« Don't worry about me, honey, I'd rather stay with our daughter, just in case. And I've got a bad headache anyway. Go. Have fun. » m'avait dit Olivia avant de me déposer un baiser sur la joue.
Elle n'est pas venue avec moi à l'évènement caritatif de ce soir pour rester avec notre fille qui s'est foulé la cheville la veille en cours. Mais je soupçonne qu'elle n'avait juste pas envie de venir et qu'elle a sauté sur les prétextes évidents pour pouvoir se tirer de la situation. Ce genre de soirées mondaines n'ont jamais trop été sa tasse de thé, et je le sais. Généralement, elle fait un effort, la plupart du temps, même. On peut dire que j'ai déniché une perle rare qui fait des concessions pour se fondre avec mon cercle social. J'espère tout de même qu'elle apprécie m'accompagner quand elle le fait, je suppose que oui. Sinon elle ne viendrait pas autant, si ?

C'est pour cela que lorsqu'elle ne veut pas venir, je ne tente pas plus que cela de la convaincre. Et puis après tout, si elle a mal à la tête, elle ferait mieux de se reposer. Et c'est ainsi que je me retrouve seul à cet évènement. Deux heures passent, j'enchaîne les conversations avec des personnes différentes et pourtant, les conversations se ressemblent. Tous ces gens ont les même sujets de conversations superficiels et barbants. Dans ce genre de soirées, tout le monde joue un rôle, moi le premier, j'en suis certain, puisque je garde un sourire sur mon visage tout le long et je hoche la tête en faisant semblant d'écouter Karen se venter de ses rosiers et Charles exagérer les exploits de son fils, le quaterback de son équipe de football. Mais c'en est trop, et je décide de sortir discrètement du bâtiment, mon whisky dans une main. Je m'adosse contre un mur sur le côté, loin de la porte d'entrée pour ne pas être dérangé et de ma main libre, je fouille la poche intérieure de ma veste et sors mon paquet de cigarettes. Je la cale entre mes lèvres pour l'allumer et inspire une première bouffée de toxines comme si ma vie en dépendait pour quelques secondes plus tard souffler la fumée dans un soupire de soulagement. Comme si je recrachais une certaine pression en même temps. Pas le temps de penser "enfin seul" qu'une silhouette familière semble avoir eu la même idée que moi. Mais la jeune femme semble peiner à trouver son briquet, alors je lui tends le miens. « Do you want mine ? »
Puis, je tourne mon regard vers le ciel qui s'assombrit de plus en plus avant qu'elle ne me rende ce que je viens de lui prêter. « Hey, you're Miss O'Hare, right ? David's first daughter ? » Je souris poliment et hoche la tête. Dans ce genre de soirées les cercles sociaux de même classe ont tendance à se croiser. Mais je savais que je connaissais ce visage. « I know him. Well, my father knows him. But still. »