La tête dans le vague, les yeux dans le flou, Adrian laissait filtrer avec difficulté les rayons du soleil à travers les rideaux de sa fenêtre de chambre. Il était rentré bien trop tard et en bonne compagnie, et lorsque le réveil sonne cela en est trop pour lui. La rouquine qui est sous les draps s’extirpe de la literie et se rhabille, Adrian en fait de même et passe par la salle de bain pour se préparer à aller travailler. La rouquine a disparu entre temps et Adrian passe par la cuisine pour se faire un café sous les yeux agacé d’Olivia « What’s up? » demande t-il, le couillon, se servant un café face au silence assourdissant de la brune qui partage son appartement. Il ne comprend pas vraiment ce traitement de silence, hausse les épaules et il fixe la porte quand elle la claque pour partir avec Buzz. Il hausse les épaules, avant d’enfiler sa veste et de lui laisser un post-it pour lui souhaiter une bonne journée comme il fait depuis un moment. La vie avec Olivia était plus douce que ce qu’il ne pensait et il aimait la retrouver pour se regarder un film ou jouer aux jeux vidéos. Il était étonné de la facilité à laquelle ils arrivaient à communiquer (bon, visiblement, pas ce matin) et comment leur relation était restée cordiale malgré les écarts qu’ils avaient pu effectuer. Elle comprenait ses silences, elle comblait le vide de l’absence d’Elizabeth même s’il ne lui demandait rien. Il ne lui avait rien demandé et elle avait un peu retourner son monde, comme ça. Avec des petits mots, avec des petits gestes du quotidien et il fallait le dire, Adrian s’y était habitué. Il espérait (secrètement) qu’elle ne retourne jamais dans son appartement.

La journée avait été terriblement longue et les sms qu’il avait envoyé à Olivia étaient restés sans réponses. C’est peut-être pour cela qu’il avait été un peu agacé toute la journée, qu’il avait envoyer bouler une tripotée de Karen, qu’il avait renvoyé chez lui un de ses employés qui avait décidé de n’en faire qu’à sa tête et qu’il avait lancé une mesure disciplinaire à l’encontre de ce dernier. 0 fuck to give, il n’avait pas le temps pour arrondir les angles, Adrian. Il avait un poids qui le pesait dans la poitrine et c’était surtout ça, qui l’agaçait. Un nouvel sms resté sans réponses, Adrian s’arrêta alors au traiteur qu’ils aimaient tout les deux, et se dirigeait jusqu’à l’appartement pour maudire l’ascenseur qui n’allait pas assez vite avant d’ouvrir la porte et de tomber nez à nez avec une valise qui lui semblait bien trop familière et des sacs de livres bien trop familiers eux aussi. Il déposa le sac de nourriture à hauteur pour que Buzz n’en fasse pas son dîner et s’appuya sur la chambranle de la porte « Qu’est-ce que tu fais?  » demande t-il, un peu abasourdi par la violence de l’échappée qu’elle allait effectuer s’il n’était pas rentré si vite. « Tu t’en vas? » rajouta t-il, les yeux fixés sur la brune et Buzz qui ne semblait pas comprendre non plus. « C’était pour ça, ce silence ? »

Il avait la douloureuse sensation que l'épée de Damocles se balançait bien trop rapidement au dessus de sa tête, et ce tout au long de la journée. Il avait la nette impression que son monde allait être secoué et il était incapable de savoir pourquoi. Il aurait voulu que ça se passe comme ça, le jour où Elizabeth est décédée, il aurait voulu avoir ce pressentiment. Peut-être que ça l'aurait empêché de mourir. Même s'il était sûr du contraire, si ça s'était passé ainsi c'est que cela devait se passer de la sorte. Il n'était pas croyant, pas pour un sou, mais il avait relativiser. Heureusement pour lui, Adrian avait réussi à se retourner un an et demi après le décès, et c'était sûrement ce qu'il comptait pour lui. Avoir tourner la page, parce que c'est ce qu'elle aurait voulu et il ne pouvait pas s'apitoyer sur son sort éternellement.

Même s'il avait le coeur lourd, il n'avait eu qu'une hâte c'était de rentrer pour la retrouver et la prendre dans ses bras, faire une partie de Baldur Gate's ou même traîner sur TikTok pendant qu'elle lit son bouquin, juger toutes ses réactions, se doutait quand les enemies deviennent lovers (le trope préféré d'Olivia). Il pouvait savoir si un livre lui plaisait à sa façon de se positionner dans le canapé et de se plonger dans le livre. Et il était capable de dire quand elle n'aimait pas un livre à la façon dont elle avait de changer régulièrement de position. Mais elle n'abandonnait jamais un livre, jamais. Ou du moins, il ne l'avait jamais vu faire. Ils avaient établis une routine tout les deux et c'était ce dont il avait besoin. De stabilité avec quelques écarts.

Puis l'épée de Damocles vacilla dangereusement une nouvelle fois et il fut frappé par le ton qu'elle employa à lui répondre, il cligna deux fois des yeux et se gratta la nuque [color:8676=669900]« Mais tu peux rester ici le temps que tu veux. » répondit-il, étonné en passant la langue sur ses lèvres en soupirant, Buzz qui se frottait aux pieds d'Olivia alors qu'il s'approchait d'elle « Tu ne vas pas retourner chez tes grands-parents, vous allez vous entretuer avec ta grand-mère. » Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres « Je l'imagine déjà te râler dessus. » continue t-il avant de s'approcher de la cuisine pour déposer la nourriture qu'il avait acheté « Et je n'ai pas envie que tu partes, Liv. Avec qui je vais jouer à la playstation moi? Elle n'a jamais autant marché que depuis que tu es là... » Il se rapproche d'elle, d'un pas, reste tout de même à une distance raisonnable, des fois qu'il lui prenne des envies de violence « Puis Buzz aurait le coeur brisé tu sais... »