Adrian ne comprenait pas vraiment comment tout cela avait dérapé ni même où cela allait les mener. Mais il devait se rendre à l’évidence qu’Olivia lui faisait plus de bien qu’il ne voulait l’avouer -de façon totalement platonique- et comme il était pour le moins taquin et qu’il sautait les deux pieds dans le plat la plupart du temps, il ne pouvait s’empêcher de la chercher, de faire des sous-entendus comme il savait si bien les faire et comme elle répondait le jeu était encore plus amusant. Il ne savait pas comment ils avaient pu passer d’un "tu rentres à quelle heure ?" A "let’s take a shower together to save water" Écologie mon œil. Il y avait bien des choses à faire pour l’écologie avant de prétendre que prendre une douche au lieu de deux était ce qu’il fallait absolument faire.

Se reconcentrant sur ses séries, Adrian déposa son téléphone sur le sol à côté du banc de musculation qu’il avait décidé de réquisitionner et se faisait violence pour ne pas checker son téléphone toutes les cinq secondes pour voir ce qu’elle avait pu lui dire. Il avait besoin de focus sur sa séance de sport pour ne pas penser à ce qui l’entourait, tout ce qui gravitait autour de lui et qui n’allait pas manquer de lui exploser à la gueule d’un instant à l’autre. Et il ne voulait pas que Liv soit un dommage collatéral. Elle ne méritait pas ça. Et il se rendait compte une fois de plus, que Liv venait de s’immiscer dans son esprit sans qu’il ne le veuille réellement. Le barista secouait la tête en reprenant sa série après avoir prit la pause réglementaire et se décida à finir par une bonne quinzaine de minutes de tapis pour se vider définitivement l’esprit.

Lorsqu’il eut terminé, Adrian remarqua qu’il n’avait pas de textos d’Olivia mais un de sa sœur, et un de son ex beau-père qui lui proposait de se retrouver au restaurant pour célébrer son anniversaire le soir même. Bien que la proposition était tentante, celui qui fêtait son anniversaire n’avait pas envie de tomber dans un traquenard et se retrouver autour d’une table avec son ex belle-famille, dont son ex beau-frère qu’il ne pouvait pas tolérer et qui ne le tolérait pas non plus de toutes façons. Puis il préférait nettement retrouver le confort de son appartement (et Olivia) que de se retrouver dans un endroit guindé où tout le monde saurait qui il était. Il sauta dans la douche de la salle de sport, un sourire à la con sur son visage quand il se souvint de la conversation qui avait eu lieu à peine une heure auparavant et il se pressa de regagner l’appartement pour l’agacer un peu plus.

Lorsqu’il pousse la porte il peut entendre le bruit singulier des pattes de Buzz sur son parquet et il explose de rire quand il voit son chien affublé d’un noeud papillon. Il s’abaisse au niveau de la bête pour lui offrir des caresses avant de se relever pour apercevoir Olivia à qui il offre un grand sourire.

- Merci Minimoy, répond t-il en saisissant le cadeau.

Il se rapproche d’elle, et se penche vers elle lentement avant de la prendre dans ses bras, un sourire en coin de con sur les lèvres. Puis il s’éloigne jusque dans le salon pour ouvrir le cadeau et il ne peut s’empêcher d’avoir un coup au cœur. Personne ne lui avait jamais offert un cadeau comme ça. Qui prenait vraiment en compte ce qu’il aimait. Et ça, ça le touchait en plein cœur. Ses pensées s’illuminent et il se presse jusqu’à son sac de sport en lui faisant signe d’attendre un instant et il revient avec les mains derrière le dos avant de lui tendre un gel douche

- Si jamais un jour on décide de devenir écologiques ensemble, je t’ai acheté un gel douche à la pêche. Au moins tu ne râleras pas que je râle parce que ça sent trop la noix de coco.

Il la regarde avec un grand sourire avant de s’installer dans le canapé, en lui tendant une manette de ps5, conscient qu’il soufflait le chaud et le froid. Ce qui l’amusait il fallait bien qu’il l’avoue.

- Puisque prendre une douche avec moi te saoulait de ce que j’ai compris  j’en ai prit à la salle, donc une partie de Baldur ça te dit ?

De toutes les techniques de drague, elle venait de lire et d'écrire les pires. Franchement, elle a vu mieux, vachement mieux ; mais non, ses hormones ont visiblement décidé de dire oui pour le seul type qu'elle devrait pas considérer comme potentielle personne avec qui coucher. Elle a l'impression de choisir la facilité, ou plutôt d'avoir un peu trop bien écouté elle ne sait trop quoi. C'est qu'à un moment elle hésite à faire marche arrière, lui renvoyer un message en disant que c'est une mauvaise idée, ce qui est très certainement le cas. Tout en elle lui hurle que ça va être foireux, mais elle a préféré écouter cette petite voix qui lui a fait "Pourquoi pas ?" en haussant les épaules. Heureusement que c'est l'anniversaire d'Adrian, au moins ça lui fait une première distraction avant de savoir comment agir avec lui, s'il allait faire quelque chose en premier.

Olivia a juste oublié quelque chose d'important : Adrian est un con. Un con qui s'améliore, mais un con quand même. Elle a juste été naïve pendant un temps, parce que ça lui a en plus réchauffé le cœur de l'entendre rire face à l'habillement de Buzz ─ qui s'était incroyablement bien laissé faire ─, elle se dit que ça commence bien, que cette journée lui fera plaisir, même si c'est peut-être pas facile pour lui, maintenant qu'elle en sait un peu plus. Liv tente de faire comme si elle ne savait rien, mais de temps en temps, c'est dur de le voir d'un coup se rembrunir et de pas juste lui demander si ça va, parce qu'elle sait que la réponse c'est non. Alors, elle tente de trouver des parades ; tu veux regarder un film ou jouer aux cartes ? T'as avancé ta partie solo sur Baldur's Gate ? Tu veux qu'on prépare un super repas, demain ?, puis heureusement que c'est une parlotte, Liv, parce que ça laisse peu de place au silence qui mène aux pensées sombres.

Sa respiration s'arrête un moment parce qu'il s'approche lentement, et elle aurait dû lire dans ses yeux que ça n'annonce rien de bon, elle reste sur place, s'attend au pire et au meilleur, mais sent finalement juste son étreinte. D'accord. Est-ce qu'ils ont eu la même conversation sur leurs deux téléphones ou visiblement elle a été la seule à comprendre que ça allait se finir sur un partage de lit ? Néanmoins, ces pensées sont dissipées quand il ouvre le cadeau et qu'elle voit que ça a fait son effet, alors elle sourit en retour, se dit qu'elle laissera les questions pour plus tard.

Sauf que.

Il lui tend un gel douche, lui parle du jour où ils seront écolos ensemble ─ c'est ridicule comme concept, vraiment, elle en rirait si elle n'était pas d'un coup furax ─, puis il s'installe, propose une partie de Baldur's Gate, et elle le regarde, médusée. Il lui faut quelques secondes avant qu'elle ne se décide à déposer le gel douche sur la table, à prendre la manette... pour la déposer aussi sur la table, en sécurité, puis elle se munit d'un des coussins du canapé pour frapper Adrian avec. Elle s'y donne à cœur joie, le frappe autant qu'elle peut avec son arme super dangereuse, se jette presque sur lui avec le coussin pour bien souligner qu'il va passer un mauvais quart d'heure.

-Mais ça va aller de te foutre de ma gueule, oui !! qu'elle crie, même si elle est pas énervée, peut-être juste un peu outrée à la rigueur, avant de continuer. Je savais que j'aurais dû empoisonner la nourriture, emmerdeur ! Pégu ! Malandrin ! Bougre d'idiot ! elle continue à l'insulter jusqu'à manquer de mots, puis elle s'arrête enfin de le torturer avec l'oreiller ; maintenant elle a les cheveux en bataille et elle commence à devenir rouge, tandis que ses yeux foudroient son colocataire.

Si Lou les voyait tout les deux, ou du moins, si elle voyait leur messages, Adrian était sûr qu'elle jubilerait. Parce qu'il avait à moitié vu clair dans le jeu de sa soeur et il n'avait jamais rien relevé de ses sous-entendus, ni même de ses présumptions, et encore moins ses piques envers Elizabeth, même si elle s'était un peu calmé quand elle l'avait récupéré en pleine nuit à l'aéroport, le coeur brisé et l'âme en peine. Elle n'avait plus rien dit quand elle avait remarqué que son frère était vraiment peiné par la disparition de sa fiancée. Et il l'avait remercié silencieusement un nombre incalculable de fois, de faire comme si de rien n'était. Il n'y aurait pas de facetime aujourd'hui avec Liz, mis à part un message de son ex beau-père, il n'y avait pas eu d'autres messages. Son ancienne belle-mère ayant prit la défense de son cher fils, il ne pouvait pas lui en tenir rigueur et il n'avait certainement pas eu envie d'user et d'abuser de politesse aujourd'hui.

Et puis, tout ce dont il avait envie c'est d'être au calme, posé, devant une série, un film ou même une partie de jeux vidéos et ne pas se prendre la tête. Ou bien, de mettre à exécution les promesses faites autour de sms échangés. Il feint l'oubli Adrian, face à son cadeau, ne peut s'empêcher de rire face à Buzz. Et ça lui fait du bien, de penser à autre chose qu'à son deuil qui s'abat beaucoup trop souvent sur ses épaules à son goût. L'étreinte qu'il venait d'offrir à Liv n'est qu'un semi-avant goût de ce qu'il l'attend plus tard, parce qu'il n'a pas oublié Adrian, mais c'est plus marrant de la faire miroiter que d'agir normalement, comme une personne normale. Le clou du spectacle résidant dans le gel douche en guise de cadeau, le barista est si fier de lui, qu'il ne quitte pas le sourire goguenard qui traîne sur ses lèvres. Quand il s'installe, il est pas peu fier de lui, la manette toujours tendue, il s'attend à ce qu'elle la prenne mais elle n'en fait rien. Il est presque déçu, une moue qui se dessine sur ses lèvres. Et il n'a pas le temps de dire Ornithorynque s'il se fait attaquer par un coussin. Ses bras croisés au dessus de sa tête, Adrian se protège de cette vil attaque avant qu'elle ne cesse son assaut « Eh bien, je ne savais pas que dans tes bouquins il y avait un vocabulaire si vaste pour les insultes. » prononça t-il en se moquant légèrement. L'homme se saisit du coussin qu'il balance par dessus le canapé et les fait basculer pour qu'il puisse prendre le dessus sur elle, la surplombant de tout son corps, l'un de ses bras appuyé sur l'accoudoir pour ne pas l'écraser. « il paraît que j'ai un affront à payer ? » demanda t-il au creux de son oreille et ses lèvres se rapprochent de celles de Liv, tandis que son front se colle à celui de la brune. « Parce que si tu penses que j'avais oublié, tu sais que je peux être un très bon acteur. » Il ne bouge pas Adrian, son souffle à quelques centimètres de celui de sa colocataire, il ne lui suffit que d'un geste pour que leurs lèvres se touchent mais il n'a pas envie de faire le premier pas, il n'a pas envie d'être un regret pour la brune et s'il le fallait, il ne ferait rien. Parce qu'il ne veut pas la brusquer, au risque de se faire du mal lui même.

Depuis quand elle a plus songé à quelque chose qui pourrait durer ? A son retour à New York, elle a juste été une loque, puis quand les mois ont passé, elle ne s'est pas vraiment fait chier à imaginer quoique ce soit avec personne. Elle a dragué, elle a couché avec des hommes et des femmes, mais elle n'a jamais imaginé continuer une quelconque relation avec une de ces personnes. C'est peut-être différent car elle a emprunté le chemin différent avec Adrian, elle est d'abord devenue son amie avant d'envisager de partager un lit avec lui. Il lui semble pourtant clair que la sentence sera identique quand elle aura récupéré son appartement, que la colocation ne sera plus qu'un vaste souvenir et qu'il n'y aura jamais plus rien, parce que ça se passe toujours comme ça, et Olivia a bien compris qu'elle ne sera jamais la personne qu'on choisit.

Pourtant, y a un petit goût d'habitude dans cette manière de se tourner au tour, de se chamailler et de tendre cette manette ; un aperçu d'une normalité qui s'est installé entre eux, dans leur manière de fonctionner lorsqu'ils sont l'un autour de l'autre. Les gestes qui prennent naturellement place puis le fait qu'elle hésite pas à se lancer sur lui alors qu'il continue à se foutre de sa tronche, qu'elle soit pas forcément vexée mais y a une appréhension cachée, qui est tapie en elle à cause de ses insécurités : la peur qu'il se foute vraiment de sa gueule.

-Et encore, t'as pas encore entendu mon vocabulaire pour parler de cul, le smut est très inventif, qu'elle réplique avec un sourire moqueur...

Qui disparaît lorsque l'oreiller est passé par-dessus le canapé, qu'elle n'a plus d'arme pour le massacrer avec tendresse, puis qu'il se retrouve au-dessus d'elle. La brune ne peut réprimer le frisson qui la parcourt et elle le maudit de lui procurer de l'effet instantanément, de s'approcher si dangereusement sans pour autant vraiment passer le pas. Pendant un moment, une moue un peu septique s'affiche sur le visage d'Olivia. Elle n'a pas pensé qu'il a oublié, mais elle ne sait pas comment lui dire sans le vexer qu'elle a craint qu'il se soit joué d'elle, parce qu'il a trouvé mieux sur Tinder, parce qu'il a craqué sur une fille en plein milieu de la rue, elle sait pas ; si seulement la logique avait sa place quand ça concerne les insécurités.

-Tu dois quand même revoir ton sens de l'humour, parce que t'es le seul à en rire, elle murmure en essayant de paraître sérieuse, mais un sourire se glisse sur son visage.

La tension est palpable et si elle aimerait le faire patienter, si elle aimerait le faire miroiter, elle a soudainement peur qu'il s'échappe, alors la brune plonge sur ses lèvres, s'en empare comme si elle était assoiffée de lui et c'est peut-être le cas. Ses mains s'agrippent à ses épaules, tout son corps aspire à plus, mais elle coupe abruptement le baiser, recule son visage en quête de la réaction d'Adrian.

-T'es sûr que t'as envie de continuer ?

Pitié qu'il lui dise oui, parce qu'elle a pas envie de bouger de là, de se rasseoir à côté de lui comme si de rien n'était ; à la rigueur, elle a plus envie de s'asseoir sur lui, mais elle veut pas l'embarquer dans un truc dont finalement il n'est plus sûr, de passer de la blague à la réalité. Mais en attendant elle reste là, le souffle court, une main déjà dans la chevelure de son colocataire, à attendre sa sentence.

Peut-être qu'au fond, c'était Elizabeth qui lui avait envoyé la brune. Adrian ne croyait pas au destin, mais au moment où il se sentait sombrer plus que de raison, Olivia est arrivé dans sa vie avec toute la vivacité d'esprit dont il avait besoin dans sa vie. Mais il ne se l'avouerait jamais et puis surtout, il ne lui dirait jamais parce qu'elle le prendrait certainement pour un idiot. Et il en avait assez de passer pour l'idiot du village -quand bien même, l'idiotie était parfois ce qui le caractérisait le plus-. Il profiterait du temps qu'ils avaient tout les deux et puis, quand elle se déciderait à partir parce que son appartement aurait été remis en état, il chercherait un.e autre colocataire. Après tout, maintenant qu'il s'était rendu compte qu'il était potentiellement fait pour vivre avec quelqu'un d'autre que lui même il pourrait se mettre à la recherche d'un.e colocataire potentielle, principalement pour tenir compagnie à Buzz durant ses absences (et lui tenir compagnie à lui aussi).  

Mais est-ce que tout les colocataires seraient comme Olivia ? Est-ce qu'ils auraient tous cette manière de le saouler un matin sur trois quand il part bosser et qu'il se prend les pieds dans ses chaussures qu'elle a laissé traîner. Quand elle ne prend pas la peine de rempoter le pot de café. Quand elle l'agace parce qu'elle râle à cause de son livre, et qu'elle reste en boucle dessus pendant des heures et des heures, à se plaindre de tout et rien. Il ne retrouverait pas une colocataire comme ça, Adrian et c'était bien ça le souci. Il lui dirait bien de ne pas retourner dans son appartement, mais ils n'en étaient pas là, loin de là. Il préférait nettement mieux l'agacer pour ce soir, après tout, il avait le droit c'est son anniversaire, donc c'était un peu sa journée.

- C'était quoi l'expression que m'a sorti Lou une fois ? Glaive élancé. Si ça c'est de l'inventivité... Je peux t'en donner des mieux. répond t-il en haussant les épaules.

Il n'avait jamais vraiment compris l'attrait qu'ont les femmes avec ce genre de bouquin, mais il ne jugeait pas. Après tout, les hommes avaient leurs équivalents à base de films d'adultes, alors il n'allait pas en faire tout une histoire. L'histoire qu'il allait faire par contre, était à base de promesse et de mots écrits sur un téléphone qu'il pensait qu'elle avait oublié. Les yeux au ciel qui se lèvent quand elle critique son humour, Adrian ne répond rien cependant, gardant ses remarques acerbes et pleine d'un humour qui ne semble convenir que lui dans un coin de sa tête pour plus tard.

Lorsque les lèvres de sa colocataire s'écrasent contre les siennes, Adrian a le souffle coupé et il éteint la petite voix dans sa tête qui lui dit que c'est mal, qu'il ne faut pas. Qu'il va tout gâcher. Qu'elle va finir par partir aussi. Ses lèvres sont avides de celle de la brune et lorsqu'elle se recule, il reste pantois. Dans l'incompréhension la plus totale. Et la question qui franchit les lèvres lui tire un sourire, si bien qu'il pose une nouvelle fois ses lèvres sur celle de Liv. Se rapprochant un peu d'elle pour qu'elle comprenne par elle-même.

- Je pense que je suis assez clair, non ? murmure t-il au creux de son oreille.

Sa bouche qui trouve le cou d'Olivia sur lequel il se perd, déposant ses lèvres contre la peau de son cou. Mais tout cela c'était avant que Buzz ne se décide à sauter sur le canapé. Probablement jaloux de la proximité des deux colocataires. Adrian leva alors les yeux au ciel et se leva pour dégager le chien du salon, mais il eut une autre idée.

- Viens avec moi, qu'il prononce, d'une voix chevrotante avant de l'attirer jusque dans sa chambre, leurs mains liées.

Et quand ils y parviennent enfin -le temps paraissait s'étirer en longueur pour le brun-, Adrian entre alors dans sa chambre avant de porter Olivia pour nouer ses jambes autour de sa taille et la coller contre la porte qu'il vient de fermer, avide de la retrouver, de la découvrir.

- T'es sûre de toi ? demande t-il, les mains toujours calée sous les fesses d'Olivia.

Parce que vaut mieux deux fois qu'une, et puis il paraît que mieux vaut des remords que des regret. Apparemment.

-Ah moi j'ai eu droit à "sa vaste épée de chair", et tout ce que j'ai pu me dire en lisant ça c'est que, non madame, ça ne passera pas, mais selon les lois de l'autrice ça passe, elle a une petite moue au souvenir de ce passage.

Olivia ne comprend pas très bien pourquoi elle se fait du mal à lire de tels livres, surtout en sachant qu'elle est plutôt une adepte des mondes imaginaires ; enfin, il y a bien la romantasy, qui croise la romance et la fantasy, mais de temps en temps y a le cœur qui se serre quand elle lit des passages, alors que la plupart du smut est si facile ; elle en oublie la complexité des relations et ce qu'il advient d'un cœur quand il est abruptement lâché, piétiné ; oublie aussi les sentiments qui l'ont un jour parcourue rien qu'à songer à Alyson, lorsqu'elles étaient ensemble. Rien que l'idée de sa petite-amie, de la voir, de pouvoir l'embrasser, réussissait à donner le sourire à Liv, à la faire relativiser sur le reste de sa vie, le reste du monde.

Mais elle ne peut pas nier que la présence d'Adrian dans sa vie, depuis qu'elle a rejoint son appartement, l'aide à relativiser aussi. Se lever est moins pénible et cuisiner le soir est plus motivant ; et elle a arrêté de s'enfermer dans sa chambre pour plutôt lire dans le canapé, et des fois, elle arrête même de lire pour regarder ce qu'il a mis à la télé, pour lui poser quelques questions. Dans chaque soirée il y a cette familiarité qui s'installe, et ce baiser lui offre la même sensation. Même si pendant un moment le doute l'habite, elle préfère s'assurer que ce n'est pas son esprit qui a imaginé les messages, préfère vérifier que c'est ce dont il a envie aussi. Les doutes sont dissipés au second baiser, quand c'est lui qui vient à elle.

-J'ai encore des doutes, si tu pouvais continuer à me convaincre...

Sourire en coin alors qu'elle blague, elle lui offre son cou, soupire doucement face à la douce torture de ses lippes, mais c'est que Buzz ─ avec son superbe nœud pap', aux yeux de Liv, c'est important de le préciser ─ vient s'interposer et si un rire s'échappe d'entre ses lèvres, la brune constate bien que ça enchante un peu moins son colocataire. Si elle tente bien de cacher son air moqueur, elle lui offre un sourire avant de se lever de le suivre jusqu'à sa chambre, le cœur qui bat à la chamade tandis que tout en elle s'impatiente. Y a même une satisfaction à se retrouver autour de ses hanches, un peu au-dessus de lui, et de le sentir si près, il n'y a plus qu'à franchir une dernière limite, et il n'y en a plus aucune.

-Continue.

Et c'est le seul ordre qu'elle donne avant de s'emparer à nouveau de sa bouche, de laisser ses mains se glisser sous son haut grâce à son col, laisser ses doigts découvrir quelques premiers muscles tandis qu'elle s'abreuve de chaque toucher, d'à chaque fois où ses mains à lui se déplacent sur son corps, et il lui semble soudainement que ce qui la faisait caler pour coucher avec d'autres personnes a mystérieusement disparu dans les bras d'Adrian. Elle s'offre entièrement à celui-ci, sans redouter ce qui pourrait advenir le lendemain, juste désireuse d'enfin lâcher prise.

tw: prémices de relations sexuelles (peu détaillé mais quand même)

Adrian n'était en rien littéraire et il n'avait pas beaucoup de livres en sa possession, le seul qui trônait dans sa table de nuit était the great gatsby parce que c'était l'ouvrage préféré de sa mère et il avait hérité de cette édition lorsqu'elle était décédée. Il ne l'avait jamais ouvert, mais savoir qu'il avait un peu d'elle à ses côtés lui faisait le plus grand bien. Personne ne savait la signification de ce livre pour lui et il en était plutôt heureux. Comme un secret qu'il n'était pas obligé de dévoiler. Il n'était pas friand des choses que l'on peut cacher, le barista mais s'il y avait bien une chose qu'il ne désirait pas cacher pour le moment, c'était qu'il ne regrettait en rien les messages qu'il avait pu envoyer à Olivia. Même si elle semblait penser le contraire, même si elle semblait imaginer qu'il avait oublié, qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il avait écrit, un sourire grivois dressé sur ses lèvres alors qu'il s'amusait à la malmener en étant loin d'elle.

- Avec plaisir.

Il prenait un malin plaisir à la torturer, mais il se torturait lui-même. Alors il n'avait plus vraiment envie d'attendre et lorsque leurs lèvres se percutèrent pour la seconde fois, Adrian se dit naïvement que c'était une bonne idée, il se persuadait encore et encore. Pour ne rien regretter. A ses mots, il rit alors contre sa peau avant de décider de s'éloigner loin du salon, loin du canapé, même si l'envie de la posséder de la plus charnelle des manières était pressée. Parce qu'il voulait la découvrir. Parce qu'il voulait explorer son corps, encore et encore.

Alors qu'ils sont seuls dans la pièce, la tension est palpable, le palpitant est affolé. Le silence est assourdissant, les pensées vont et viennent, il devrait arrêter, mais il n'y arrive pas. Il n'en a pas envie. Il a envie qu'elle lui dise que ce n'est pas bien, qu'il ne faut pas. Il a envie qu'elle lui dise d'arrêter. Mais les mots sont tout autre. Le contraire. L'inverse. Et Adrian ne peut pas s'empêcher d'exécuter. Parce qu'il en a envie. D'une main, il ouvre le premier bouton de son chemisier et ses lèvres prennent place sur le buste, il papillonne lentement. Il découvre, il savoure la sensation. Cela fait bien trop longtemps qu'il n'a pas ressenti ça, cette envie, ce désir. Il la maintient alors toujours contre lui et l'allonge sur le matelas avant de la débarasser de son haut, sans ménagement. L'impatience au bout des doigts. Parce qu'une nouvelle fois, il ne veut pas qu'elle regrette mais il sait que lorsqu'ils auront franchi le pas, ils auront franchi un point de non-retour qui sera probablement difficile à assumer. Mais pour l'instant, il n'avait envie que d'une chose, c'était de pouvoir la sentir au plus proche de lui et de ne pas penser à l'après.

Si ce n'est pas une mauvaise idée, Olivia ne sait pas ce que c'est. Une folie très certainement, ou quelque chose qui revient à foncer tout droit dans le mur. Pourtant elle y va tête baissée, se délecte du toucher d'Adrian, de ses baisers, même de son air de charmeur satisfait... Ah, si elle avait le courage, elle lui aurait bien dit d'aller se faire voir avec cet air mais en cet instant elle a l'impression que ça le rend plus irrésistible. Tout ce moment ne dépend plus que de chaque réponse de leurs corps, leurs respirations qui se frôlent et les quelques mots prononcés. Le monde n'a plus aucun sens, le ciel est devenu la terre et la terre le ciel, puis maintenant les couleurs semblent avoir du goût et chaque couleur du monde goûte Adrian et c'est très bien ainsi.