Prologue

tw: adultère, deuil, perte d'un proche, mensonge, dépression, post-partum, solitude, monoparentalité, parent abusif, déni de grossesse

petit récap avant lecture:

Ta tête dans tes mains, tu soupires. Tu n'as aucune idée de comment tu en es arrivée-là et comment ta vie a pu t'échapper à ce point. Tu y réfléchis encore et encore, mais rien ne vient. Du plus loin que tu te souviennes, t'as toujours été relativement heureuse. Pourtant c'est plus vraiment le cas, aujourd'hui.

((FAMILLE)) C'est pas ce que t'aurais appelé de stable, ou de parfait, c'est vrai. Fruit d'un adultère, ton père t'a quand même reconnue et tu as toujours fait partie intégrante de ta famille de son côté, comme du côté de ta mère, par ailleurs. Après ta naissance, ta mère a eu du mal à se reconstruire, persuadée que ta venue au monde changerait quelque chose. T'as été conçue aux États-Unis, mais t'es née en France, à Aubenas, où ta mère vivait à l'époque. Comme si les américains l'attiraient, elle se remarie lorsque t'as trois sans avec celui qui est toujours ton. beau-père, et vous avez fini par déménager à New York. Il s'est toujours efforcé de te considérer comme sa fille, un papa à plein temps davantage encore que celui responsable de ta venue en ce monde. Ton père ça a toujours été ton "papa à temps partiel" ; pour les vacances, les week-end, les sorties, mais jamais les punitions. Tu l'as toujours défini ainsi et du plus loin que tu te rappelles c'est ainsi que tu t'en souviens. Lui et sa femme un peu pète-sec avec toi, ainsi que leur fille, ta sœur, Lemony. Même si vous faire passer du temps ensemble n'a pas toujours été de tout repos en ce qui concerne l'organisation, vous vous êtes toujours relativement bien entendues. Avec vos disputes de frangines si facilement réconciliables, l'avantage d'avoir l'opportunité de vous calmer avant de vous revoir. Alors, oui, c'est vrai, ton enfance en ce qui concerne ta famille n'a pas toujours été de tout repos.

Ta main délicatement passée dans tes cheveux, geste anodin que tu ne remarques même plus, tu t'efforces de respirer le plus profondément possible pour chasser l'angoisse qui te prend au ventre. Tu penses à lui. Comment ne pourrais-tu pas ? Tu chasses son prénom de ta tête alors que cette petite voix s'efforce de te la rappeler, te coupant le souffle et rouvrant la béante blessure de ton cœur qui saigne abondamment.

((MILO)) Rencontre tout ce qu'il y a de plus banal, vous étiez dans le même lycée. Atomes crochus immédiat, il a d'abord été ton ami, bien que l'ambiguïté entre vous est née dès les premiers regards. Ses sourires ont su faire fondre ton cœur aussi vite que du chocolat sous trente degrés en plein soleil. Comme on rencontre son âme-sœur, tu l'as rencontré, quête d'une vie entière si vite réalisée. À tes yeux, cette relation a toujours tout eu d'idéal, toi qui as trouvé ton meilleur ami, ton amant et ton amour en une seule personne, ce que t'imaginais pas faire avant ta vingtaine. Enfin, tout eu d'idéal, sauf ta mère. Dès la première fois qu'elle a posé ses yeux sur elle, son avis était fait. Un plouc, un gars pas sérieux qui ne te mériterait jamais. Pourtant, t'as pas été élevée dans une famille d'un milieu très élevé pour autant, rendant les raisons de ta mère plus qu'obscures. Votre couple a commencé à devenir sérieux au fil des années et vous ne vous imaginiez pas vous quitter ou vivre l'un sans l'autre. Mais ça n'a pas plus à ta mère. Son objectif était simple : défaire ce que vous aviez construit tous les deux. Ton beau-père, lui, a tenté de lui faire entendre raison, rangé de ton côté tant que tu étais heureuse. Mais cela n'a pas fonctionné. Quand Milo t'a demandée en mariage, la scission entre ta mère et toi a bien failli être définitive et toi ne plus jamais lui adresser la parole. Mais ton beau-père a fait tampon, comme à chaque dispute depuis ton enfance. Il a réussi à te calmer et à te convaincre que couper court n'était pas la solution...

Son prénom fait écho dans ta tête et ton coeur souffre autant qu'il s'accélère. Milo. Milo. C'est difficile, mais tu luttes de toutes tes forces contre les larmes qui menacent de couleur sur tes joues. Au lieu de quoi, tu t'efforces de regarder par la fenêtre devant laquelle tu es assise la pluie qui tombe sur la Grosse Pomme.

((INFERNO)) Rien n'a jamais su entacher cette idylle, si parfaite à tes yeux que ta vie aurait pu rester ainsi pour toujours. Avec lui. vous en avez vécu des belles choses. Des disputes, bien entendu, mais quel couple n'en vient jamais là ? Tout ce temps, ce que ta mère a décelé, toi, tu l'as ignoré inconsciemment. Tu as préféré garder les yeux innocents de la femme amoureuse, perdue dans ces moments que vous passiez, chacun si précieux. Sauf qu'un jour, la vie qu'il t'a dissimulée et devant laquelle t'as toujours tourné les yeux a dégénéré. Quand il disparaît, tu penses d'abord qu'il n'a pas eu le temps de t'informer et qu'il se rattrapera dans la soirée. Puis le lendemain. Puis le lendemain du lendemain. Pendant une semaine, tu le harcèles de messages, d'appels, mais rien. Une enquête est ouverte et tu n'as plus le choix que d'être confrontée à tout ce que t'as manqué. Finalement, l'enquête est ouverte mais presque aussitôt bouclée : il est déclaré mort selon les preuves trouvées par la police, mais jamais tu n'as eu à l'identifier. Le début de ta descente aux Enfers. Cette annonce te plonge dans les tréfonds de ta négativité : tu refuses de sortir de chez toi et t'enferme peu à peu dans une routine. Tu coupes le contact avec tes amis, avec ta famille et te refuse même à ouvrir la porte de chez toi. Tu te refuses à manger, à manger vraiment du moins, ne grignotant que le strict nécessaire. Et puis un jour, environ quatre mois après ça, tu fais un malaise. T'es amenée de force à l'hôpital, mais de toute façon t'as pas la force de te battre. On te diagnostique une dépression aussitôt et le verdict tombe presque aussitôt. Tu es enceinte. Dans ta tête, ça ne tourne pas rond. Comment c'est possible ? Voilà quatre mois que tu n'as pas été étreinte et tu n'as laissé personne s'approcher de toi pendant ce temps. La vérité, c'est que tu n'as même pas remarqué les changements de ton corps, que les symptômes que tu avais parfois ressemblaient à ce que t'as déjà eu l'occasion de remarquer autour de toi. Le double diagnostic te pousse à reprendre contact avec Lemony, ta sœur qui, elle-même, sort d'une mauvaise passe de sa vie. Elle est la seule personne avec qui tu acceptes de communiquer pour de vrai. Mais l'annonce de ta grossesse ne te laisse plus trop le choix. Tu n'as désormais plus vraiment le choix que de sortir, participer aux groupes de paroles, ne pas te laisser dépérir comme tu étais prête à le faire.

Lorsque tu accouches, tes parents deviennent de plus en plus présents dans ta vie. Tu ne veux pas toujours d'eux et as besoin d'être seule, mais sous prétexte de t'aider à t'occuper de ton fils et de toi, ils sont là. Ta mère s'accapare ton fils en un rien de temps, t'empêchant de nouer le lien qu'une mère est supposée nouer avec son bébé dès les premiers mois de sa vie. Le post partum ne se déroule pas bien et ta dépression s'accentue, encore plus avec ce lien coupé net que tu n'arrives pas à créer, ta mère étant toujours dans les parages. Tu te renfermes un peu plus, incapable de développer ton instinct maternel et de vivre au mieux cette période de post-partum. Même si aux yeux de tous cet envahissement part d'une bonne intention pour te soulager et t'aider à te soigner sans t'ajouter de charge mentale, pour toi c'est une intrusion dans ta vie que tu as du mal à supporter. Plus encore quand ta mère se convainc que te remarier est la meilleure chose à faire et qu'elle tente de mettre son plan à exécution. Inenvisageable ; tu ne veux que Milo et refuses catégoriquement de te faire passer un autre anneau autour du doigt que celui du grand amour de ta vie, que tu n'enlèves pas. Mais face à ta mère, tu es dans l'inaction, tu ne t'exprimes pas. C'est Lemony, qui prend les armes pour toi et qui réussit à éloigner ta mère et faire revenir ton beau-père à la raison jusqu'à ce qu'il se fasse de nouveau manipuler par sa femme.

Tu soupires. Cette période, tu sais pas comment tu as fait pour la supporter, mais tu y es arrivée, c'est tout ce qui compte.

((RECOMMENCER)) Pour satisfaire ta mère, tu te plies à quelques rendez-vous, noyée dans tes émotions négatives, incapable de sortir la tête hors de l'eau, du moins tu en as l'impression. Grâce à la présence de Lemony, de retour dans ta vie pour de bon, tu réussis à nouer cette relation dont t'as été privée avec Enzo, ton fils, désormais ton port d'ancrage dans cette vie où tout ce qui était parfait a échoué, ses quelques sourires te rappelant déjà à son père, lui qui, à quelques mois, en est déjà le portrait craché. Un peu contre ta volonté, te voilà fiancée de nouveau à un autre homme, mariage que tu ne prépares pas et ne comptes pas réaliser pour autant. Au lieu de quoi, tu perds ton temps sur des jeux, notamment ce jeu auquel tu jouais avec Milo. Tu discutes beaucoup avec un joueur en particulier. Il te rappelle un peu Milo, mais tu passes cette information sous silence. De toute façon, tu ne comptes pas t'attacher à autre chose que ce que tu as déjà.

De nouveau, tu soupires. Tu frottes tes mains contre tes yeux. Ta vie n'a pas été la plus mouvementée qui soit, et tu as aimé chaque moment de ce fleuve tranquille dans lequel tu t'es laissée bercer tout ce temps. Pourtant, tu sais qu'il est temps de réagir, d'avancer. Tu finiras bien par reprendre le contrôle de ta vie à un moment donné... mais pour ce faire, encore faut-il que tu aies un électrochoc.


CARACTÈRE : Créative ; Empathique ; Taquine ; Sensible ; Tête dure ; Lunatique ; Étourdie ; Maladroite ; Bornée
PASSIONS : son fils, les jeux vidéos, le yoga, la piscine, les arts de la scène et les activités manuelles