. Incapable de souffrir plus longtemps de cette faconde qui ferait blêmir Picsou, Søren fait taire le vantard en offrant à son bras un traitement de choc mais diablement efficace. Mission accomplie ! A tout choisir, le médecin préfère encore entendre ce flot ordurier d’injures, plutôt que la logorrhée cupide et orgueilleuse qui l’a précédée.

"Mais, je t’ai prévenu. J’ai dit que cela allait faire mal sur le coup. C’est comme pour la piqûre : le mieux encore, c’est quand on ne le voit pas venir.", fait-il remarquer tout sourire, son ordonnancier dans une main, un stylo dans l’autre, visiblement pas peu fier et mécontent de ce qui vient de se jouer dans le clair-obscur de cette pièce. Mérité ? Non, évidement. Pas volé ? Peut-être, un peu. Une chance que Ryan ait présenté ce type de fracture bénigne. Preuve en est une fois de plus, que le malheur des uns peut suffire à faire le bonheur des autres. Tandis qu’il scribouille, un sourire pincé s’écussonne sur ses lèvres et accompagne la réception d’une énième pique made in Lowell. Sa prescription achevée, le toubib se munie du dossier et remplit la fiche de sortie à la toute fin.

Rédaction terminée, il déchire alors les deux feuillets, synonymes de sésame libérateur pour son patient qui se met à verser dans le prophétique et la courtoisie. C’est vraiment le monde à l’envers. Le Docteur serait-il passé à travers une faille spatio-temporelle, ou tomber dans le terrier d’un lapin blanc ? "Je vais faire comme si ce que tu viens de me dire est dû à la douleur, et mettre cela sur le compte d’un reste de ton dégueulis fleuri de tout à l’heure. Hmm. Dans ton intérêt et celui de ta santé, j’aimerais que le destin en décide autrement la prochaine fois. L’idéal serait que ton bras reste immobilisé en écharpe pendant une dizaine de jours, mais toi comme moi savons très bien que tu n’en feras rien. Entendu, je leur transmettrai tes amitiés à tout les trois.", déclare-t-il, la paperasse tendue vers son bénéficiaire, en accentuant exagérément le nombre final.

L’omission n’est guère surprenante. Dire que le courant passe pas mal entre Andrew et Ryan est un bien doux euphémisme. C’est malheureusement parfois ce qui arrive, lorsque deux personnes se ressemblent trop. Au point que chacune d’entre elles abhorre le reflet qui lui est renvoyé. Deux écorchés vifs qui ont la rage au bout des poings, deux sanguins qui bouillonnent perpétuellement. La seule différence tient dans le fait que le militaire ne redirige, ni ne projette gratuitement sa colère sur les autres. Voilà ce qui sépare le paladin du berserker. Søren lorgne en direction de la montre autour de son poignet. La position des aiguilles au cadran marque la fin de sa garde. "Bon, et bien … je te souhaite une bonne continuation, et … mollo sur les échauffourées, d’accord ? ", conclue-t-il, une tape donnée dans le biceps du bras valide, avant de quitter la pièce avec le dossier du patient D-5539 sous l'aile.

Une salutation nulle, stupide et totalement idiote. Mais qu’est-ce que l’on est sensé dire dans ces moments là ? Qu’est-ce que l’on est sensé dire à une personne, lorsque l’on est incapable de se forger une opinion claire et précise à son sujet ? Redescendu d’un étage, le natif du mid-west sort de l’ascenseur, et dépose le dossier sur le bureau des infirmières dans la bannette à archiver. Quelques pérégrinations dans les couloirs immaculés lui permettent d’atteindre le vestiaire des internes. Arrivé devant son casier, il adosse alors ses vertèbres contre la porte. Paupières closes, sa tête bascule et vient s’écraser contre le métal glacé. La fatigue, la tension et le stress accumulés s’échappent en un soupir de soulagement. La délivrance. C’est fini. Le rush des trente-six heures de garde, l’enfer de la récréation : il y a survécu.
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Sujet: Re: Coups et Blessures (Ryan)Mar 24 Oct - 11:11
Coups et Blessures
feat. @Søren Eriksen

Le mots de Søren, pourtant si juste, le font se rendre compte qu'il a été méchant et ce gratuitement. Seulement, c'est plus fort que lui, il ne peut s'en empêcher. Søren ne mérite pas ça, il le sait, mais c'est sa protection, c'est la seule manière que le brun a de ne pas sombrer dans la folie. Ou dans l'émotion plutôt, mais les sentiments sont si douloureux à vivre qu'il préfère les enfuir et vivre dans le déni.

Le bras remis en place, la douleur qui s'estompe peu à peu, le pic n'est plus qu'un souvenir, mais il a encore mal bien sûr. "Ah, merci de m'avoir prévenu." Il est rendu grognon à cause de la douleur, c'est pas de sa faute s'il est sarcastique alors que le médecin n'a rien demandé si ce n'est : le soigner. Et voilà que Ryan trouve encore le moyen d'être désagréable, c'est vraiment infecte de sa part, mais il est trop enfoncé dans sa bêtise pour se relever maintenant, autant aller jusqu'au bout.

Il écoute les recommandations du docteur, il acquiesce religieusement, mais il n'en fera rien. Un bras en écharpe et puis quoi encore ! Tout sauf paraître faible, il tient à son boulot et là bas, il ne peut pas avoir l'air faible. Quoique, venir bosser avec un bras en écharpe c'est montrer son attention à l'entreprise. Hum, le choix est délicat, il va peut être demander à un collègue plus âgé ce qu'il en pense. "Eh bien, je vais peut être te surprendre, je regarderai ce qui est mieux pour mon intérêt." Pas médical, s'entend. Il est insupportable, mais il est monté trop haut pour risquer de redescendre d'un coup. Il fronce les sourcils et semble en parfaite réflexion.

Malgré tous les efforts de Ryan pour ne pas terminer seul et abandonné, ses efforts contradictoires précédents ont porté leurs fruits, c'est Søren qui l'abandonne, sur une formule de politesse qu'il est loin de penser, sur une phrase bateau, basique, inutile. Et Ryan qui a enfin obtenu ce qu'il réclamait à grand cri depuis le début se prend le contrecoup. L'émotion qui le submerge malgré ses efforts pour les réprimer et dans la petite pièce, il a envie de se rouler en boule dans un coin et laisser tomber. Sauf que son boulot n'attend pas, sauf que l'honneur de ses soeurs - de quoi il parle, personne ne le sait - n'attend pas, sauf
qu'il doit continuer, se relever et faire face, comme toujours.

Alors, en grand conquérant, il sort de l'hôpital, l'air d'être en forme, d'aller bien, de n'avoir aucune blessure. Il semble confiant, chose qu'il n'est certainement pas. Et son coeur tambourin dans sa poitrine pour aucune raison. Vraiment, absolument, aucune raison. Ou alors, c'est lui qui ne voit comprend pas, alors que pour tout le monde, c'est flagrant, mais évidemment, personne n'osera jamais le lui dire.
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Coups et Blessures (Ryan)

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