En vrac : Lune aime beaucoup l’astronomie et elle se sent irrémédiablement attirée par l’astre d’où elle tire son prénom. ; Lune adore les échecs, elle se débrouille d’ailleurs plutôt très bien. Elle a été championne régionale d’échec. ; Lune est une ancienne sportive, elle aimait beaucoup courir mais elle a surtout longtemps été une gymnaste accomplie. ; Lune chante plutôt bien mais ne sait pas jouer d’instruments. ; Lune ne croit pas en Dieu, il y a eu trop de malheur ces derniers temps pour que ce soit le cas. Elle croit en revanche aux Esprits, aux fantômes, aux âmes errantes, qu’importe le nom que vous donnez. Elle croit d’ailleurs que son mari est toujours à ses côtés et donc, elle lui parle régulièrement quand elle est seule. ; Lune est assez influencée par la Nouvelle-Orléans dans … presque tout en fait. Il faut dire qu’elle y a vécu une très grosse majeure partie de sa vie. ; Lune est terrifiée par les serpents depuis toute petite. Depuis l’accident de voiture qu’elle a eu avec son mari, elle n’aime pas la vitesse et, surtout, ne supporte plus d’être la passagère d’une voiture. ; Lune parle un français parfait, se débrouille plutôt bien en espagnol et en suédois et baragouine quelques mots dans d’autres langues. ; Elle adore la photographie, elle a d’ailleurs un bon matériel. La plupart du temps, ses tirages sont en noir et blanc, elle trouve que c’est bien plus beau comme ça. Parfois, quelques clients lui demandent d’être leur photographe mais comme ce n’est qu’une amatrice, la plupart des gens préfère un professionnel. ; Elle a souvent un crayon dans ses cheveux, car, quand elle ne les laisse pas pendus, ils sont attachés grâce à cela. ; Quand elle réfléchit, elle a tendance à se mordiller ses lèvres ou à croiser les mains sur la table. ; Elle a très souvent des migraines mais ne prend pas toujours de cachets. Parfois, elle utilise des plantes naturelles ou bien l’huile essentielle de menthe poivrée qu’elle met sur ses tempes. Ca marche tout aussi bien. ; Elle croit au grand amour, aux âmes-sœurs, à ce fil rouge qui relie deux êtres. Elle veut croire que Joshua était son âme sœur mais rien n’est sûr. ; Ses fleurs préférées sont les orchidées, les lys, les roses mais elle n’aime pas les tulipes et les coquelicots. ; ETC.

Journal intime de Lune. Pas si intime que ça en fait.

tw: accident de voiture, décès, deuil, blessures et séquelles, mention de catastrophes naturelles (et ce qui en découle), mention de dépression et début d'alcoolisme, mention de COVID et des conséquences

Ce journal ne s'est pas fait en un jour, vous imaginez bien. Cela lui a pris énormément de temps. Elle n'a pas commencé tout de suite lorsque son docteur lui a conseillé. Elle s'est arrêtée plusieurs fois. Bref, ce journal n'est pas écrit en une seule fois.

Ce journal n’est pas à l’intention de qui que ce soit d’autre que le docteur et moi. Il pense que c’est une bonne idée d’écrire mon passé, mon présent et ce que j’aimerais dans le futur. Ce que j’en pense moi ? Je ne sais pas vraiment. Je crois que je n’ai plus l’âge de faire des journaux. Je ne sais même pas par quoi commencer. Je me demande comment je faisais quand j’étais ado d’ailleurs. Je crois que si je relisais ces journaux, je ne me reconnaîtrais pas et je crois même que je me trouverais peut-être un peu bête. Peut-être que j’aurais un petit peu de tendresse pour celle que j’étais à l’époque qui sait ? Cependant, ce n’est pas cela qui me fera avancer dans mon histoire.

Je suis Lune Solveig Elvira Underwood, née Lecarpentier. Je suis née à la Nouvelle-Orléans le 1er Octobre 1980. J’ai eu la chance d’avoir deux sœurs et un frère ainsi que des parents aimants. Mes parents d’ailleurs ont ce que l’on peut appeler la tête dans les nuages. Qualifiés de bizarre parfois. Catalogués comme des hippies qui n’ont pas grandi, ils ne se sont pourtant jamais drogués ni quoi que ce soit dans le genre. C’est juste qu’ils sont ainsi et parfois, j’envie leur attitude toujours positive et cool. Ils sont parfois surprenants dans leurs sagesses. Je ne dis pas que tout a été toujours rose et parfait mais je n’ai jamais eu à me plaindre contrairement à mes grands-parents et à mes parents.

Les personnes autour de moi ont toujours dit que j’étais complètement différente de mes parents dans mon caractère. Il semblerait que j’aie toujours eu les pieds sur terre et que je faisais preuve de maturité avant l’heure. Cependant, si je me compare à l’enfant et à l’ado que j’étais … je ne me trouvais pas si mature que cela. Comme tous les enfants, j’ai fait des bêtises, je me suis battue avec des sœurs et mon frère pour des choses triviales etc.

Je crois que je tourne autour du pot pour retarder le plus possible le moment où je vais vraiment me raconter. Docteur, je crois que vous me le direz, n’est-ce pas ?

Si je dois parler de mon histoire, je dois parler de Joshua et c’est encore extrêmement difficile.

Joshua et moi, nous nous connaissons depuis longtemps. Très longtemps. C’est à la maternelle qu’on s’est vu pour la première fois. Joshua pleurait lors de la rentrée. Il ne voulait pas aller à l’école. Moi, j’étais tranquille et donc, je lui ai pris la main en lui souriant. Il n’a plus pleuré ensuite. C’est comme ça que nous sommes devenus amis. On était toujours ensemble, comme les dix doigts de la main. Il était mon meilleur ami, celui à qui je pouvais tout dire car je savais que jamais il ne me jugerait ni ne me trahirait. J’avais en lui une confiance aveugle et c’était réciproque.

Nous avons été dans les mêmes écoles et même si nous n’étions pas forcément dans les mêmes clubs, nous sommes toujours restés très proches. Il était presque mon tout premier ami, cela compte énormément n’est-ce pas ? Cependant, pour moi, il n’avait pas d’attrait amoureux, c’était vraiment un ami pendant très longtemps. Il m’a avoué quelque temps après notre mariage que pour lui, j’avais toujours été un amour. Son tout premier mais qu’il avait bien vu que je ne m’intéressais pas ainsi à lui, alors il avait tenté de m’oublier dans les bras d’autres filles mais cela n’avait jamais marcher.

De mon côté, j’ai eu un premier amour. Je devais avoir sept ou huit ans. Un garçon plus vieux, je crois que moi mais dont j’ai oublié le prénom. Il ne me reste de lui que son sourire, sa voix et mon amour pour les échecs. C’est lui qui m’a appris à jouer. Il était en vacances avec sa famille à la Nouvelle-Orléans et il était dans un parc, assit sur une table avec son jeu. Seul. Je ne sais pas pourquoi mais ça m’a attiré. On s’est retrouver tous les jours dans se parc et le dernier jour, il m’a offert le roi de son jeu. Je l’ai gardé comme un souvenir. Il est dans un tiroir de ma table de chevet ou dans mon sac. Quand je faisais mes compétitions de gym ou d'échec, je l'avais toujours à porté de main comme un porte-bonheur. Je crois qu’on se ressemblait un peu au niveau du caractère mais tout cela est flou et lointain. Cependant, un premier amour, c’est comme une amitié, cela ne s’oublie jamais entièrement.

Je ne sais pas exactement ce qui m’a ouvert les yeux sur mes sentiments envers Joshua. Est-ce que c’est parce qu’il était toujours auprès de moi dans les meilleurs comme dans les pires moments de ma vie ? Est-ce sa prévenance ? Est-ce que c’est le fait que je n’avais pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu’il me comprenne ? Tout ce que je sais, c’est qu’un jour, j’ai réalisé que j’étais sincèrement amoureuse de mon meilleur ami. Cela m’a effrayé. J’avais peur de lui dire et d’être rejetée et donc, de perdre cette amitié si précieuse à mes yeux. Et s’il m’acceptait comme petite amie mais qu’au final cela ne marchait pas, est-ce que nous serions tout de même amis par la suite ? J’avais tant de questions sans réponses. Lors d’une soirée, nous avions un peu trop bu tous les deux. J’étais nauséeuse et nous sommes sortis pour prendre l’air. La lune était pleine, les étoiles scintillaient et les mots sont sortis tout seul. Un « je t’aime » presque murmurer dans le silence salvateur de la nuit. Quand j’ai réalisé ce que je venais de dire, j’ai pris mes jambes à mon cou … littéralement car à peine dix mètres plus loin, je me suis étalée de tout mon long. Joshua m’a rejoint et m’a pris dans ses bras pour me murmurer les mêmes mots. Notre premier baiser avait un petit goût d’alcool mais d’un romantisme extraordinaire avec une douceur sans nom.

Notre amour a duré. Joshua et moi, nous avons fait des études différentes. Lui, des études d’ingénieur et moi, je suis devenue wedding planneuse et organisatrice d’événement. Maman m’a toujours dit que ses métiers m’allaient bien, moi qui étais si organisée en toute circonstance. Joshua m’a fait sa demande en mariage. C’était vraiment beau … au début mais ça à virer un peu au cauchemar. Nous avions passé une merveilleuse journée tous les deux, nous avions été dans tous nos coins préférés, dans notre restaurant préféré et puis nous sommes allés dans le bayou. Contrairement à ce que vous pouvez croire, ce n’est pas aussi lugubre qu’on le dit … tout dépend où vous aller ceci-dit. Dans tous les cas, nous étions dans un coin du bayou tout à fait charmant. Au coucher du soleil, il a posé un genou à terre et m’a demandé de l’épouser mais je n’ai pas pu lui répondre tout de suite. Je me suis complètement figée en voyant un énorme serpent ramper près de lui. J’ai une véritable phobie de ces animaux. Il a compris que quelque chose n’allait pas, il a vite vu le serpent. Il s’est relevé d’un bond et puis il m’a fait courir le plus loin possible. J’étais tremblante comme une feuille. J’ai glissé, entraînant avec moi Joshua … dans une vase nauséabonde. Il a éclaté de rire, pas du tout impressionner et il m’a dit : « Alors ta réponse ? On a eu le pire alors il n’y a que le meilleur qui nous attend. » Je l’ai regardé, il est comme ça Joshua. D’un optimisme désarmant. J’ai répondu à sa question avec un oui et un baiser qui nous a fait grimacer puis nous sommes partis du bayou pour prendre une bonne douche.

L’avantage d’être wedding planneuse c’est de connaître toutes les bonnes adresses et de savoir organiser son mariage. Joshua et moi nous avons tout planifier à deux. Nous avons été aidés parfois par nos témoins ou nos demoiselles d’honneur. Ce que j’attendais surtout avec une grande impatience, c’est d’essayer ma robe de mariée. J’avais toujours rêvé d’en essayer au moins une car j’ai toujours aimé les robes de mariée. Celle que j’ai achetée est toujours aussi belle à mes yeux, je ne pourrais jamais m’en séparer je crois. Le smoking de Joshua est à ses côtés, toujours. Nous nous sommes donc mariés et c’était le premier plus beau jour de ma vie. Nous avons ensuite consacré plusieurs années à nos carrières respectives avant de fonder notre propre famille. J’ai d’abord eu ma merveilleuse petite fille et puis, quatre ans plus tard j’ai eu un splendide petit garçon. Je suis fière d’eux et j’ai compris certaines choses en devenant maman.

Notre vie à la Nouvelle-Orléans était vraiment merveilleuse. Parfaite ? Non, rien n’est parfait en ce monde mais pour moi, ça s’en rapprochait. Joshua est un père merveilleux, autant qu’il est un époux aimant et prévenant. Romantique aussi parfois. Il me faisait des surprises régulièrement, je ne m’y attendais jamais, il savait cacher son jeu quand il le voulait même si je le connaissais par cœur. Je connaissais ses états d’âmes, ses peines, ses joies. Bref, tout. Ma fille m’a demandé un jour si je l’aimais comme au premier jour, je lui ai dit que l’on s’aime encore mieux lorsqu’on prend de la maturité. C’est vrai, en tout cas, c’est ce que je crois fortement.
Bien entendu, il n’y a pas eu que de positif dans notre vie. Des catastrophes naturelles, des morts, des blessés. Des inconnus pour nous comme des amis(es) ou des collègues. Joshua a perdu trois cousins à cause de Katrina. Moi, j’ai perdu l’une de mes meilleures amies ainsi que mon grand-père qui a fait un arrêt cardiaque ce jour-là. Nous avons tout fait pour remonter la pente et pour nous occuper et par envie également, nous avons aidé à distribuer des couvertures, des vêtements, de la nourriture et plein de choses. Nous avons fait ce que nous avons pu, à notre modeste échelle.

J’aurais voulu rester à la Nouvelle-Orléans. Cette ville, c’est ma vie mais Joshua a été muté à New-York quand son patron a ouvert une nouvelle succursale de son entreprise. C’était soit ça, soit il était viré alors le choix a été vite fait pour nous tous. Cela n’a pas été facile. Ni pour nous, ni pour nos enfants. Je faisais la forte devant eux mais quand Joshua et moi nous étions seuls, je laissais ma tristesse prendre le dessus. On s’est promis de revenir à la Nouvelle-Orléans pour les vacances et plus tard, pour notre retraite. C’était en 2018, c’est tellement proche et pourtant, cela me paraît tellement lointain. J’ai eu beaucoup de mal à m’adapter à cette nouvelle ville dont l’ambiance était tellement différente de ce que j’avais toujours connu. Mes enfants ont été un peu plus rapides que moi pour s’adapter. Quant à Joshua, je dirais qu’il ne s’est jamais réellement adapté et que c’est pour cela qu’il avait un peu changer sur certains aspects.

J’ai cherché du travail mais il n’y avait plus de place nulle part alors je me suis dit qu’il était temps de réaliser un autre de mes rêves … ouvrir ma propre entreprise. Cela a pris plusieurs mois, j’ai beaucoup fait de publicité autour de moi, j’ai embauché quelques personnes pour m’aider. Mon entreprise à commencer à marcher parce que je suis tombé sur d’anciens clients que j’avais accompagnés et qui m’ont donné ma chance. Et puis, comme leur soirée à très bien marché, ils ont fait du bouche à oreille. De temps en temps, ils font appel à moi. Je suis reconnaissante envers ces personnes. Aujourd’hui encore, j’ai mon entreprise et elle marche toujours malgré les différentes épreuves que le temps a mit sur mon chemin.

Juste quand je commençais à me dire que la vie s’améliorait pour notre famille, le destin a décidé de me jouer le plus mauvais coup que j’ai jamais enduré.
L’écriture de Lune se fait tremblante sur les quelques derniers mots. On ressent son émotion même si elle n’a pas encore pleuré. Elle referme le journal, incapable d’aller plus loin ce jour-là. Ce n’est que plusieurs semaines plus tard qu’elle a trouver le courage et la force nécessaire. Même si tout ce qu’elle écrit ensuite ce fait sur plusieurs jours.

Joshua et moi, nous nous disputions régulièrement avant … ce fameux jour. On tentait de ne pas le faire devant les enfants mais, malheureusement, ils ont été témoins de quelques disputes mémorables. Je lui en voulais tout comme je m’en voulais. Parfois, Joshua me reprochait de ne pas l’aimer, de ne l’avoir jamais aimé. Il disait que je n’avais pas oublié ce garçon quand j’avais sept ou huit ans. Oui, je ne l’avais jamais complètement oublié mais pourtant, c’était bel et bien Joshua que j’aimais. Je ne comprenais pas pourquoi il me faisait de tel reproches. D’autres fois, c’était autre chose qui n’allait pas. Je crois que Joshua était fatigué, stressé. Je lui pardonnais tout de même. Il n’a jamais été violent ni physiquement ni verbalement, c’était juste des disputes de couple mais parfois, ça faisait trop mal alors je sortais faire un tour à l’extérieur pour laisser aller mes larmes.

Et puis, en mars 2020, nous étions tous les deux en voitures. Nous avions fait une sortie rien que nous deux mais nous avons trouver le moyen de nous disputer … je ne me souviens plus du sujet. D’ailleurs, je ne me souviens pas de grand-chose. Seulement des phares qui nous ont éblouies et puis … plus rien. Ce que je sais, je le dois à ma famille et aux médecins qui m’ont raconté mais je n’ai aucune image. Apparemment, nous avons fait des tonneaux en dévalant un fossé et nous avons atterri dans un arbre qui a arrêté notre chute. Si je suis en vie, c’est uniquement parce qu’il y avait d’autres personnes sur la route qui ont prévenu les secours immédiatement. J’étais dans un état très critique, les médecins n’avaient que peu d’espoirs de me sauver. J’ai eu énormément de blessure : fracture et traumatisme crânien ainsi qu’une blessure à la colonne vertébrale en font partie. La liste est beaucoup trop longue pour que j’écrive tout ici. D’après les médecins, je suis une véritable miraculée … avec des séquelles assez lourdes tout de même puisque je ne marche plus. En tout cas, très peut. J’ai des pertes d’équilibre, des « black-out » lorsque les émotions ou la fatigue est trop présente. Je cherche parfois mes mots. Il faut dire que je suis restée presque trois mois dans le coma. Le réveil a été douloureux, croyez-moi.

Dans cet accident, je n’ai pas perdu que le physique. J’ai aussi perdu Joshua. Il était en urgence absolue quand il est arrivé à l’hôpital. Malheureusement, peu de temps après, il est tombé dans un état de mort cérébrale … Il ne pouvait plus se réveiller quoi qu’il arrive mais personne n’a eu le courage de le débrancher. Lorsque je me suis réveillée de mon coma, il était encore branché. Je voulais le voir absolument alors les médecins m’ont transféré dans sa chambre pour quelques heures. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. C’est à ce moment-là que son cœur à lâcher … les médecins n’ont pas réussi à le réanimer. Je suis persuadée que Joshua attendait que je me réveille pour partir en paix. J’ai senti sa présence à mes côtés quand il a rendu son dernier souffle. Ne me dites pas que c’est absurde, je veux y croire et rien ni personne ne pourra me faire changer d’avis.

Ce jour-là, mon fils m’a dit que j’étais coupable de la mort de son père. Le bruit d’une gifle qui claque sur une joue s’est fait entendre. Puissante. Ma fille venait de lever la main sur son frère pour la première fois de sa vie. Elle a disputé mon fils mais dans ma tête et dans mon cœur, les mots de mon fils avaient raisonné : il avait raison. J’étais responsable de la mort de son père et cette idée ne me quitte pas depuis. Mon fils m’a demandé pardon il y a bien longtemps, il tente de réparer ce mal qu’il a fait mais je ne lui en veux pas. Après l’enterrement de mon mari, j’ai dû rester encore à l’hôpital avant d’être admise dans un centre de rééducation. J’ai repris le travail deux jours par semaine car je ne pouvais pas rester comme ça, sans rien faire et j’ai nommé mon assistance comme co-directrice de mon agence. Il faut dire qu’elle avait tellement bien travaillé qu’elle le méritait, moi qui pensais diriger seule mon entreprise jusqu’à ma retraite … Cependant il fallait aussi que je me rende à l’évidence, avec cet accident, je ne pourrais pas faire autant qu’avant et donc répartir les rôles étaient la meilleure solution.

Et puis il y a eu la COVID qui est arrivée presque en même temps que le reste alors, ça a été très compliqué. Avec mon état de santé, il ne fallait pas que je l’attrape … malheureusement, on ne choisit pas. Mes enfants l’ont eu également mais, heureusement, sans gravité. Quant à moi, j’ai dû être hospitalisé de nouveau car cela avait infecté mes poumons. Encore aujourd’hui, j’ai parfois du mal à respirer et je ne sens pas toutes les odeurs. J’ai réussi à m’en sortir, pour mes enfants car ils sont ma seule raison de vivre aujourd’hui. Je ne veux pas qu’ils se retrouvent orphelins. Joshua veille sur nous aussi, j’en suis sûre. Ma vie se remet sur de bons rails petit à petit mais je suis toujours meurtrie par tout ceci. Je ne veux pas, ne peux pas passer à autre chose. C’est trop dur.

Le journal s’arrête là, la page est gondolée par les larmes que Lune à laisser couler.