Certains pourraient dire que je m'investis un peu trop dans ce mariage qui n'est pas le mien. Mais je ne pense pas être trop invasif ou m'immiscer dans leur intimité, sinon, ils me l'auraient fait comprendre. En plus, le couple continue de m'inclure dans certains préparatifs du mariage, et j'en suis ravi. Il faut bien que quelqu'un soit carré dans ce wedding commettee, non ?
Et puis, ça fait du bien de revivre ces moments si heureux à travers eux. Il faut dire que cela fait quelques années que c'est un peu compliqué entre Janet et moi. Mais on a chacun nos torts et on travaille dessus avec notre thérapie de couple depuis quelques temps maintenant. Ca fonctionne, et je sais qu'on va finir par redevenir le couple qu'on était avant, un meilleur couple, même. Je suis patient, et bien conscient qu'elle a des choses a régler et à guérir de son côté pour que nous puissions être parfaitement bien ensemble. C'est ça un couple aussi, pour le meilleur et pour le pire. Tant que l'amour, le respect et l'envie de faire fonctionner les choses sont là, alors tout est possible.

Aujourd'hui, c'est avec Ann que j'ai rendez-vous. Elle ne m'a pas encore donné tous les détails, mais m'a demandé de la rejoindre chez elle parce qu'elle veut mon avis sur quelque chose. Je ne suis pas sûr de ce qui m'attend, mais dans tous les cas, j'ai hâte de pouvoir l'aider. Tout le long du trajet, j'ai un sourire placardé sur le visage. Jusqu'au moment où je sonne à la porte de leur appartement. Lorsque la porte s'ouvre, je montre la bouteille que j'ai dans les mains. « Hiii deaaar ! I brought prosecco !! » Parce que qu'est-ce qu'une séance brainstorming sur le mariage sans bulles ? Je vous le demande ! « You look absolutely stunning today, miss ! I think wedding planning suits you pretty well ! Now tell me ! How can I help ? » Je lui demande en la serrant dans mes bras avec un chaleureux hug.

Les préparations du mariage allaient bon train. Anneke n’arrivait pas à se mettre dans la tête qu’il ne s’agissait plus qu’une question de jours à présent avant d’être mariée. Même si elle en avait été l’instigatrice, l’idée même de mariage semblait avoir du mal à faire son bout de chemin dans sa tête, d’autant plus maintenant que la date était proche. Plus jeune, et jusqu’à peu, à vrai dire, elle avait associé le mariage avec ennui et cœur brisé. Et puisque force était de constater que rien de tout cela ne se pointait à l’horizon avec Wes, une petite dissonance se créait. Oh, elle était ravie de pouvoir se pavaner au bras de son fiancé, fière comme tout de le présenter comme son futur époux, là n’était pas la question. Mais tous ces préparatifs lui filaient la migraine. Il y avait beaucoup trop de choses à gérer, de questions posées dans tous les sens, sa future belle-mère qui préparait sa venue à New York et comptait bien squatter leur chambre d’amis alors qu’elle avait les moyens de se payer l’hôtel, le photographe qui les lâchait à la dernière minute, bref, plus les jours passaient, plus Ann rêvait de pouvoir passer la bague au doigt de son fiancé en toute discrétion et d’envoyer sur les roses toute la partie où elle était supposée gérer une réception. Bref, elle regrettait d’avoir voulu se la jouer subversive en refusant d’appeler une wedding planner.

Sa nouvelle prise de tête cependant ne relevait que d’elle-même. Après avoir passé trois jours à tenter d’écrire ses vœux, force était de constater qu’elle avait besoin d’aide. Oh, elle avait écrit des tartines, ce n’étaient pas les mots qui lui manquaient, mais elle voulait que tout soit parfait et à la hauteur de la plume de Wes. Rien ne lui semblait assez bien. L’exercice était difficile, pour elle qui débordait de fierté mais n’était pour autant pas très à l’aise avec l’idée d’une déclaration trop intime face à leurs proches. En résumé, se prendre pour le main character d’une romcom pendue au cou de son amoureux en public, très bien, vocaliser ses sentiments en dehors de son cocon, face à une audience qui écouterait et jugerait chacun de ses mots, un peu moins.

Elle avait donc appelé Elior à la rescousse. Depuis l’annonce de leurs fiançailles, le couple s’était accordé sur une chose : ne pas le laisser prendre trop de place dans les préparatifs s’ils voulaient que leur mariage leur ressemble et ne soit pas une ode aux paillettes et aux princesses. Cependant, Elior était adorable, et un ami comme on en faisait peu. Ne pas l’impliquer du tout ne faisait aucun sens, ni pour Wes, ni pour Ann. Alors, quand elle lui ouvrit cette après-midi là, elle l’accueillit comme le messie : avec de grandes effusions et en lui sautant dans les bras. « And that, my dear, is why I love you. », sourit-elle en s’emparant de la bouteille de prosecco qu’il avait emmenée. « Always there to help me drink my way out of things. » Elle n’avait pas oublié la première véritable soirée qu’ils avaient passée ensemble, quand elle n’était qu’une flaque de larmes et de remords et qu’il lui avait remonté le moral à base de sushis et de vin blanc.

Elior la complimentait avec force et Ann rit : « You’re sweet but I’m on the verge of a mental breakdown, I had no idea how stressful the whole planning thing would be, jeez… I wish I could just go to the town hall with Wes, sign the papers and go home, unfortunately I think Linda would never forgive me for that, and she already doesn’t like me very much so I’d rather not cross her. Anyway… » Vraiment, sa future belle-mère lui ferait froid dans le dos si elle n’avait pas été briefée pendant des mois sur le personnage avant même de sortir avec Wes. « So, you know how good Wes is with words and I’m not, like, I can write but I’m not nearly as good as him, and I’ve been struggling to write my vows cause nothing seems good enough, like, dude’s written an entire fucking song about me like a year ago and now I’m supposed to compete with this and read it in public ? That’s not happening. » Elle grimaça. « So yeah, I basically need your help with my vows, if you don’t mind ? »

Je suis quelqu'un de très expressif, et que ce soit les bons ou les mauvais sentiments, on peut toujours tout lire sur mon visage. Aujourd'hui, en l'occurrence, je suis extrêmement excité et enthousiaste à l'idée de filer un coup de main à Ann en ce qui concerne le mariage, même si au début je ne sais pas encore de quoi il s'agit. Jusqu'à ce qu'elle ouvre la porte et réponde à mon compliment. Je hausse mes sourcils en l'entendant parler, son monologue laisse apparaître le stress qu'elle semble ressentir. Je pose doucement une main sur son bras en bloquant mon regard dans le sien. « Dear God, calm down, honey. Don't forget to breathe, okay ? » Je lui réponds avec un petit sourire qui se veut rassurant sur le coin de mes lèvres. « First of all, Linda wouldn't be the only one not to forgive you guys if you just end up in city hall, okay ? » J'essaye de mettre une pointe d'humour dans la conversation pour tenter d'alléger un peu mon amie qui a l'air un peu désemparée face à la situation. Et puis après tout, c'est pas si faux. Wesley et Anneke méritent un beau mariage à l'image de leur histoire.
« And yes, of course I'll help you. » J'avance dans l'appartement comme si c'était ma deuxième maison, which it kinda is. Ou du moins, j'agis toujours comme si ça l'était. Après être arrivé dans la cuisine, j'ouvre un tiroir pour y sortir un ouvre bouteille. « But you're gonna need a little bit of these magic bubbles to calm you down. » J'ai visiblement bien fait d'apporter cette bouteille de prosecco. « Speaking of her I feel like it's been ages since I haven't seen Linda, how is she ? » Ben oui, je la voyais beaucoup quand on était gosses, mais depuis que j'ai bougé à New York et que j'ai fait ma vie loin de Chicago, je n'ai pas recroisé la mère de mon ami d'enfance tant de fois que cela. « Anyways, we're not gonna talk about your mother-in-law all afternoon, how are you really ? » J'essaye de détendre Ann du mieux que je peux avant qu'on se mette au travail. « Where are your champagne glasses ? I would open every cabinet to look for it but I truly have no idea where you guys put them... » Et après je ne voudrais pas qu'on puisse dire que je suis quelqu'un d'invasif, qui prend trop de place... parce que loin de là, hein. Je ne suis vraiment pas ce genre de personne. (si)