Dernier rush de la journée, les gens viennent et partent aussi rapidement ; prendre des livres pour la semaine, déposer ceux qui vont être en retard ou le sont déjà. Liv qui salue et sourit à tout le monde, bavarde en vitesse avec les usagers habituels, enfants qui lui font des checks comme s'ils étaient potes, parce qu'elle est toujours trop sympa, Liv. A la fin, elle a vachement soif et sa gourde est vide, alors elle soupire un peu et passe une main sur son visage. Troisième collègue qui fait le tour de la bibliothèque pour s'assurer que plus personne ne traîne, tandis qu'elle prépare son chariot de livres à ranger, histoire de ne rien laisser avant de partir. La nuit commence à tomber, c'est l'hiver, il fait un peu froid dehors, mais ça ne la dérange pas de partir plus tard, ni même de marcher alors que ses mains gèlent. Elle relève la tête quand sa collègue lui adresse joyeusement la parole.

-Décidément t'as du succès avec les enfants !
-Voyons, j'ai du succès avec tout le monde, se vante la brune avec un magnifique hairflip.

Des éclats de rire se font entendre alors que Olivia range en sa compagnie, chacune prenant son temps pour ne pas se retrouver dépitée demain face à la montagne de livres à ranger. Mais elle part avant de finir, car elle a des courses urgentes à faire, alors Liv lui dit au revoir et finit le travail toute seule, son casque sur les oreilles. Elle ferme la bibliothèque derrière elle une fois qu'elle a fini, fourre les mains dans les poches de sa veste tandis qu'elle se dirige vers le métro. C'est vendredi soir, New York est en ébullition, elle-même hésite à participer à cette effervescence, à aller boire un verre avec le.a premier.ère ami.e qui sera disponible. Elle sort même son téléphone pour lancer une bouteille à la mer, mais elle regarde l'heure, elle a faim et elle se demande si Adrian a eu le courage de se faire à manger, ou s'il aura juste oublié encore une fois de se nourrir.

La brune reste un moment interdite devant son téléphone, puis regarde les rues bondées et se dirige vers le métro. Elle se trouve une place assise, où elle peine à bouger ses épaules, mais elle a assez d'espace pour sortir un livre et bouquiner le temps d'arriver à sa station. C'est pile en sortant que son téléphone vibre, elle voit que c'est sa grand-mère qui l'appelle. Roulant des yeux, elle décroche quand même, un sourire en coin sur le visage.

-Allô, grand-mère ?
-Aaaah, pour une fois que tu réponds au téléphone ! Dis, tu es encore dehors à cette heure-ci ? Ne me dis pas que tu vas encore sortir !
-Petit un, je suis majeure et vaccinée, je fais ce que je veux. Petit deux, je suis en train de rentrer chez moi. Pourquoi tu m'appelles ?
-Ton grand-père et ses lubies finiront par avoir ma peau ! Tu sais, tu lui as parlé de jeux vidéo la dernière fois, et maintenant qu'il ne travaille plus, il a décidé de varier ses activités, m'a-t-il dit, et je l'ai vu revenir avec une console plus grande que lui, presque ! Et maintenant, il est devant la télé, assis n'importe comment, en train de jurer parce qu'il n'arrive pas à avancer dans le jeu ! A quoi m'a-t-il dit qu'il jouait déjà ? Quelque chose avec Gate à la fin, et un chiffre. Enfin, Olivia, viens le raisonner !
-Si quelqu'un avait su raisonner un jour grand-père, il aurait reçu une médaille, tu sais bien. Et il joue à Baldur's Gate 3, grand-mère. Dis lui de faire attention aux tentacules et de romancer Astarion !
-Ah non, tu ne vas pas commencer toi aussi !
-Je ne commence rien du tout, je ne fais que continuer. Laisse le s'amuser, il s'ennuie depuis qu'il n'est plus avocat ! Tu devrais jouer aussi, tiens, je suis sûre que ça te changerait de tes commérages.

Maintenant devant l'immeuble dans lequel elle rentrait depuis peu, elle annonce à sa grand-mère devoir interrompre deux minutes la communication le temps de prendre l'ascenseur, et remet son téléphone à son oreille lorsqu'elle arrive à l'étage désiré. Toujours incroyablement amusée par les dires de la vieille femme, elle continue à ouvertement se moquer d'elle en parlant avant d'ouvrir la porte de l'appartement, la fermer et... se retrouver avec un labrador qui lui fait la fête, prêt à tout pour avoir droit à ses caresses.

-Buzz, attends DEUX minutes, aaaaah !
-Qui est Buzz ? elle entend l'indignation de sa grand-mère jusqu'ici.
-Mon nouvel amant, il a une langue qui aime un peu trop sortir de sa bouche.
-OLIVIA !
-Au revoir grand-mère, on se voit vendredi prochain !

Sans en attendre plus, Olivia raccroche et s'assied au sol de l'appartement, caressant Buzz en lui râlant un peu dessus. Enfin, elle remarque qu'Adrian se fout ouvertement de sa tronche et elle lui offre son meilleur doigt d'honneur.

-Arrête de suite de te moquer et vas dans la cuisine, j'ai la dalle, et ça sent rien du tout ! Allez, zou, ou c'est ton chien que je vais manger. Désolée, Buzz, mais c'est ton maître qui est un gros con, elle murmure pour le chien avant de rire.

Elle va définitivement devoir parler de Baldur's Gate 3 à Adrian. Mais d'abord, elle profite encore un peu de la folie de Buzz pour le caresser et se poser quelques minutes. Elle l'aimerait encore plus s'il ne venait pas la réveiller trop souvent sous les ordres d'Adrian, mais au moins le labrador est toujours partant pour lui remonter le moral ; peut-être qu'elle en a un peu plus besoin qu'elle ne le pense. Une fois que Buzz semble se désintéresser de sa présence, Liv se lève et dépose ses affaires, se dirigeant alors vers la cuisine, avant qu'elle ne songe à manger quelqu'un tellement elle a faim ─ et elle est sûre qu'Adrian serait pas super bon à manger.

-T'as une idée de quoi manger ou ça s'appelle de l'improvisation, avec une chance que quelque chose se passe mal ?

On ne pouvait pas dire qu’Adrian aimait la solitude. Il la tolérait mais il n’en était pas un fervent admirateur. Lorsque la solitude se faisait beaucoup trop ressentir, il repensait à beaucoup de choses et il se sentait idiot. Alors quand Lou lui avait proposé d’héberger Olivia, il avait râlé, il avait pesté mais au fond, elle lui faisait du bien parce qu’elle lui tenait compagnie. Une compagnie qu’il semblait ne pas apprécier, mais au fond, c’était le cas. Parce qu’il y avait une présence quand il rentrait chez lui. Parce qu’il y avait quelqu’un quand il se levait le matin et qu’il avait un peu trop mal au cœur. Mais Adrian n’aimait pas dire ce qu’il ressentait, parce qu’au fond, il se demandait s’il avait droit de ressentir ces choses là. Liz pensait qu’il la détestait quand elle est décédée. Ils se sont disputés et maintenant, il n’était pas dans la capacité de lui dire ce qu’il ressentait vraiment. De la tristesse. De la honte. Il voudrait lui demander pardon. Mais encore faudrait il qu’il se pardonne lui même d’avoir été égoïste. D’avoir voulu lui imposer un enfant alors qu’ils avaient toujours dit qu’ils en discuteraient et qu’ils prendraient une decision ensemble. Elle avait prit sa décision. Ils n’étaient pas d’accord. Et ils s’étaient disputés. Adrian avait encore les mots qu’elle avait prononcé au téléphone T’es qu’un con. qu’elle lui avait craché. T’es qu’un con qu’elle avait dit encore. Son ton acerbe à travers le combiné. Il s’était béni de ne pas l’avoir appeler en visio. Parce qu’il aurait vu la haine dans ses yeux. Et il ne voulait pas voir comment elle le détestait. Comment elle ne pouvait plus le voir en peinture à cause de son envie. Mais il voulait qu’elle comprenne. Qu’elle le comprenne, quils en discutent en tant qu’adulte. Il y avait des solutions. Des tonnes de solutions. Mais elle n’avait pas voulu écouter.

Lorsqu’il ouvrit les yeux ce jour-là, il grogna et se rendormit rapidement incapable d’avoir envie de faire quelque chose de censé. Il devait aller au cimetière, pour voir si les fleurs avaient besoin d’être jetés. Mais il ne s’en sentait pas capable. Alors il avait végéter une bonne partie de l’après-midi, avant de s’occuper des plannings de ses équipes, planning qu’il leur donnerait le le demain. La seule compagnie de Buzz lui suffisait et il savait qu’il aurait sûrement agacé Liv si elle était restée ici. Il est pénible Adrian parfois. Peut-être trop souvent. Mais au moins, ça fait de l’animation. Il pousse le bouchon, un peu trop. Mais jamais assez pour que ça pete trop fort et qu’elle le déteste. Même s’il préférait qu’on le déteste, ça lui ferait une bonne raison de se comporter comme un con. Quand il avait enfin fini de se prendre la tête avec les plannings, il atrrapa la laisse de Buzz et se décida à aller le promener, même s’il n’avait pas envie d’exister, ce n’était pas une raison pour délaisser son chien qui n’avait rien demandé. Lui qui avait déjà du supporter l’absence de son maître quand il était à Londres mais qui avait vraisemblablement était plus que bien traité avec Elior. Même s’il n’en avait jamais douté. Une fois de plus, Buzz attirait la sympathie de tout le monde et il réussit à gratter une saucisse au vendeur ambulant en coin de la rue, faisant lever les yeux au ciel au barista. Quand ils rentrèrent à la maison, Adrian fit sa séance de sport et se plongea sous la douche. Peut-être que ça lui ferait passer cette aigreur qui ne l’avait pas quitté depuis le début de la journée. Comme un orage qui n’attend que de pouvoir éclater. Lorsqu’il entend la clé dans la serrure alors qu’il était présentement en train de se décider s’il se faisait un enieme café ou s’il se faisait un repas décent, Adrian se dirigea vers le couloir de l’entrée et s’accouda a la chambranle du salon, pour entendre Liv se plaindre, ou plutôt répondre avec véhémence a la personne derrière le combiné. Il ne put s’empêcher de rire en voyant Buzz devenir un bulldozer avec sa colocataire et leva un sourcil étonné face a la repartie de la brune

- On ne touche pas à Buzz, premièrement et deuxièmement ewww, tu veux vraiment manger un truc plein de poil ? Demanda t-il le second degré ayant visiblement disparu de la surface de la terre.

Lorsqu’elle se leva, Adrian se redressa et intima à Buzz d’aller sur son panier sinon il serait privé de ses croquettes du soir avant de suivre la brune dans la cuisine. Elle pensait donc réellement qu’il allait cuisiner quelque chose, alors qu’il avait été incapable de se faire autre chose qu’une boîte de Mac and cheese ce midi ?

- On peut improviser mais je ne te garantis pas le résultat, on se fait livrer demain matin avant que je parte au boulot.

Il ouvrit le frigo, plissa le nez et se tourna vers Liv, une moue sur le visage qui en disait long sur le contenu du frigo

-On a du cheddar, des courgettes parce que Lou m’a envoyé une recette, du pain. On peut se faire des grilled cheese, ou la recette de Lou, mais ça prend du temps apparemment. It’s up to you.

Depuis la mort d'Elizabeth, Adrian avait mis sa vie sur pilote automatique, aller à Londres lui avait fait le plus grand bien mais il avait fallu qu'il se rende à l'évidence que New York lui manquait et que Londres avait été la parenthèse qui lui avait fallu pour ne pas sombrer, pour ne pas retomber dans ses travers de nouveau. Alors quand l'avion s'était posé sur le tarmac de l'aéroport de JFK il s'était décidé qu'il ménerait sa vie à une vitesse de croisière. Pas d'excès, pas d'autre chose que cette routine métro-boulot-dodo qu'il détestait avant. Il ne voulait plus s'attacher, il ne voulait plus laisser quelqu'un entrer dans sa vie parce qu'il savait que de toutes façons, il finirait par la perdre, cette personne. Son père avait été celui qui avait lancé la tendance, à flirter avec l'illégalité incapable de se défendre, et condamner à la peine capitale. Sa mère, ensuite, qui n'avait pas gagné son combat. Et Elizabeth, maintenant. Ils étaient tous partis, ils l'avaient tous abandonné. Et l'abandon était quelque chose qui avait commencé à effrayer Adrian peu à peu. Il ne voulait plus qu'on l'abandonne. Mais il fallait qu'il se rende à l'évidence qu'Olivia apportait un peu de couleur dans son quotidien terne. Même s'il la trouvait chiante. Elle apportait du soleil derrière les nuages. Et puis le fait que Buzz l'aime bien était un gage de confiance, son chien n'aimait pas grand monde et les inconnu.e.s qui venait chez eux devait toujours faire des pieds et des mains pour que Buzz les apprécient. Et elle le faisait rire aussi. Un rire sincère, ce qui l'avait aussi quitté depuis la mort d'Elizabeth.

- Chewbacca est surcôté, mais d'ailleurs, tu savais que Peter Mayhew a reprit totalement son rôle à partir de Star Wars 8 ? Je t'en bouche un coin hein ?

Adrian aimait bien trouver des anecdotes sur les films de pop culture comme ça il pouvait en parler avec les client.e.s qui venaient au café et ça fidélisait la clientèle en quelques sortes. Mais il avait plus de mal à trouver ou à s'impliquer dans des anecdotes de films qu'il n'appréciait pas vraiment. Il lui avait fallu du temps pour apprécier Star Wars et Lou avait dû faire des pieds et des mains pour qu'il accepte de regarder avec elle, mais ça lui servait maintenant, alors c'était un mal pour un bien. Mais la pop culture ne sauverait pas le fait qu'il n'avait pas eu le temps de faire les courses ni même de se faire livrer. Quand il était seul, ça ne lui posait pas de problèmes, mais il fallait qu'il se rende compte qu'il n'était plus seul maintenant et qu'il devait être un colocataire exemplaire s'il ne voulait pas se faire tuer par sa soeur et par Olivia. Adrian haussa un sourcil étonné face à la remarque de sa colocataire et il ne put s'empêcher de sourire en coin.

- Tant que tu ne fais pas trop de bruit et qu'il ou elle ne vole pas mes golden grahams du matin ça me va. Mais tu vas voir, on m'appelle le king du grilled cheese. Et généralement, je me fais livrer.

À ses mots, il se mit au travail et commença à couper des tranches de cheddar en regardant Olivia qui s'affairait du coin de l'oeil, Buzz sur ses talons, faisant l'aller-retour entre le salon et la cuisine espérant secrètement qu'un morceau de fromage se fasse la malle sur le sol.

- Je n'ai pas pu faire tout ce que je voulais faire, j'ai pas eu le temps d'aller au cimetière, mais j'ai fait une séance de sport et je suis allé promener Buzz qui a encore attiré la sympathie de tout les gens du quartier. Si jamais tu as envie de pécho facilement, prend mon chien, tu vas voir c'est phénoménal.

Il ne put s'empêcher de rire avant de mettre les grilled cheese dans la poele et de mettre le minuteur, pour ne pas qu'ils soient carbonisés.

- Et toi ? Ta grand-mère fait encore des siennes ? Après s'il faut que je joue le rôle de l'amant, ça me dérange pas. Je les fait toute succomber apparemment. Je peux aussi faire des blagues graveleuses pour qu'elle n'ait plus envie de te rappeler si tu veux.

Il avait mention très bien sur les blagues de beauf.

- Tu connais la définition d'un déséquilibré sexuel Olivia ? demanda t-il sans contexte ni sans prévention avant de retourner le sandwich dans la poêle, un air innocent sur le visage.

Adrian n'avait jamais vraiment apprécié la compagnie, surtout quand il était chez lui. Les soirées mondaines, Elizabeth a son bras avait été la seule chose qui lui déplaisait réellement dans cette relation mais il avait toujours fait un effort. Pour elle. Il avait toujours prit sur lui, mais quand il est dans son appartement, il préfère le calme et le silence. Enfin, avant. Avant qu'elle ne décéde parce que le silence maintenant aggravait les pensées qui le tourmentaient. Mais tout cela était avant Olivia, et il ne lui dirait jamais qu'il a besoin de silence, qu'il a besoin de calme. Qu'il ne veut pas parler. Parce qu'il a la discussion facile avec elle. Surtout quand elle le clashe, surtout quand elle lui fait comprendre qu'il agit comme un con. Alors il a de moins en moins envie d'être con avec elle. Alors il essaie l'humour et ça passe, ou ça casse -soyons honnête, ça casse la plupart du temps-.

D'accord, cette information ne casse pas trois pattes à un canard mais est-ce que tu étais au courant ? Moi c'est ça que je veux savoir. Savoir si je dois m'améliorer dans mes recherches d'informations sur les sagas de pop culture pour t'impressionner.

Adrian croisait les bras pour démontrer son sérieux avant de se mettre à rire quand il vit la malice dans les yeux de la brune, il leva les yeux au ciel et fit une tête offusquée quand il se rendit compte qu'elle n'avait que faire de cette information. Le barista était un peu long à la détente quand il le voulait.

Après tant que tu me préviens, tu peux faire ce que tu veux avec qui tu veux hein. Enfin... Je veux pas de détails, juste tu me demandes de libérer l'appart une heure ou deux. Je comprendrais que c'est parce que tu veux t'envoyer en l'air, se justifia t-il avant de continuer, j'ai d'autres talents à toi de savoir si tu veux les découvrir.

Il haussa les épaules avec nonchalance, un sourire en coin qui donnait une explication silencieuse à ses propos. Avant qu'il ne se rende compte du caractère sous-entendu des dit propos et qu'il ouvre la bouche avant de la refermer pour ne pas s'enfoncer. Il n'était pas prêt. Et il n'avait pas envie de casser ce qu'ils essayaient de construire. Une relation de colocataires basée sur la confiance. Et puis de toutes façons, elle finirait par partir. Comme tout le monde.

Il préférait ne pas y penser en s'affairant à faire les grilled cheese, c'était bien le seul endroit du monde où il ne pensait pas. La cuisine. Parce qu'il était impliqué à ne rien faire brûler, que ce soit le pain, ou tout autre ingrédient qui nécessitait une grande concentration et les pensées parasites n'avaient que faire dans une cuisine. Il écoutait attentivement Liv qui parlait de sa grand-mère qui avait l'air d'être un sacré spécimen et il ne put s'empêcher d'éclater de rire.

Bien évidemment que je connais Baldur's Gates 3... Je parie que tu n'as pas vu la playstation qui est d'ailleurs caché sous le meuble de la télé... Mais quand ta grand-mère se rendra compte que tu fais regarder des trucs de cul à ton grand-père, hit me up. Je veux avoir sa réaction ! Et pour le chien, je me doute que tu n'as pas besoin de cela.

Un petit compliment qui passe comme ça. Avant que la nature première du Dawkins revienne et que la blague qui filtre à travers ses lèvres ne flotte dans l'air.

Ben, C'est un mec qui quand il bande, il tombe en avant... 

Il se met à rire tout seul en se concentrant sur la poele qui se trouve en face de lui et il vérifie la couleur du pain qui se trouve en face de lui. Il s'arrête de rire quand elle lui propose son aide. Il n'arrive pas à demander de l'aide Adrian. Il est bien trop fier pour le faire.

Oui... Je sais. commence t-il, la voix un peu cassée. C'est juste que je n'ai pas envie de t'imposer ou d'imposer à qui que ce soit la merde qui me sert de vie.

Il hausse les épaules en remplissant les assiettes et il se mordille la lèvre inférieure.

J'veux juste pas implorer la pitié. J'sais pas si Lou t'as dit. Mais j'ai- J'ai perdu la femme que j'aimais. Et j'me sens pas capable de voir les gens qui la connaissait parce que leur main compatissante sur l'épaule pour me dire qu'ils sont désolés, j'peux juste pas. Les derniers mots qu'elle m'a dit c'est qu'elle me détestait. Et que j'étais qu'un gros con. Alors savoir que des gens sont désolés pour moi sans savoir qu'elle ne savait même pas que je l'aimais quand elle est morte. J'ai juste pas envie.

Tandis qu'il se rendait compte qu'il avait sûrement été trop loin dans les confidences, Adrian lui tendit son assiette en prononçant un

C'est prêt, tu m'en diras des nouvelles.

Puis il espérait secrètement qu'elle ne relancerait pas la conversation. Parce qu'il avait été trop loin dans les confidences. Et qu'il ne se sentait pas prêt à parler d'Elizabeth à quelqu'un d'autre qu'à son psy.  

Il ne pouvait s'empêcher de faire une tête impressionnée quand elle prononça la réplique d'Elrond. Et il se nota mentalement de lui proposer, un jour, un marathon seigneur des anneaux. Parce qu'il voulait lui faire plaisir et il fallait bien se rendre à l'évidence qu'elle était tout autant branchée pop culture que lui, et ça lui faisait du bien. De pouvoir parler de ce qu'il aimait sans avoir peur d'être jugé -no offense to Liz, but she was not very into pop culture-. Il ne releva pas à haute voix l'histoire du sabre laser mais il ne put empêcher la remarque grivoise lui traverser l'esprit. Heureusement pour lui, avec le temps, il avait réussi à faire fonctionner le filtre cerveau/bouche de plus en plus.

- Tu serais étonnée de mes multiples talents! Mais j'espère que tes prochains dates seront à ta hauteur. Enfin, je veux dire, genre, t'es cool donc j'espère qu'ils seront aussi cool que toi.

Il lui offrit un sourire un peu con, parce qu'il se rendit compte qu'il venait de la clasher sur sa petite taille, et il n'avait pas vraiment prévu de le faire. Enfin, il espérait qu'elle ne se vexe pas. Parce qu'il n'avait pas eu l'intention de la vexer.

- Comme quoi que je peux servir à tout, je te la montrerais après et on pourra se faire une partie si tu veux.

Il n'avait pas touché à sa console depuis un bon moment, et il n'avait aucun doute qu'elle risquerait de le battre à plate couture parce qu'il avait sûrement un peu perdu la main. Mais au moins, ça lui faisait plaisir de trouver quelqu'un avec qui jouer. Et ça lui faisait tout autant plaisir d'avoir quelqu'un qui rigolait à ses blagues à la limite de la puérilité. Au moins, peut-être qu'il pourrait être un peu plus lui même qu'il ne l'était avant. Si l'on mettait de côté le sérieux de la conversation qui se profilait à l'horizon.

- Ah ouais ? T'as vécu ça ? lui demande t-il, ignorant le coup au coeur qu'il venait de se prendre. Parfois j'aimerais revenir en arrière pour l'empêcher d'y aller, tu sais. Ou alors, j'aimerais ne pas lui parler d'avenir, ne pas lui demander si elle pourrait changer d'avenir pour qu'on ait un enfant tout les deux. Parfois, je me dis que j'ai été trop égoïste. Et que si je n'avais pas été égoïste, elle serait encore là.

Adrian souffle un instant et se mord la lèvre avant de croquer dans son grilled cheese, une main qu'il se passe derrière la nuque mal à l'aise. Il n'avvait pas prévu d'avoir une conversation de la sorte et surtout, qu'il se confierait si aisèment. Peut-être que se confier à une presque inconnue était la chose à faire.

- Non, rien de prévu. Vas y, tant que c'est pas une comédie romantique à l'eau de rose qui te fait pleurer ça me va. Si c'est ça, je te jure que je te met à la porte, prononce t-il à moitié sérieux avant de lever les yeux au ciel, je rigole bien évidemment. Mais juste, évite les comédies romantiques.

Il n'avait pas envie de subir ça, et il n'en avait pas la force non plus. Quand il eut terminé son assiette, Adrian se leva pour aller la mettre dans l'évier et se nota mentalement de faire la vaisselle avant d'aller se coucher. Il remplit la gamelle de Buzz avant de se tourner vers Olivia.

- Tu sais que si tu as besoin de parler, tu peux ? Enfin j'veux dire, je saurais peut-être pas trop quoi dire, mais j'pourrais être une oreille attentive. J'serais sûrement de mauvais conseils par contre, mais vraiment, si t'as besoin, tu peux m'parler, vraiment.